Deux ans après le méconnu, mais superbe SHOT OF LOVE, avec le sublissime "Every Grain Of Sand" et son solo d'harmonica d'anthologie, Bob DYLAN est de retour en studio avec le matériel censé, dit-on dans la presse spécialisée, accoucher d'un nouveau chef d'oeuvre.
A un détail près, INFIDELS aurait pu devenir un album incontournable du maître.
Pour cela, Il s' entoure d'un super groupe de musiciens avec entre autres les guitaristes Mark KNOPFLER qui a déjà participé à SLOW TRAIN COMING en 79, Mick TAYLOR, l'ex guitariste des STONES, alors en mal de créativité, et Robbie SHAKESPEARE, célèbre musicien de studio très prisé depuis l'avènement du Reggae.
Tout est réuni pour réussir la mission: des bons musiciens et de très bonnes compositions savamment mûries par Bob DYLAN.
A l'origine, Mark KNOPFLER doit se charger de la production et du mixage de l'album.
Seulement voilà, il n'est libre que partiellement et doit terminer une série de concerts en Europe avec DIRE STRAITS pour la promo de l'album LOVE OVER GOLD et s'absente donc pendant quelques semaines, ayant tout de même fixer les directives et le cahier des charges à respecter à toute l'équipe de production.
Absence trop longue au goût de DYLAN, qui en temps qu'éternel homme pressé, ne peut s'empêcher de mixer tout lui même, d'accélérer le rythme de nombreuses compositions, et enfin de produire l'album tout seul.
Mark KNOPFLER de retour de tournée ne pouvant que constater les dégâts, l'album est commercialisé dans la foulée, à la sauce Dylan, bâclé, mal produit, avec des lourdeurs et des fautes de goûts évidentes.
Un beau gâchis, quand on sait que beaucoup de chansons auraient pu constituer des titres magnifiques si KNOPFLER avait pu les arranger et les produire lui-même.
Il faut rappeler qu'à cette époque, KNOPFLER est sur un nuage, et que tout ce qu'il touche alors est certain d'obtenir un succès garanti.
Eternel DYLAN, capable du meilleur comme du pire, traverse ensuite une période de disette créative de 6 ans, période pendant laquelle il sort ses pires albums, avant de renaître de ses cendres en 89 avec un de ses plus beaux disques, le crépusculaire OH MERCY, produit par le canadien Daniel LANOIS, avec qui il retravaillera en 96 pour TIME OUT OF MIND, un très bon cru également malgré quelques longueurs.
J-Luc

