LED ZEPPELIN – MAGICAL SOUND BOOGIE – 1977 - Tout Le Madison Square Garden bougeait !
Jimmy Page vient de ressortir HOW THE WEST WAS WON en édition remasterisée.
Ce live avait été exhumé lorsqu’il travaillait sur le DVD LED ZEPPELIN sorti en 2003.
Il est réellement excellent, trop peut-être !
A-t-il été retouché comme le fut la majorité des albums live dans les années 70 ? Sans doute.
En plus, les bandes sont issues de 2 concerts de 72 à Long Beach et au Forum d’Inglewood.
Ce n’est donc pas un concert dans sa totalité.
Bien-sûr, c’est mieux que rien, mais aujourd’hui on a autre chose à se mettre sous la dent.
En effet, ce qu' a toujours voulu le vrai fan de Led Zeppelin, c’est de pouvoir écouter le concert dans son intégralité comme il a été joué, sans overdubs, avec les commentaires de Plant entre les chansons, avec l’ambiance du public telle qu’elle a réellement été, avec les fulgurances, les improvisations mais également les imperfections, les guitares mal accordées, les ratés, les cordes cassées, que sais-je encore.
Aujourd’hui, c’est possible depuis que les albums Bootlegs ou pirates ont été rendus légaux depuis une dizaine d’années, surtout à cause de l’importance prise par internet.
Il faut savoir que Led Zeppelin est le groupe le plus piraté du circuit. Il existe plus de 200 albums bootlegs sortis en vinyle qui se vendaient sous le manteau dans les arrières boutiques des disquaires ayant le courage de mettre en vente de tels disques.
Peter Grant, le célèbre manager du groupe, faisait la chasse aux disquaires qui vendaient des pirates, et au vu de sa carrure de catcheur, ça se terminait souvent par un magasin mis à sac.
Peter Grant reprochait à ces enregistrements leurs faibles qualités sonores et bien sûr le fait que leurs ventes ne ramenaient pas un penny au groupe.
Il existe 2 catégories de bootlegs, ceux enregistrés depuis la console, appelés « Soundboard Recordings », par les techniciens du groupe, et ceux enregistrés dans le public, appelés « Audience Recordings » par des spectateurs avec des moyens beaucoup moins performants.
Depuis que j’ai découvert ces enregistrements sur le site « Viva Les Bootlegs », je me suis passionné pour la restauration de ces concerts. Ainsi, pour Led Zeppelin, j’ai retravaillé une quarantaine de concerts intégraux.
Et je dois dire, que le résultat est souvent bluffant. On a cette impression de proximité qu’on n’a pas avec les albums live officiels. Quand Robert Plant parle entre les morceaux, c’est comme s’il était là réellement. Le mixage et le tripatouillage de studio n’existant pas, les instruments sont souvent mieux mis en valeur, et leurs sons sonnent vrais. Et ça, c’est capital.
Bien sûr, cela concerne essentiellement les enregistrements Soundboard, mais il existe également de très bons bootlegs, certes rares, enregistrés depuis le public.
Le concert illustré ici est issu de la dernière tournée du groupe faite aux USA en 1977.
C’est la tournée de tous les records, d’une part pour sa durée et d’autre part par le nombre de spectateurs ayant assisté à leurs prestations. Les concerts durent tous plus de 3 heures.
C’est le grand retour de Led Zeppelin après le grave accident de la route de Robert Plant, qui a failli lui coûter une jambe en août 75. Le groupe n’a plus joué depuis les 5 concerts donnés à l’Earl’s Court de Londres en mai 75.
Pendant les 18 mois d’inactivité forcée du groupe, due à la rééducation de leur chanteur, Jimmy Page trouve le moyen de concocter PRESENCE, l’album le plus brutal depuis Led Zeppelin II. Le groupe joue merveilleusement bien et des morceaux comme l’épique « Achilles Last Stand » le très oriental « Nobody’s Fault But Mine » ou le rock carré « Hots On For Nowhere » font partie des grands moments de la carrière de Led Zeppelin.
La tournée, qui débute à Oklahoma City le 3 avril 77 doit initialement durer jusqu’à mi-août. Elle devait débuter en février, mais une laryingite de Robert Plant a retardé le programme initial.
Hélas, elle s’achève dans la confusion totale le 25 juillet à Oakland après l’arrestation de Grant, Bonham et Bindon pour le passage à tabac d’un roadie de Bill Graham, et surtout le lendemain après l’annonce de la mort subite du fils de Robert Plant.
Le groupe ne reviendra plus aux USA.
Malgré ces péripéties, entre le 3 avril et le 24 juillet, le groupe donne des concerts mémorables, joue 6 fois au Madison Square Garden à New-York, 6 fois au Forum d’Inglewood à L.A., 4 fois à Chicago, 4 fois à Landover, 2 fois à Cincinatti et 2 fois à Oakland, devant des foules conquises, qui ont bataillé ferme dans des queues indescriptibles pour obtenir le précieux billet.
A Cleveland, le concert est interrompu suite à un orage diluvien, puis reporté. Le public casse tout et une bagarre monstre, entre les spectateurs hurlant « We want Led Zeppelin » et les forces de l’ordre, fait plus de 50 blessés.
Un des 2 concerts de Cincinnati est également interrompu car Jimmy Page se sent mal sur scène et ne peut continuer.
Led Zeppelin déferle sur le sol américain pour le meilleur et pour le pire.
En ce qui concerne ce concert du 7 juin au Madison Square Garden, le 1er des 6 prévus, c’est pour le meilleur. Le groupe est à son top et le 1er disque est une tuerie absolue.
Pour cette tournée, Led Zep décide d’entamer ses concerts par une version dantesque de THE SONG REMAINS THE SAME, bien supérieure à celle figurant sur l’album studio Houses Of The Holy. On enchaîne avec SICK AGAIN sur lequel Page tricote des solos démoniaques.
Ce qui suit atteint le sublime : NOBODY’S FAULT BUT MINE est un morceau fait pour la scène et les hurlements de Plant suivis d’un solo extraordinaire de Page, sans oublier la rythmique infernale de Bonzo et de Jonesy sont un grand moment du concert.
Sur IN MY TIME OF DYING, les riffs de Page à la slide ainsi que la batterie de Bonzo sonnent comme jamais. Le son est phénoménal ; tout est là, bien en place. On est au cœur d’un vrai concert du dirigeable, et ça fait très mal ! Les coups de baguettes de Bonzo sont ressentis comme des directs à l’estomac.
La version jouée ce soir-là est écourtée de 30 secondes par rapport à la version studio, mais elle gagne en rapidité et surtout en énergie.
SINCE I’VE BEEN LOVING YOU fait son grand retour au programme de cette tournée 77. Il avait été écarté de la tournée 75 au profit d’OVER THE HILLS AND FARAWAY.
Ce morceau est toujours d’une incroyable intensité. Au début, la basse de Jones claque et prend le dessus sur les autres instruments. Le solo central de Page est de toute beauté et compte parmi ses tous meilleurs.
Enfin arrive NO QUARTER qui dure presque 25mn. C’est le morceau sur lequel JP Jones improvise au piano pendant de longues minutes avant de dialoguer avec la guitare de Page pour enfin revenir en fin de morceau sur le thème principal chanté par Plant. Ce titre hypnotique et sombre, dont les paroles évoquent le retour des guerriers Viking sur leurs terres après les combats, constitue un moment clé des shows de Zeppelin depuis 73.
C’est aussi un moment de répit pour la voix de Robert Plant durement mise à contribution durant cette 1ère partie de spectacle.
On est en effet déjà à 70mn de concert. Je pense que ce sont les meilleures, car la suite est plus chaotique.
La 2ème partie du show est entièrement acoustique et se termine en apothéose avec l’interprétation de KASHMIR.
Led Zeppelin n’a plus joué de set acoustique depuis la tournée de 72, hormis lors des concerts londoniens à l’Earl’s Court.
L’erreur ici est sans doute le choix de BATTLE OF EVERMORE, titre figurant sur l’album sans nom, sur lequel Robert Plant était accompagné par Sandy DENNY du groupe folk anglais Fairport Convention. Là, c’est JP Jones qui remplace Sandy DENNY, et il faut bien l’avouer, il se plante complètement. Sa voix est carrément dissonante, mais malgré cela, les parties acoustiques sont bien interprétées.
Il en est tout autre de GOING TO CALIFORNIA, dont le texte de Plant est dédié à Joni MITCHELL, et surtout de BRON-YR-AUR STOMP qui se termine toujours par le mot STRYDER hurlé par Plant en hommage à son chien adoré.
Ensuite, c’est le moment choisi par Page pour rejouer son vieux titre WHITE SUMMER datant de l’époque où il jouait avec les Yardbirds. Il est seul sur scène, souvent assis, et nous livre ses accords orientaux inspirés par la musique indienne, joués sur sa célèbre guitare DANELECTRO noire et blanche. 10 minutes plus tard, alors que l’obscurité s’est faite totalement, c’est l’enchaînement avec KASHMIR. Le groupe est de retour au complet sur scène et Jones est au Mellotron. Hélas, Kashmir est un morceau très difficile à jouer sur scène et rares sont les versions jouées en public pouvant rivaliser avec celle figurant sur Physical Graffiti.
Au Madison Square Garden ce soir-là, le groupe perd totalement le contrôle du morceau et les membres du groupe jouent chacun de leurs côtés sans aucune symbiose avec les 3 autres. Ca donne une version de plus de 10 minutes, souvent dissonante, à tel point que ça donne l’impression que la bande ne tourne pas à la bonne vitesse.
La dernière partie du spectacle est remarquable par sa puissance. Chris Dreja, ancien guitariste et bassiste des Yardbirds raconte que Page l’a une fois convié à un concert que Led Zeppelin donnait au Madison Square Garden. Lorsqu’il est arrivé, le concert avait déjà débuté, et il confie que tout le bâtiment était en vibration tant le son du groupe était monstrueux.
Sur ce 3ème disque, c’est Bonzo qui commence avec un MOBY DICK de 22mn avec une dernière partie apocalyptique, où les effets stéréo sont particulièrement impressionnants.
Page revient ensuite seul sur scène pour une série de bruitages au milieu desquels il interprète la partie de Dazed And Confused jouée avec son archet. Là également, les effets provoqués par l'archet frappé sur la Les Paul sont démentiels.
Puis c’est au tour d’ACHILLES LAST STAND, le morceau phare de l’album PRESENCE, d’être joué et de subir un traitement à la testostérone. Là également, la chanson est écourtée par rapport à sa version studio, mais les riffs qui sortent de la Les Paul de Page, telles des couches de guitares empilées, sont démoniaques. Un autre sommet!
C’est déjà la fin du show conclu par STAIRWAY TO HEAVEN dont le solo est toujours le point d’orgue de chaque concert de Led Zeppelin, car Page nous en livre à chaque fois une version différente. Ce soir, le solo est beaucoup plus lent et ne rivalise pas en qualité avec ceux de 73 ou 75, à mon sens beaucoup plus inspirés.
Un seul rappel au programme, une version survitaminée de ROCK AND ROLL avec l’intro de WHOLE LOTTA LOVE et le concert s’achève sur le fameux « New-York… Good Night » hurlé par Robert Plant.
3 heures de spectacles ! 3 heures de bonheur !
Qui aurait crû en 77, lorsque les articles de BEST N° 108 relatant cette tournée sont parus, qu’un jour on pourrait écouter ces concerts mythiques chez nous avec cette qualité et surtout…« for free »?
J-Luc

Oh let the sun beat down upon my face, stars to fill my dreams...