LOU REED – CONEY ISLAND BABY – 1976 - L'album de la Rédemption
CONEY ISLAND BABY est un disque à part dans la discographie de Lou REED.
Tout d’abord, il fut très bien accueilli par la critique, et c’est déjà un succès en soi quand on connaît la dureté de la presse à son encontre à cette époque.
Il faut dire que Lou REED s’est mis dans une situation très inconfortable depuis quelques années vis-à-vis de la presse et de son public.
Il traverse une grave crise personnelle : il a divorcé de sa femme Bettye, et vit avec un transexuel d’origine Mexicaine, nommé Rachel. C’est elle qui est au verso de la pochette de SALLY CAN’T DANCE.
Il n’a pas supporté que son disque fétiche, BERLIN sorti en 73, a fortement déplu à la critique américaine (en Europe, il fut N°6 des ventes), en qualifiant l’album de « musique déprimante ». Il est vrai que BERLIN était tout sauf la suite que tout le monde attendait après le succès phénoménal de TRANSFORMER.
Pendant les 2 années qui ont suivi, Lou REED a passé son temps à se venger de la critique et de son public, en sortant 3 disques dont un en public, ROCK AND ROLL ANIMAL, sur lequel il s’essaie au Hard Rock, musique très en vogue à l’époque, SALLY CAN’T DANCE et surtout METAL MACHINE MUSIC, double album regroupant 4 morceaux instrumentaux de 16 mn chacun, où on n’entend que des bruits de guitare distordus.
A propos de ce dernier disque, Lou REED, alors en plein conflit contractuel avec son label RCA, disait lui-même :
« Je vous conseille de ne pas acheter ce disque. Ces connards se sont plantés, ils ont gravé quatre fois la même face. »
Toujours est-il que Lou REED multipliait les agressions verbales envers Denis KATZ son manager et avocat, et envers sa maison de disque RCA.
Mais ce qui a mis le feu aux poudres, s’est passé pendant la tournée mondiale courant 75. En Nouvelle Zélande, Lou REED est incapable de monter sur scène suite à sa consommation démentielle de « speed ». Le public attend, et le groupe ne le voyant pas revenir, joue sans lui, et c’est Doug YULE, son ancien compère du VELVET revenu dans son groupe à cette époque, qui chante à sa place.
Lou REED est dans une colère noire ; il annule la tournée, vire sur le champ Doug YULE et repart à New York.
Hélas pour lui, RCA lui réclame alors 600000 dollars, qu’il n’a pas, et refuse de continuer à le produire.
Obligé de vendre son appartement, Lou ruiné, est contraint de négocier avec RCA, qui l’oblige à sortir rapidement un album « commerciable ». En échange, il reçoit 15 dollars par jour et une chambre dans un petit hôtel à Manhattan.
C’est ainsi que commence l’enregistrement de ce qui allait devenir CONEY ISLAND BABY, considéré par ceux qui apprécient sa musique, comme son meilleur album.
Lou REED, comme au bon vieux temps du Velvet, s’occupe de tout et personne ne lui dicte quoique ce soit.
L’album est écrit en un temps record et sort au tout début de 76.
A mon sens, c’est un album MAGISTRAL.
Le son et l’ambiance du disque sont à l’apaisement. On sent Lou REED, sûr de lui, accompagné par un très bon groupe, et les compositions sont toutes d’un très haut niveau.
Les textes sont très personnels, comme sur la sublime chanson titre, sur laquelle sa voix est naturelle et détendue.
On trouve également l’irrésistible CHARLEY’S GIRL que l’on peut écouter et réécouter sans jamais se lasser. Le rythme de cette chanson est à tomber.
Figure également le très noir KICKS, inspiré des grands textes morbides du VELVET. Autre très grand moment de l'album.
Le reste est tout aussi accrocheur, avec des titres comme NOBODY’S BUSINESS, le très entrainant OOOH HH BABY, ou le mélancolique SHE’S MY BEST FRIEND, sans oublier A GIFT, une très jolie chanson.
La pochette de l’album est à l’avenant de la musique proposée : Calme, apaisée et superbe.
La presse du monde entier applaudit l’album, qui reste à ce jour son seul chef d’œuvre reconnu.
J-Luc

Oh let the sun beat down upon my face, stars to fill my dreams...