Analyse des fichiers numériques

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Deb
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par Deb »

filip63 a écrit : 15 janv. 2025, 10:48 En résumé on peut se faire totalement entuber avec ces productions dites audiophiles.
(C'est vrai pour les fichiers, les CDs et pas de raison que ce soit différent pour les vinyles dont pas mal de rééditions actuelles sont produites à partir du numérique).
Pour moi qui travaille dans le domaine de la prise de son et de la production, il me semble assez clair que les éditions ou productions annoncées "audiophiles" ne sont rien d'autre que du marketing pour faire vendre, et par la même occasion probablement plus cher, du contenu musical en le prétendant d'une qualité supérieure et exclusive .
Tout ingénieur du son digne de ce nom travaillant dans le domaine de la musique va essayer dès le départ de faire le meilleur son possible, en utilisant les meilleurs micros (du moins ceux que lui jugera les meilleurs pour cette utilisation), les meilleures électroniques (préamplificateurs, convertisseurs)et le "meilleures" techniques qu'il jugera adaptées à la musique à enregistrer .
Il ne fera pas de différence selon qu'il travaille pour un label "normal" ou pour un label ou une production "audiophile" .
Par exemple, l'ingénieur du son habituel de Jordi Savall (avec qui j'ai fait mes études ;)), qui travaille pour le label Alia Vox, ainsi que pour d'autres reconnus pour la constante qualité technique de leurs productions, a reçu de nombreuses distinctions pour la qualité de son travail . Pourtant ces labels n'ont jamais revendiqué une quelconque production de qualité "audiophile", ils sont respectueux de la qualité sonore mais n'en font pas tout un plat et ne vendent pas leurs productions plus cher, sous le prétexte qu'elles seraient "audiophiles" .
Il est d'ailleurs fréquent que des enregistrements "sans prétention", je veux dire par là qui ne sont pas labellisés "audiophiles" soient meilleurs que d'autres pour lesquels ce label qualitatif a été auto-proclamé .
Ces labels ou production "audiophiles", ça me rappelle un peu la tromperie qui consiste à vendre des fichiers musicaux au format "Hi-Res Audio", alors que le fichier original ne contient rien de cette résolution sonore ...
<:)
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filip63
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par filip63 »

naim21 a écrit : 15 janv. 2025, 11:03 Alors là, ça devient, ou plutôt c’est devenu n’importe quoi!
...
Correctif. :rouge:
Au temps pour moi. Je me suis perdu dans le nombre de version que j'ai sur mon DD. Celle que j'ai rippée ce matin à partir de mon CD XRCD est propre.
C'est déjà ça. Pardon pour les émotions :mrgreen:
:hello: Install: S1, S2, S3
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naim21
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par naim21 »

Deb a écrit : 15 janv. 2025, 12:36 Ces labels ou production "audiophiles", ça me rappelle un peu la tromperie qui consiste à vendre des fichiers musicaux au format "Hi-Res Audio", alors que le fichier original ne contient rien de cette résolution sonore ...
<:)
Et oui, Deb, c'est souvent le cas avec l'exploitation de masters numériques "anciens".
Entre les SONY PCM-16xx qui ont commencé en 16-44 et les DASH qui ont apporté (mais à quel prix?! tant pour les machines que les bandes) le 24/44 puis 48...
Rajouter des 0&1 à tout ça fait allumer des lampes ou des indicateurs 24/ beaucoup et même DSD et le reste.
Au final, ça tient plein de place et tout ça pour quoi? Certains remasterings sont de véritables catastrophes pour les originaux. :/
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naim21
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par naim21 »

filip63 a écrit : 15 janv. 2025, 12:47 Correctif. :rouge:
Au temps pour moi. Je me suis perdu dans le nombre de version que j'ai sur mon DD. Celle que j'ai rippée ce matin à partir de mon CD XRCD est propre.
C'est déjà ça. Pardon pour les émotions :mrgreen:
Ah, c'est rassurant.
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Estas Tonne GDL et Records Part1

Message par naim21 »

Bonsoir,

Si les propos de notre druide étaient rassurants, ce qui va suivre l'est nettement moins.

On m'a demande de jeter un œil, et par la même occasion les oreilles, à des publications du fabuleux guitariste qu'est Estas Tonne.
Si sa musique, ses interprétations et sa maîtrise sortent du lot, il ne m'apparait pas infondé d'évoquer ses enregistrements.
Certains touchent au sublime comme d'autres au cauchemar sonore, du moins pour moi.


Je vais commencer par cet album.
Image

Estas Tonne – Bohemian Skies, sortie en 2009, en pleine GDL donc mais en édition auto-produite "Estas Tonne Self-Released".
La dynamique est énorme, certains morceaux en offrant largement plus de 20dB. Toutes les nuances de jeu et inflexions musicales sont transcrites et transmises. Ce qui suit va vous présenter "David's Entry".

Regardez si ça vous dit.
Image

Ah oui, d'ordinaire je vous le dis avant. Là, c'est pour la surprise. Il s'agit de la même piste et, comme vous pouvez vous en douter, si l'image est différente, le SON l'est encore plus.
Et oui, en 2016, le disque a été réédité et, bien évidemment, remasterisé pour l'occasion par Leon Soundpro, spécialiste des enregistrements live.
Peut-on considérer que le mastering fait partie de ses spécialités?
Les amis et adeptes de la GDL seront ravis! La guitare est bien présente, un peu "encombrante" comme le suggère le graphe ci-dessus.
Au passage, "quelques" nuances auront disparu, mais...

Les chiffres sont éloquents.
De 2009 à 2016, on peut remarquer:
- Le contenu tient dans le contenant, le niveau "numérique" est inférieur ou égal à 0dB,
- Le loudness de la piste en LUFS passe de -22.62 à -11.58 soit un peu plus de 11 LU en plus. Les compresseurs/limiteurs de la GDL étaient en forme!
- Le niveau de la "transformée analogique" passe, quant à lui de -0.15 à +1.07 dBTP. La saturation affectera-t-elle la musique?
ImageImage

Quelle édition sera/serait votre préférée?
Il n'y a que 7 ans d'écart entre les parutions, mais 11 LU d'écart.
Ca rappelle un peu les pubs à la télé, avant 2010 et les recommandations de la R128. :malin1:
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Estas Tonne GDL et Records Part2

Message par naim21 »

Avec ce second album, on va voir, et entendre, l'inverse.

Image
Estas Tonne – Place Of The Gods, 2011, Not On Label (Estas Tonne Self-Released). Tout pareil que précédemment.

Image
La même chose mais remasterisé en 2019 par un certain Leon Soundpro, vous connaissez?

Et vous allez voir que c'est à n'y rien comprendre dans les éditions, leur qualité et leur cote.
J'ai pris le morceau "The winds..." comme base de travail.

Pour ne pas changer, la version 2011 VS 2019 en image.
C'est pas loin de tabasser autant, mais...
Image



Voila les chiffres et vous allez voir que leur consultation n'apporte pas que des bonnes nouvelles, sonores bien évidemment.
La version origine 2011.
Image

La version remasterisée 2019
Image

Au final, les deux sont très ressemblantes, mais...
Comparez les valeurs en "analogique" dBTP.
La version 2019 saturera "un peu", quant à la 2011, elle saturera beaucoup. Je n'avais encore jamais constaté pareille valeur; +3.56!
Là, ça va vraiment coincer.

Si vous avez encore quelque courage, poursuivez la lecture et vous verrez ce que nos lecteurs et autres DAC ont à subir avec des sources dont je vous laisse le soin de trouver le qualificatif.


La piste de 2011, brute de décoffrage. Quand vois ça, ça m'intrigue.
Comment ont-ils fait pour ne pas dépasser le 0dBFS numérique et bouffer autant le niveau analogique de sortie?
Image



Tout cela m'est confirmé par la recherche des clips; RIEN.
Image


Là, c'est la partie où ça tabasse le plus. Pas très engageant, non?
Image


Un peu plus en détail maintenant.
Ils ne sont pas beaux les plats des compresseurs/limiteurs pour faire tenir le contenu dans le contenant numérique?
Image



Détail du détail. Quand Deb nous dit que les compressions modifient les fronts de montée/descente, les harmoniques et le reste.
Avec un tel signal numérique à l'entrée, le DAC a du boulot, et du mal, à interpoler tout ça pour restituer une onde. Je vous laisse imaginer les dégâts supplémentaires créés à l’occasion d'un passage en MP3! Ne cherchez plus, la différence entre le 0dB numérique et le +3 et des grosses poussières analogique est là.
Image


L'édition numérique est un art, au même titre que la gravure d'un vinyle.
Fort heureusement pour ce disque, n'existent que des versions numériques.
Avec un petit boulot, la version de 2019 "rentre" dans les clous, analogiquement parlant.
Mais pourquoi abîmer, si ce n'est massacrer, des enregistrements ainsi dans le seul but de "sonner fort"?
Je ne comprends toujours pas.
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tatchik74
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par tatchik74 »

A oui, quand même !! c'est du rabotage et dégauchissage :rouge:
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RV
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Analyse des fichiers numériques

Message par RV »

Deb a écrit : 20 nov. 2024, 20:26 Bonjour,
en ce qui concerne ce dernier album de Cure, le son est sans l’ombre d’un doute comprimé à mort dès le mixage (choix de production), il est donc illusoire d’imaginer que selon le support (cd, vinyl, réseau) le son puisse être plus ou moins dynamique, il est écrasé à la source, et le sera donc dans toutes les déclinaisons … :pleur4:
Les différences perçues selon les supports sont plus que probablement dûes aux différences de son habituelles entre les systèmes de reproduction (vinyle, cd ou lecture réseau ne sonnent pas de la même façon), et peut-être à quelques différences techniques entre les supports, selon leur origine .
J’aime plutôt bien cet album, qui me réconcilie un peu avec ce groupe dont j’étais fan de la première heure, mais plus du tout dans les 3 décennies suivantes . Mais pour le son, aucun punch, aucune vie, aucune âme, tout est écrasé, compacté, éteint !
Quel gâchis …
Hello Éric

Ce n’est pas à propos de l’album de The Cure mais d’un autre album. Je crois comprendre à la lecture de ce passage d’un article sur Analog Planet qu’il puisse y avoir des mastering différents selon le support. Je copie le passage et je mets le lien vers l’article complet.

I asked the head of Levin’s label, Flatiron Recordings founder and CEO Bill Hein, to confirm all the important techie stats regarding the BID2TB vinyl, and he happily obliged. The source material used to cut the vinyl came from 24-bit/48kHz WAV files. “Brian Lee and Bob Jackson at Waygate Mastering — the former Bob Ludwig studio in Maine — mastered the album. They did a great job!” Hein told me. “They sent the mastered WAV files to our Pressing Business factory in Boleslaw, Poland — which is under the same ownership as the Flatiron Recordings label — where we cut the lacquers on a Neumann lathe. Waygate created separate masters for vinyl, CD, and hi-res streaming optimizing for each format.”

https://www.analogplanet.com/content/to ... ringing-it

Sinon pour revenir vers l’album de The Cure, j’ai également lu quelque chose hier, mais j’attends d’être rentré pour vérifier sur mon propre exemplaire avant de poster.
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naim21
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par naim21 »

Quand je parlais de vareloppe parfois, je n’exagérais pas trop.
Ce disque est le contre exemple d’une belle réalisation technique.
C’est très dommage au vu du talent de l’artiste.
Ça me fait penser à un disque de guitare classique paru chez Sony il y a quelque temps.
Enregistrement de classe mais édition et mise boîte déplorables, techniquement parlant.
Le numérique permet TOUT, le meilleur comme le pire...
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RV
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par RV »

Comme indiqué plus haut, et par rapport à la remarque d’Éric, je reviens sur le dernier album de The Cure, suite à la lecture d’un article dans le dernier Vu-Mètre qui chronique la version vinyl de l’album.
J’ai choisi de le faire dans le fil consacré à la "santé du vinyl", plutôt qu’ici, car j’ai l’impression que cela concerne principalement des versions vinyls différentes de l’album.


viewtopic.php?p=589057#p589057
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nad75
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par nad75 »

<:)

High Definition Tape Transfers
www.highdeftapetransfers.com/

Quelqu'un a-t-il déjà acheté l'un de leurs disques ou téléchargements ? Transferts d'enregistrements provenant de bandes magnétiques ou de vinyles.
"La richesse de la vie d'un homme se mesure à l'intensité des émotions qu'il a pu éprouver". (Soichiro Honda)
---
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Server/Player : Innuos zen mini mk2, Dac : Audio Note Dac 2 Signature, Interface USB/Spdif : Topping D10, MIT Terminator.
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par naim21 »

nad75 a écrit : 23 janv. 2025, 09:27 <:)

High Definition Tape Transfers
www.highdeftapetransfers.com/

Quelqu'un a-t-il déjà acheté l'un de leurs disques ou téléchargements ? Transferts d'enregistrements provenant de bandes magnétiques ou de vinyles.
En général, qualité très correcte.
Après, comme je le rappelais dans d'autres posts, tout dépend de la gestion des bandes et de leur lecture avec des R2R.
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Analyse des fichiers numériques - Nos disques et la Norme EBU R128

Message par naim21 »

Bonjour tout le monde et notamment celles/ceux que les contenus audio-numériques intéressent.

Le sujet a déjà été abordé dans différents posts mais il ne me semble pas déconnant d'en préciser quelques contours.
Des généralités qui, de et en fait, font se poser des questions dès lors qu'on se penche un peu sur le problème.

Désormais, tout un chacun a entendu parler de la Guerre Du Loudness (GDL).
L'avènement du numérique en audio, la création d'outils de plus en plus élaborés et financièrement accessibles, la "nomadisation" de l'écoute ont fait que le niveau sonore ressenti n'a fait que croitre depuis les années 90'.
S'en sont suivies toutes les conséquences audibles générées par ces manipulations numériques.
Si personne n'a le choix avec les œuvres contemporaines publiées, il n'en est pas de même avec les rééditions, parfois pas si vieilles que ça d'ailleurs.

A ce sujet, il faut savoir que RIEN n'est normé en audio. Ainsi, chaque maison d’édition, chaque artiste, bref chaque intervenant fait en gros ce qu'il veut, ou presque. Le seul domaine, encore et toujours, "normé" est celui du vinyle du fait des contraintes propres au support (RIAA, gravure, etc.), ce qui n’empêche pas les différences entre éditions parfois...

Dans notre monde d'audiophiles, on vit et on fait avec.
Mais, nous ne sommes pas les seuls à "écouter", il y a aussi les professionnels de la radio, télévision et cinéma!
Et eux, ils ont fini par ne plus l'entendre de la même oreille ;-) :hehe: .

Comme tout le monde a pu le constater et afin de capter l’attention des spectateurs, les publicitaires, certaines chaînes de télévision et salles de cinéma compressaient leur signal audio afin de réduire la dynamique pour augmenter la sensation subjective de volume sonore tout en gardant le même niveau maximal dans le but de sonner plus fort que le concurrent. En gros, le contenu tient dans le contenant mais prend toute la place pour faire un boucan d'enfer. La Loudness War, ou GDL était née.
Les téléspectateurs, et pas que, devaient donc constamment ajuster le volume sonore pour éviter d’être surpris par les pubs.
Vous allez me dire que nous, quand on écoute de la musique, on n'est pas concerné par ce phénomène.
Ben si, quand même un peu. Parce que ce qui se faisait pour l’audiovisuel a vite été intégré à la publication audio. Un disque qui tape plus fort se remarque, surtout en écoute nomade.

En 2010, l’Union Européenne de Radiodiffusion (EBU) a décidé de mettre un peu d'ordre dans tout ça. La Norme EBU R128 est née.
Elle vise essentiellement à éliminer les variations de volume brusques et maintenir des niveaux sonores "constants".
Compressons, d'accord, mais de façon homogène tout de même!

Mais alors, quel rapport avec notre "monde audiophile" vous/me direz-vous?
Ne devrais-je pas écrire quels rapports par ailleurs?
Bien que ça n'intéresse que quelques "écouteurs" pas rebutés par des chiffres, le sujet mérite, à mon sens, qu'on y regarde d'un peu plus près.

Notre monde audiophile faisait référence, souvent, tout le temps, partout, à des décibels, aka dB.
Même si beaucoup, moi le premier, mélangeaient tout, le dB était (mal) connu mais très utilisé et commenté.
En fonction du domaine évoqué, le dB prend différentes déclinaisons, dBV, dBu, db A, B, C, même HL... Pas facile de s'y retrouver d'autant que les références diffèrent selon que l'on se place dans le monde PRO ou celui de la HiFi... alors que le premier "alimente" le second.

Quand le numérique a débarqué, est né le dB FS, "decibel Full Scale" (décibel pleine échelle). Pour que ce soit encore plus limpide, la grandeur que cette valeur (toujours négative) représente n'est pas la même selon qu'on se réfère à l'AES ou pas. Clair comme du jus de boudin cette histoire, non?
Pas le choix, faut faire avec!
Quand la norme EBU R128 a débarqué en 2010, est né le LUFS, “Loudness Units relative to Full Scale”. Comme si c'était déjà pas assez le brin comme ça! Par rapport au dB, le LUFS prend en compte la perception humaine du volume en se concentrant sur le volume perçu plutôt que sur les niveaux physiques.
En clair ::d , le LUFS permet de mieux représenter la manière dont nous entendons réellement le son, la musique... les pubs aussi :mdr3: .
Ne nous voilons pas la face, c'est pas si clair que ça, car des LU machin, il y en a quelques uns (Momentané, Court terme, Intégré). On en a déjà parlé.

De tout ça est ressorti un nouveau dB, le dB TP.
Et ça, nous autres audiophiles ou assimilés, ça nous concerne et intéresse au plus haut point.
Ce dB TP n'est autre qu'une variante du dB FS pour laquelle l'amplitude du signal inclut les crêtes pouvant exister entre deux échantillons successifs du signal numérique. Ce niveau en dB TP peut donc dépasser le niveau de référence de quelques dB.
Il mesure les crêtes les plus élevées dans le signal audio lors de la conversion numérique-analogique.
Et si on dépasse la valeur 0 (zéro), on se retrouve avec de la distorsion, phénomène plutôt indésirable en notre beau monde HiFi, non?

Il y a donc, depuis 2010, des recommandations pour éviter tout ça afin de ne pas gâcher la fête.
Et il est vrai que ça a calmé les ardeurs de certains éditeurs car les organismes de diffusion musicale ont fixé une valeur pour leur domaine.
Les plateformes diffusent, selon leurs critères, entre -8 et -16 LUFS, certaines imposant même une valeur précise maximum en dB TP.
On voit/mesure donc l'importance de tous ces chiffres, nonobstant les 0&1 musicaux concernés.

Tout ce fatras technique pour nous dire quoi, maintenant, à nous, écouteurs que nous sommes?!
Pour l'après 2010, le temps que tout le monde comprenne et fasse le job en fonction de ces LU et dB TP, on se doute qu'il y aura un effet (bénéfique?) pour le SON.
Mais avant 2010, avec la GDL et tout ça, les LU qu'on n'avait pas encore inventés, les dB TP dont on ignorait tout... ou presque, que s'est-il passé pour le SON?

En m'appuyant sur ce constat, et avec quelques outils d'analyse, je me suis penché sur l'évolution des niveaux sonores des parutions d'un artiste dont l'objectif premier n'était pas "de sonner fort", mais sonner juste.
J'ai analysé quelques enregistrements de Richard Galliano. Je vous livre quelques remarques, purement techniques comme il se doit:
- Richard Galliano - Spleen_1985-91 18.15; enregistré au feu Studio Davout, un niveau très bas de -18.15 LU, aucun dépassement du 0dB TP. La prudence était de mise en ces débuts du numérique. Une écoute typée années 80 sans aucune agressivité.
- Richard Galliano - Ballet Tango 1992 19.26; aucun renseignement sur l'enregistrement mais, là encore, un SON superbe qui met en valeur compositions et interprétation. Piazzolla et Galliano, du grand Art. Un niveau de -19.26 sur le disque laisse toute sa place aux nuances et à la dynamique.
- Richard Galliano - New York Tango_1996 16.48 -1.70; enregistré à NY, mixé à Ferber, masterisé à Top Master. Un SON très charpenté avec une basse très présente. On avait pris confiance avec le numérique. Le contenu tient dans le contenant. Le 0dB TP n'était pas encore connu. Pour ramener le niveau du CD en-dessous de ce 0dB TP, il aura fallu diminuer le tout de 1.70dB. On était dans les clous numériquement parlant mais plus du tout en analogique.
- Richard Galliano - Live in Marciac_2006 14.30 -3.00; si vous suivez un peu mes données chiffrées, vous savez que ce Live aura été très compressé. Un niveau RMS à -11.30 d'origine, ça tabasse un peu. Le 0dB TP n'était pas connu, la GDL battait son plein... conséquence, dépassement de presque 3dB du niveau analogique. J'ai donc abaissé d'autant pour calmer tout ça.
- Richard Galliano - Around Gershwin_2024 15.20; Un des derniers parus. Aucun dépassement numérique ou analogique. Toutes les pistes sont "nivelées" par le haut et on ne voit qu'une oreille à -1dBFS, pratiquement pareil en dBTP (HiRes oblige). Les recommandations de la R128 ont été suivies à la lettre. On a compressé dans les normes et utile.

Pour info, entre 2011 et maintenant, les publications sont dans les clous, certaines frisant toutefois le 0dBTP.
Avec l'exemple pris, on peut considérer que les éditeurs ont compris le sens de cette norme et de ses recommandations.
En règle générale, ici, le -16 LUFS est respecté à un chouia près. Une exception avec "Valse(s)" sorti en 2020. 0dBTP aux limites, OK, mais pourquoi compresser de beaux morceaux d'accordéon solo ainsi? -11 ou 12 LU apportent-ils un plus?

La GDL a donc fait des dégâts, entre 1995 et 2015, à la louche (je n'ai pas analysé que Galliano, vous l'imaginez bien).
Il y a des exceptions, dans un sens comme dans l'autre.
Et, si certains disques jouent fort, très/trop fort, des plages sont inévitablement sources de distorsions par dépassement de ce fameux 0dBTP.

Si les indications DR sont suivies, à quand des indications dB TP?

Merci aux concepteurs de la R218 d'avoir mis à jour tout ceci.
Merci aussi aux techniciens qui ne cèdent pas/plus à ce toujours plus sonore.
Sans oublier, bien entendu, celles et ceux qui auront lu ces lignes.
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tatchik74
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par tatchik74 »

C’est ceux qui lisent qui te remercient 👍
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blancdepoulet
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par blancdepoulet »

Merci pour tes analyses pertinentes!
<:)
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