Nico

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jerome
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Nico

Message par jerome »

J'ai envie de parler de cette figure mythique et tragique de l'histoire du rock, à la suite de ma réécoute récente de son premier album de 1967 Chelsea girl souvent évoqué sur ce forum et que le bassiste de Joy Division et New Order, Peter Hook, a cité comme son album préféré (il l'aurait cotoyé à la fois à Manchester et à Ibiza dans les derniers jours de sa vie en 1988 pendant que New Order enregistrait Technique).

En ce qui me concerne, j'ai pu découvrir son parcours dans le film de Susanne Ofteringer Nico Icon, où on apprend qu'elle devient mannequin très jeune à l'âge de quinze ans à Paris où elle pose notamment sous l'objectif de Jean-Loup Sieff, elle fait ensuite une apparition brève mais inoubliable dans La Dolce Vita de Fellini et joue dans un film plus confidentiel Strip-Tease pour lequel elle travaille avec Gainsbourg. C'est à cette époque qu'elle rencontre Alain Delon qui lui fera un enfant, Ari Boulogne, qu'il ne reconnaîtra pas ( les fans du Velvet doivent certainement le connaître puisqu'on peut le voir sur de nombreuses photos et vidéos d'époque à la Factory pendant les répets du groupe). Dans le fim d'Ofteringer, on voit la mère de Delon qui raconte que c'est elle et son mari qui se sont souvent occupés de l'enfant pendant que Nico était en vadrouille à droite à gauche.

C'est aussi à Paris qu'elle rencontrera Dylan qui lui écrira I'll keep it with mine (que l'on retrouve sur son premier album) et qui écrira Visions of Johanna en pensant à elle.

Avant de s'envoler pour New York pour intégrer la troupe de Warhol, Nico commencera une carrière de chanteuse en enregistrant le très beau I'm not sayin' (une composition du canadien Gordon Lightfoot avec un certain Jimmy Page à la guitare) sous la houlette du manager des Stones, Andrew Loog Oldham, sur l'exact modèle de Marianne Faithfull à la même époque.

Son premier album est magnifique mais son deuxième, The marble index (1969) est, selon moi, encore plus original. Sa musique se détache des influences anglo-saxonnes pour se rapprocher de ses origines européennes (en cela peut-être aidé par la présence du gallois John Cale). Cet album sera porter aux nues par Lester Bangs en qui il verra « le chef d'œuvre de la musique classique d'avant-garde de la seconde moitié du XX siècle  ». Cette tendance se confirmera encore plus nettement sur l'album suivant, Desertshore (1970), d'une beauté crépusculaire, (et clairement déconseillé aux personnes suicidaires) qui semble vouloir recréer une sorte de moyen-âge mystique et qui deviendra une grande source d'inspiration pour les futurs gothiques, Siouxsie Sioux en tête. Cet album correspond à la période où elle vit avec le cinéaste Philippe Garrel avec qui elle tourne La cicatrice intérieure et dont Desertshore est la bande-son. Dans le livre sur Alain Pacadis l'esprit des seventies (reparu sous le titre Alain Pacadis : itinéraire d'un dandy punk), Alexis Bernier et François Buot évoquent la rencontre de Garrel et de Nico chez le couple Frédéric Pardo-Tina Aumont (amie aussi d'Yves Adrien) à Positano en Italie. Cette relation durera une dizaine d'année. Garrel évoquera cette relation intense quelques années plus tard notamment dans les films L'enfant secret et J'entends plus la guitare

Dernier fait d'arme marquant en France, après sa réunion avec Lou Reed et John Cale au Bataclan en 1972, le fameux concert à la cathédrale de Reims de 1974 en double affiche avec Tangerine Dream.

Après l'album The End, on perd un peu sa trace. Elle semble s'enfoncer dans la dope et dans la marginalité. Après Garrel, elle vivra avec le musicien allemand Lutz Graf-Ulbrich avec qui elle composera Reich der Traüme, qui est non seulement ma chanson préférée de Nico mais simplement une des mes chansons préférées de tous les temps.

Albums conseillés
Chelsea girl (1967)
The marble index (1969)
Desertshore (1970)
Modifié en dernier par jerome le 11 juin 2017, 02:13, modifié 1 fois.
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JLH
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Re: Nico

Message par JLH »

Elle a également fréquenté Jim MORRISON.
C'était une personne peu fréquentable et cynique. Elle a mis la panique au sein du Velvet du fait de ses aventures avec Cale et Reed.
Ce même Reed raconte également que suite à une de ses nombreuses frasques, un homme a été sauvagement assassiné dans un bar du temps du Velvet.
Elle n'hésitait pas à jouer du couteau avec ses rivales.

Elle est morte à Ibiza suite à une chute en vélo. Elle vivait alors comme une vagabonde.

Son 1er album, CHELSEA GIRL, est un chef d'oeuvre.

J-Luc
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jerome
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Re: Nico

Message par jerome »

J'ai moins insisté sur sa période américaine parce qu'on a tendance souvent à la réduire à ça. Sa rencontre avec Morrison aurait été déterminante pour sa "carrière" (si tant est qu'on puisse parler de "carrière" en ce qui la concerne) et ses orientations artistiques. Il faudrait que je remette la main sur un vieux Mojo qui donnait des extraits de l'autobiographie de John Cale racontant la vraie vie de bohême que lui et Reed menaient à New York au milieu des années 60, il paraît qu'ils s'échangeaient leurs petites amies et, dans ce petit jeu, Nico n'a pas été une exception.

Reste que des deux, Lou Reed a certainement celui qui a été le plus réticent à encourager Nico dans ses velléités artistiques puisque seul John Cale l'a assisté sur quatre de ses albums.

Elle serait sorti aussi avec Iggy Pop qu'elle aurait introduit à la Factory, d'ailleurs, là aussi, c'est John Cale qui a produit le premier album des Stooges. Mais c'est vrai qu'elle ne semblait pas avoir que des bons côtés, Iggy Pop, encore lui, a des mots très durs sur elle dans le livre de Nick Kent. Il y aurait aussi des soupçons sur son supposé racisme.
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