Au début des années 70, le hard rock britannique, emmené par son armada incontournable constituée de Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath, fait une véritable razzia sur le sol américain.
Dans la foulée, 4 groupes US vont faire parler la poudre et essayer de concurrencer les anglais.
Ce sont ALICE COOPER, STEPPENWOLF, CACTUS et le JAMES GANG.
Dans sa discothèque secrète, Philippe Manœuvre cite un album du James Gang intitulé THE JAMES GANG RIDES AGAIN sorti en 1970.
Faisant partie des rares disques de sa liste que je possède, j’ai réécouté « Rides Again » avec une attention toute particulière. En effet, depuis quelque temps, j’ai fait plein de bonnes découvertes dans ma discothèque en écoutant des disques que je n’avais plus passé depuis des dizaines d’années et pour certains j’étais totalement passé à côté, peut-être par manque d’expérience ou de recul.
Toujours est-il que RIDES AGAIN m’a littéralement scotché à mon canapé et m’a obligé à le passer une 2ème fois dans la foulée…et encore un peu plus fort !
C’est un disque fantastique et le son du vinyle est d’une clarté assez rare pour un disque de cette époque.
A la tête du James Gang, il y a bien-sûr Joe WALSH, un guitariste hyper talentueux et ami de Jimmy Page. Ce dernier a reçu en cadeau de la part de Walsh une splendide Gibson Les Paul « sunburst » que Page a utilisé sur plusieurs tournées américaines.
En plus d’être un excellent guitariste, Walsh est un bon chanteur et c’est lui qui chante sur RIDES AGAIN, du fait du départ du chanteur officiel du groupe Kenny WEISS, après la sortie du 1er album du groupe, THE YER ALBUM, paru en 69.
L’album est très varié, mais 2 morceaux sortent du lot, FUNK#49 et THE BOMBER, une cavalcade guitaristique de 7mn avec au milieu, quelques lignes mélodiques du Boléro de Ravel, qui provoquera bien des tourments contractuels au groupe.
Pourtant, ce n’est pas l’album RIDES AGAIN que j’ai choisi pour figurer dans les pochettes mythiques. Pourquoi ?
Tout simplement parce que sa pochette est trop simpliste et que le but initial de la rubrique, au delà de la musique, demeure l’attrait de la pochette.
Pour le remplacer, j’ai donc cherché un autre album du James Gang avec Joe WALSH comme guitariste et choisi le dernier qu’il a fait avec le groupe.
C’est un album live, intitulé LIVE IN CONCERT, paru en 71 juste après l’album studio THIRDS ayant succédé à RIDES AGAIN.
Ce qui frappe à l’écoute de ce live, c’est la puissance de feu que le JAMES GANG balançait à son public. La guitare de WALSH est très en avant et fait feu de toutes parts. Il y a de grandes similitudes dans son jeu de guitare avec celui de Jimmy Page.
C’est un monstre.
L’album est hyper bien assemblé et tous les genres musicaux que jouait alors le groupe sont représentés dans LIVE IN CONCERT.
Ca commence par la bombe STOP et son riff mastodonte. Le son est démentiel et rien de plus efficace pour chauffer la salle qu’un tel morceau.
On enchaîne avec le blues de service YOU’RE GONNA NEED ME, une reprise d’Albert KING, sur lequel Joe WALSH fait miauler le bois de sa Gibson. Les duels avec la basse de Dale PETERS sont un autre point fort de l’album.
On passe ensuite au côté californien de Joe WALSH avec 2 chansons très « middle of the road » TAKE A LOOK AROUND avec ces jolies nappes d’orgue et TEND MY GARDEN, ce dernier morceau étant amputé de 2mn par rapport à la version studio de Rides Again.
Il en est d’ailleurs de même pour le Zeppelinien ASHES, THE RAIN & I, époque face acoustique Led Zep III, mais le morceau est malgré tout remarquablement interprété.
Puis arrive la face 2, la face qui tue, avec tout d’abord un rock signé Walsh, WALK AWAY sur lequel le travail de sape du guitariste et du bassiste laisse présager de la suite.
Et quelle suite ! Une reprise de LOST WOMAN des Yardbirds, qui s’étale sur 18mn, avec les improvisations des 3 musiciens, pas trop longues et s’enchaînant sans casser le rythme très jazzy du morceau. Il faut écouter ce disque en vinyle et fort, car le son, sans agressivité aucune, le permet.
Je trouve la pochette très réussie avec ce clin d’œil aux grands héros de l’Ouest américain.
Joe WALSH quitte après ce disque JAMES GANG pour entamer une carrière solo, puis rejoindre les EAGLES fin 75, après la défection de Bernie LEADON. Il apportera une touche très rock au groupe, qui recherche alors un guitariste capable de les emmener dans les grands stades US.
Le JAMES GANG perd donc sa voix et sa guitare. Il recrute alors le guitariste Domenic TROIANO et le chanteur Roy KENNER pour remplacer WALSH. Ce choix est malheureusement un échec complet et les 2 albums studio qui suivent sont 2 beaux nanars funky, qui rejoignent bien vite les bacs à solde, STRAIGHT SHOOTER en 71 et PASSIN’ THROUGH en 72.
En 73, arrive, sur les conseils de Walsh, le virtuose Tommy BOLIN, et là c’est autre chose. 2 Albums majestueux sortent, BANG en 73 et MIAMI en 74. BOLIN compose pratiquement tous les morceaux et chante sur quelques-uns.
Hélas, BOLIN cède à l’appel de DEEP PURPLE afin de combler le départ de Blackmore. On connaît la suite. BOLIN meurt d’overdose en décembre 76 après l’enregistrement de son 2ème et excellent disque solo PRIVATE EYES.
Après le départ de BOLIN suivi de celui de KENNER, remplacés par Bubba KEITH (Futur POINT BLANK) et Richard SHACK, JAMES GANG reprend du service avec 2 autres albums, NEWBORN et JESSE COME HOME avant de se séparer en 77, faute de succès.
Ce groupe est assez méconnu, mais quand on a possédé en son sein, 2 des plus grands guitaristes américains des années 70, ce n’est pas anodin, et leurs meilleurs albums valent le détour.
J-Luc

