ALICE COOPER – KILLER – 1971 - La Race Des Saigneurs
C'est Frank ZAPPA qui lance la carrière d' ALICE COOPER, alors que le groupe tourne dans les bars et clubs de Los Angeles.
Les musiciens du groupe se connaissent tous depuis l'adolescence. Ils ont en effet jadis formé un groupe de classe ensemble dans leur ville natale à Phoenix, et reprenaient des chansons des Stones.
ZAPPA, fasciné par le côté malsain du groupe, leur fait signer un contrat sur son label STRAIGHT.
Ils enregistrent 2 disques qui n'ont aucun succès : PRETTIES FOR YOU en 69 et EASY ACTION l'année suivante. Mais le groupe a la réputation d'être redoutable sur scène.
Au bout d'un an, le groupe, ruiné, décide de tenter sa chance à Detroit, ville beaucoup plus branchée sur le rock agressif et à haute énergie que joue alors Alice Cooper, avec des groupes phares comme STOOGES et le MC5.
A Detroit, ils rencontrent Bob EZRIN, qui est l'élément déclencheur de leur carrière. Ils signent alors chez Warner en 70 et sorte l'album LOVE IT TO DEATH fin 70. Le hit I'M EIGHTEEN, réponse US au MY GENERATION des Who, connaît aussitôt un grand succès.
Leurs concerts sont de plus en plus attractifs et les fans, qui ne cessent d'augmenter, sont attirés par leur côté grand théatre.
Ils utilisent en effet des accessoires aussi charmants qu' une chaise électrique, une guillotine et surtout leur célèbre Boa Constrictor, répondant au doux nom de KACHIRA, et dont Vincent FURNIER, le chanteur du groupe aime se parer, tout en chantant.
Hélas pour le serpent, celui-ci disparaît dans un hôtel en pleine tournée, et on ne l'a jamais retrouvé. C'est bien celui que l'on voit sur la pochette du disque KILLER.
C'est en 71 que sort KILLER, la pierre angulaire d'Alice Cooper.
KILLER est en effet un disque hors norme, fantastique à bien des égards.
Les morceaux sont tous très travaillés, très variés avec des changements de rythmes vertigineux. Les mélodies sont riches et les arrangements de Bob Ezrin sont totalement novatrices.
Il n'y a pas d'esbroufe ici, les musiciens ne sont pas dans la démonstration, mais seulement soudés et d'une redoutable efficacité. C'est une formation qui tourne à plein régime et ça s'entend.
L'album commence sur les chapeaux de roue avec UNDER MY WHEELS, un rock primaire et brutal, qui débutera par la suite tous leurs concerts.
Les guitares y sont omniprésentes, et la voix d'Alice, graveleuse et caverneuse, envoûte déjà l'auditeur.
Le morceau BE MY LOVER est un clin d'oeil au fameux SWEET JANE de LOU REED, sorti un an plus tôt sur le dernier album du Velvet, LOADED.
Le disque atteint des sommets avec l'incroyable "HALO OF FLIES", un long morceau de plus de 8 minutes avec des changements de rythmes incessants et des parties instrumentales impressionnantes. Il faut dire que le groupe joue à l'époque remarquablement bien.
Le morceau est terriblement efficace et très novateur pour l'époque.
Ce titre est une tuerie absolue. Tout d'abord, il faut l'écouter fort, bien-sûr sur une bonne chaîne afin de profiter au maximum de tous les artifices sonores utilisés ici. Ensuite, il faut savoir l'écouter, se mettre à la place de Vincent FURNIER, qui un jour a été capable de composer un truc pareil.
Chaque écoute de ce morceau reste pour moi un moment particulier de découverte de quelque chose d'unique, dont il faut profiter à chaque fois.
C'est la raison pour laquelle il ne faut pas abuser de tels chefs d'oeuvre. Personnellement, lorsque je décide le mettre KILLER sur ma platine, je sais que les 40 prochaines minutes seront pour moi des moments de purs bonheurs.
Je crois que c'est ça la meilleure définition d'un chef d'oeuvre! Et KILLER en est un, assurément, dont on ne se lasse jamais.
DESPERADO cl^ture magistralement la face 1. C'est un titre magnifique et très inspiré, à la mélodie profonde et prenante. Je pense d'ailleurs que son écoute a fortement inspiré PAVLOV'S DOG, le groupe de St-Louis.
La face 2 démarre comme la face 1, par YOU DRIVE ME NERVOUS, un rock nerveux du calibre de UNDER MY WHEELS, suivi par peut-être le seul moment un peu faible du disque, YEAH, YEAH, YEAH.
Mais on retrouve tout de suite du grand ALICE COOPER avec DEAD BABIES, un autre tube irrésistible du groupe.
L'album se termine en apothéose avec KILLER, la chanson, un autre grand moment du même niveau que Halo of Flies. KILLER s'étire sur plus de 7 minutes sur une musique envoûtante, inquiétante et lancinante, sur laquelle la voix venimeuse de Vincent FURNIER atteint des sommets.
L'album KILLER est sans doute le meilleur exemple de la cohabitation d'un hard rock primitif avec quelques touches de Rock progressif bien senties.
Les critiques qualifient alors à tort leur musique comme appartenant au mouvement GLAM ROCK !
C'est à mon avis un non sens, et une erreur fondamentale.
Il ne s'agit en rien de Glam Rock dans KILLER, mais bien de rock flamboyant, brillant, reposant sur des breaks impressionnants, et qui plus de 40 ans après sa sortie fin 71, n'a pas pris une ride. C'est aussi à ce genre de détail qu'on reconnaît un chef d'oeuvre.
La pochette n'est pas en reste et c'est est une véritable oeuvre d'art. Pour le grand bonheur des heureux possesseurs d'un pressage original US, dont je ne fais hélas pas partie, la pochette se déplie en laissant apparaître en partie centrale, une réplique du verso, sur un fond vert cette fois, mais surtout la fameuse photo de la pendaison d'Alice, accompagnée du célèbre calendrier de l'année 1972.
Il est très difficile de trouver cet album aujourd'hui avec la pochette originale. La pendaison et le calendrier ont bien souvent disparu.
Les nombreuses rééditions ont d'ailleurs abandonné purement et simplement la partie centrale. Le lettrage est devenu blanc sur certaines rééditions de France ou d' Allemagne au début des années 80. Le son également n'a plus rien à voir avec le pressage Warner aux mythiques labels verts bronze.
L'année suivante, ALICE COOPER enfoncera le clou avec la sortie de son plus grand succès, SCHOOL'S OUT, remarquable album également, mais tout de même moins inspiré que KILLER. L'approche free jazz de certains morceaux confirmera la volonté du groupe ALICE COOPER de vouloir sans cesse innover et donc renouveler sa musique.
Après ces 2 disques magiques, ALICE COOPER ne retrouvera jamais plus cette inspiration ayant abouti à KILLER.
Le groupe se dissout en 74 après la sortie du décevant MUSCLE OF LOVE. ALICE COOPER continue ensuite avec des nouveaux musiciens, dont les guitaristes Steve HUNTER et Dick WAGNER (ex Lou REED), mais les disques deviennent alors de plus en plus faibles, et le groupe se résume alors au seul Vincent FURNIER.
Les musiciens :
Alice COOPER : Chants
Glen BUXTON : Guitare solo
Michael BRUCE : Guitare rythmique
Dennis DUNAWAY : Basse
Neil SMITH : Batterie
Produit par Bob EZRIN
Face 1
UNDER MY WHEELS
BE MY LOVER
HALO OF FLIES
DESPERADO
Face 2
YOU DRIVE ME NERVOUS
YEAH, YEAH, YEAH
DEAD BABIES
KILLER
NB : Vous pouvez retrouver également cette chronique ici :
Chronique KILLER
J-Luc

Oh let the sun beat down upon my face, stars to fill my dreams...