EAGLES est un des 3 géants des années 70 aux USA.Pascal a écrit : Eagles reste un mystère malgré tout, il faudrait que Jean-Luc nous en dise plus sur le pourquoi du comment de cette grosse vente alors que, si mes souvenirs sont bons, Hotel California n'était même pas sorti à l'époque du best-of
Il faut se remettre dans le contexte de ces années pour bien comprendre ce qui se passait aux USA en matière de ROCK.
Le debut des seventies était dominé par les groupes anglais, à savoir LED ZEPPELIN (qui cassait la baraque malgré leurs relations catastrophiques avec la presse musicale), BLACK SABBATH, DEEP PURPLE, STONES, WHO, PINK FLOYD, TEN YEARS AFTER.
La musique américaine était surtout représentée par leurs chanteurs, DYLAN, Joni MITCHELL, Kris KRISTOFFERSON, Jackson BROWNE, les débuts de SPRINGSTEEN, mais tous leurs groupes majeurs avaient disparu à la fin des 60's.
Les DOORS s'étaient séparés, les BEACH BOYS étaient à cours d'inspiration et les groupes comme le GRATEFUL DEAD ou JEFFERSON AIRPLANE commençaient à ne plus être crédibles dès lors que le "FLOWER POWER" s'était éteint peu après WOODSTOCK et ALTAMONT.
Bien-sûr, il y avait les ALLMAN BROTHERS, mais qui connaissait ce groupe en EUROPE à part quelques branchés?
Il fallait donc de la viande fraiche.
C'est à partir de 72/73 que tout a changé.
C'est en effet à cette époque charnière pour le Rock US que sont apparus 3 monstres sacrés, qui allaient devenir de véritables phénomènes et allaient tenir tête au Rock anglais durant toute la décennie.
Il y avait là AEROSMITH, LYNYRD SKYNYRD et EAGLES.
On pourrait inclure FLEETWOOD MAC à partir de 75, mais à part Stevie NICKS et Lindsey BUCKINGHAM, les autres étaient anglais, et bien que leur musique ait été, à partir de cette date, inspirée uniquement de rock Californien, on ne peut pas les inclure dans le lot.
EAGLES a d'abord été un groupe de studio, qui a beaucoup travaillé avec des gens comme Linda RONSTADT, Jackson BROWNE ou John D. SOUTHER.
Bernie LEADON avait joué avec POCO, groupe de country assez célèbre là-bas.
Le déclic se produisit en 72 avec la chanson TAKE IT EASY, écrite pour eux par Jackson BROWNE, qui fit un hit retentissant.
Il s'en suivit le 1er album, EAGLES, qui est un petit joyau.
La recette des EAGLES était de melanger la country avec le Rock, mais en y ajoutant des parties de guitares très travaillées, dont certains solos sont carrément du Hard :
il n'y a qu'à écouter le solo final sur le magistral TAKE THE DEVIL pour ce rendre compte que Glen FREY lorngne sur les traces du hard rock.
En fait, EAGLES a mis fin à tous ces chanteurs ou groupes de country un peu niais, comme Glen CAMPBELL, Willie NELSON, POCO, FLYING BURRITO BROTHERS et même le grand Gram PARSONS.
Les 2 leaders étaient incontestablement Glen FREY et Don HENLEY.
Glen FREY était un personnage atypique : un surdoué de la guitare et un compositeur remarquable (NEW KID IN TOWN, c'est lui tout seul), mais aussi une personne imprévisible, cyclotimique dont les comportements en tournée étaient assez dangereux.
C'est Glen FREY qui a inspiré à Cameron CROWE un des 2 rôles principaux de son film ALMOST FAMOUS, paru en 2001 (l'autre étant Paul RODGERS de BAD CO).
Leur 2ème album, DESPERADO, paru en 73, est une pure merveille de délicatesse et de douceur.
Ce disque renferme des chansons comme TEQUILA SUNRISE, CERTAIN KIND OF FOOL, SATURDAY NIGHT et DESPERADO, qui sont à mon avis, parmi ce qu'ils ont écrit de plus beau.
Bizarrement, ce disque n'eut que peu de succès, par rapport au 1er, nettement plus rock.
En 1974, sortit ON THE BORDER etvit l'arrivée d'un 3ème guitariste : Don FELDER, qui signe son arrivée par le très rock A GOOD DAY IN HELL.
Le sommet du disque, somme toute d'un niveau moyen, reste MY MAN, chanté par Bernie LEADON.
C'est en 75 que la carrière des EAGLES va atteindre des sommets avec la parution de ONE OF THESE NIGHTS où la chanson éponyme fait penser à MARVIN GAYE et son disque LET'S GET IT ON.
Il y a sur ce disque des titres incontournables, comme TOO MANY HANDS, LYIN' EYES, le fabuleux TAKE IT TO THE LIMIT et un instrumental de 7mn composé par Bernie LEADON, JOURNEY OF THE SORCERER, qui sera son cadeau d'adieu au groupe, puisqu'l quittera le groupe peu après.
Il faut à tout prix écouter ce morceau dont les sonorités, inspirées du folk américain, ressortent superbement sur un bonne chaine HI-FI.
Joe WALSH arriva fin 75, pour compenser le départ de LEADON.
Pendant toute l'année 76, EAGLES allait se retirer pour composer ce qui restera comme leur chef d'oeuvre, et également, un des plus grands disques du Rock moderne.
HOTEL CALIFORNIA est un monument.
Toutes les chansons sont remarquables. Le groupe joue divinement bien et l'association des 3 guitaristes Glen FREY, Don FELDER et Joe WALSH fait des merveilles.
Randy MEISSNER en profite pour pondre une pépite TRY AND LOVE AGAIN avant de tirer sa révérence lui aussi.
Il fut remplacé par Tim SCHMIDT, leader de POCO.
Après HOTEL CALIFORNIA, le groupe s'est mis à travailler sur un projet studio démentiel, qui devait accoucher sur un double album, que tout le monde annonçait comme leur chef d'oeuvre.
Hélas, tout cela accoucha d'une souris !
L'album, sorti en sept 79, THE LONG RUN, était en fait un album simple, et aucun titre ne peut rivaliser avec ceux d'HOTEL CALIFORNIA.
Je ressors du lot uniquement KING OF HOLLYWOOD; le reste étant du fond de tiroir.
Ils ont même inclus IN THE CITY, la BO du film de Walter HILL, THE WARRIORS, sortie un an plus tôt.
L'album eut tout de même un succès considérable et fut suivi d'un double live, somme toute assez inutile, du fait que les chansons sont interprêtées, comme sur les disques studio.
Il y a tout de même un morceau de bravoure sur ce disque, chanté a capella :
SEVEN BRIDGES ROAD. Ca aussi, sur une bonne chaine, ça vous donne la chair de poule.
Puis le groupe s'est séparé sans que ce fut annoncé officiellement.
Ils se sont reformés dans les années 90, puis ont écrit un nouveau disque l'année dernière, qui a fait un carton aux USA.
Cet album est certes bien écrit, bien joué, mais l'émotion a disparu.
Voilà ce que je voulais vous dire de ce groupe que j'ai vénéré pendant les seventies.
J'avais même décidé avec des copains de faire un séjour aux USA afin de suivre une de leur tournée. Hélas, ce ne fut qu'un rêve qui ne se réalisa jamais.
J-Luc