Eric,
J'ai parlé de cette GDL depuis des lustres, ici comme ailleurs.
Je suis personnellement choqué par cette course à l'armement sonore, notamment pour ses conséquences sonores.
Les outils audio-numériques ont permis beaucoup (trop) de choses à beaucoup (trop) de gens.
Ainsi, ce qui pouvait se concevoir en certaines circonstances (souvenons-nous de nos Juke Box et leur 45 tours) a, petit à petit, fait son chemin.
Pour reprendre ton item concernant les distributeurs, rappelons nous de Barclay.
Au siècle dernier, quand il ramenait ses disques US, ces derniers sonnaient plus forts que les européens.
Il a voulu savoir comment ils faisaient et il a bien copié. Le SON de ses 7 pouces, entre autres, tapait et se remarquait.
A l'époque de la FM, TOUT était compressé en multi bande avant de passer dans l’émetteur. On entendait bien certains "pompages" caractéristiques des temps d'attaque et de détente des outils mis en œuvre.
Quant aux concerts de musique Pop ou autres, les compresseurs ont une bonne place pour "cogner", parfois au point de générer des pressions acoustiques insoutenables, du moins pour le commun des mortels que je suis. Les bouchons dans la poche quand c'est bon mais trop fort, partir est aussi une option, même en plein air.
Ces remarques, vécues, concernent le gros, le lourd.
Avec le temps, j'ai cependant constaté, lors d'échanges et d'écoutes, que certains public ne comprenaient plus une musique dynamique.
Et pourtant, sans silences, que serait la musique?
Des connaissances apprécient ces "remasterings", dans lesquels "on entend tout". Normal, en compressant, voire limitant le haut, en boostant le bas, on entend des choses qui étaient déjà là AVANT, mais qui étaient à leur place.
Un amateur de Jazz me citait les disques ACT. Et pour cause! Quasiment tout ce que j'ai pu analyser est normalisé comme la POP, quand c'est pas plus. Pareil pour le Label VENUS, dont je parlais souvent dans mon fil. Hara est le roi de la compression et plein s'extasient devant ses (re)masterings.
Même si le SON devient inécoutable dès lors qu'on écoute à niveau autre que domestique, ça ne dérange pas.
On me parle régulièrement de trucs "dynamiques" comme pas possible alors que les enregistrements sont compressés comme pas permis.
Et le top du top, la cerise sur le compresseur, c'est l'évolution du mode d'écoute depuis plus de 30 ans.
Plein de gens, de tous ages, veulent pouvoir entendre tout, tout le temps, partout. La musique nomade, les téléphones portables et les écouteurs sont incontournables. Le MP3 honni par le passé est devenu "normal", alors qu'en plus de la compression de dynamique éventuelle, lui comprime aussi les données en enlevant tout ce qui n'a pas pu être encodé.
Il y a peu, le MQA était là, et tu sais mieux que moi (c'est on métier) que ce que le numérique a perdu... est perdu.
J'avais publié un dessin humoristique mais très amer, voire acide à ce sujet.
Il résume bien la situation.
J'essaie, à mon petit niveau et en amenant des faits non contestables, de montrer ce que sont devenus des enregistrements anciens, des mémoires d'une époque, bref des tableaux musicaux. L'exemple de Madonna est flagrant, criant même.
Mais, malgré la dénaturation provoquée, ben pour certains (oserais-je écrire beaucoup), c'est mieux.
Il y a peu, totalement par hasard, j'ai fait la connaissance de Lionel Herrmani.
Disquaire célèbre, producteur, il me disait ne pas comprendre et ne pas apprécier tous ces "Remixages, Remasterings" d’œuvres publiées à leur époque. Il estimait que cela dénaturait tout le travail réalisé alors.
D'aucuns me diront que maintenant, c'est pas la même chose.
BEN SI justement!
Et je te rejoins lorsque tu écris que ce qui sort du studio EST écoutable et commercialisable en l'état, sans retouche.
Je rêve personnellement de pouvoir disposer de ces VRAIS MASTERS, AVANT mastering, ce dernier étant souvent destructeur.
Seulement voila, comment les auditeurs/écouteurs, dont l'oreille a été formatée par la télé et le reste, vont-ils recevoir ce Master?
Si les distributeurs (comme pour la pub) ont imposé leurs choix, depuis trente ans désormais (plus d'une génération donc), le public ne sait plus (en grande partie) ce que sont les silences.
Si un clou chasse l'autre, un bruit chasse l'autre.
Plus on tape fort, plus les gens remarquent.
Et l'objectif de faire savoir prend le pas sur le savoir faire... malheureusement.