Me revoilou, pédant et pontifiant comme à chaque fois que je parle de Sibelius
Donc déjà (la je ne parle qu'en intégrales), les Sanderling, Maazel, Neeme Järvi, Rozhdestvensky, Ashkenazy et autres Berglund (2 énormes ratés), Rattle, Karajan chez Warner (ou les anciens disques, les mêmes, chez EMI : dur de faire pire), et tous encensés par les critiques, tout ça on passe. On oublie. Ils n'ont rien pigé, j'ai même pas envie d'en parler parce que je les admire, mais pour eux Sibelius c'est une sorte de mélange indéfini entres les gènes de Wagner, Debussy, Ravel et Bruckner mélangés en méiose dans un tube à essai.
Donc, parmi les VRAIS choix possibles (même si à priori, si on ne connait pas son Sibelius sur le bout des doigts on ne penserait pas à eux)

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- impossible d'éviter le sommet: Colin Davis avec le LSO. La version avec Boston est quasiment aussi géniale, mais tant qu'à faire, c'est mieux avec le LSO et c'est 9€90 sur le marketplace. Pour Davis/LSO on va dire: de la substance, la sève de la vie, les nuances légères et infimes sur les évocations de paysages, les symphonies sombres (1,4,6) aussi réussies et inspirées que les solaires (2,3,5,7). La plastique du LSO est incroyable, la prise de son sublime. Pour moi c'est impossible de louper cette intégrale qui tient le haut du pavé sans comparaison possible (je sais, je suis très subjectif et autoritaire)
- la version de John Storgards à la tête de la BBC enregistré en 2014 je pense. Pascal m'avait fait suivre le CR de la revue de classique Anglish qui disait que cette intégrale écrasait TOUTE la concurrence. Si tu aimes l'idée d'un Sibelius juste ce qu'il faut de romantique mais pas du tout trop, c'est parfait. Prise de son superlative. Intégrale inconnue en France! Storgards comprends Sibelius parfaitement: ascèse, températures glaciales, déchainements de percussions, articulation nette et précise qui nous donne une impression de musique jouée en live sur un lac gelé de Finlande. Celle là aussi, impossible de ne pas l'avoir.
- le premier à avoir pigé la musique de Sibelius et à en avoir donné une version "définitive": Sir John Barbirolli avec son orchestre Hallé. Pour 10€. Très ancré dans le sol. Très terrien alors que Sibelius navigue en permanence entre le terrien et le ciel. Une probité folle dans cette intégrale. Une référence au même titre que Davis, même si le Hallé Orchestra est franchement en dessous du LSO. Normal. A posséder en second choix, ne dépareillera pas du tout aux côtés de Davis.
- les deux coffrets de Lennie: celui chez DG avec Vienne, BBC & Boston pour les symphonies 1, 2, 5 & 7. Et celui intégral récemment reparu pour quedale, remasterisé, à la tête de son New York, qu'un critique de Diapason a descendu en flèche il y a trois mois (du moins la 4ème). Quand j'ai lu cela je me suis tellement énervé que la revue a volé à la poubelle comme je l'ai raconté à l'époque. Du coup je n'ai pas pu la lire ce mois là.
- honteusement méconnue alors qu'elle est la plus poétique de toutes: notre ami le vieux finlandais à la barbe fleurie Leif Segerstam à la tête de l'orchestre de Helsinki. Plus finlandais tu meures. A posséder en second choix après Davis (toujours Davis), tout comme on pouvait choisir en second choix Lennie Bernstein ou Storgards.
- également jamais citée alors que très bien enregistrée, pepsy, dynamique et habité: H. Blomstedt avec San Francisco. Un second couteau portant très très haut les sortilèges sibeliens.
Après, s'il fallait acheter des disques en isolé, faudrait revoir les choses (pour exemple c'est dur dans la seconde de dépasser Szell en live à Tokyo en 70 un mois avant sa mort, ou difficile toujours dans le 2 de faire plus intelligent et poétique que Dudamel. De même la 4 par Maazel / Vienne, et surtout la 5 par Karajan dans la version chez DG (surtout pas EMI/Warner) etc...).
ET CE QUI ME TUE: ils ne sont pour ainsi dire jamais cités comme références par Classica ou Diapason, qui trouvent la marmelade sans force ni saveur de Berglund et son orchestre de Burnemolle au top, qui trouvent le Karajan / Warner / Berlin très bien (alors que tous les musiciens et le chef jouaient en pensant à leur femme, leur clebs, leur maîtresse et que sais-je), qui pensent que Sanderling c'est génial juste parce que d'habitude Sanderling est toujours génial (Mahler, Schosta etc...)... bref, des fois, quand on connait un truc super super bien, on se dit que les critiques de ces revues sont pas toujours crédibles du coup...