Sinon pour rester dans le blues je me suis replongé dans la catégorie "New roots" (ça existe?), pour apprécier les créations de
Chris Thomas King. Excellent guitariste compositeur noir à dreadlocks, qui a activement collaboré avec Wim Wenders sur "
Soul of a man", interprétant Blind Willie Johnson.
Chris Thomas sait remonter jusqu'à ses racines sans s'y prendre les pieds, avec un respect total pour ses ancêtres mythiques: c'est le cas sur nombre de ses albums comme le bien-nommé "
The roots". Il a su aussi créer de beaux albums de blues aux paroles souvent citoyennes, engagées au point d'être estampillées "explicital lyrics"; c'est le cas de "
Simple" ou de "
Red mud".
Mon disque préféré est cependant celui qui n'eut pas plus de succès que les autres, mais qui offrait une voie originale dans le mélange de deux styles à la fois très différents et très proches pour leur expression de la douleur et de la contestation: le blues/rock associé au rap. Il y a certes eu des tentatives dans ce sens, comme Kid Rock, mais seul Chris Thomas a su à mon avis rendre ce mariage crédible et séduisant par les paroles, l'intelligence et la musique. C'est "
21st Century Blues...From da 'Hood", une descente en piqué tous métaux grinçants sur les rapaces charognards réactionnaires et racistes comme dans "Kkkrossroads".
Allusions sonores parodiques et mordantes à l'intro de certains morceaux de groupes rocks américains (dont l'un a pour emblème des revolvers et des roses), revitalisation rageuse du blues de combat, guitare saignante, batterie castagneuse et chris Thomas lui-même en rappeur, à des années-lumière des gangsta'rap et de leur fric facile, de leurs propos sexistes et démagos. Album courageux et classieux, qui donne envie aux bluesmen d'aimer certains raps, et qui donnerait l'envie à certains rappeurs d'apprécier le blues. les titres "Blues from the hood", "Homesick blues", "My pain, your pleasure" ou entre autres "Kill somebody tonight" sont effectivement très explicites, sans complaisance avec les ratés de l'avant (et du "pendant"?) Obama.
Comme une pirouette en fin d'album, le morceau caché "Young blues rebel" retombe avec talent sur ses pattes de blues à l'ancienne, avec swing d'enfer.
Original mais pas anodin, c'est Chris Thomas (King).
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