Oh que je l'aime ce nouveau sujet! Pour l'occasion je surnommerai désormais notre bon Doc. Diamond
"Docteur Folamour" (un de mes films culte

). On va pouvoir bavasser, et ça c'est bien cool. Surtout que le concept de Docteur Folamour est bien clair: pas de peur de paraître bête en posant des questions qui peuvent paraître bêtes (il n'y en a pas de toutes les façons, comme qui dirait).
Alors voilà une question qui me taraude depuis au moins 20 ans. Vraiment.
1° d'après ce que l'on peut lire dans les livres sur la musique classique, d'après ce que l'on peut lire sur les magazines de musique classique, d'après ce que l'on entend de la bouche des commentateurs dans les émissions radiodiffusées, il semble clair que les pâtes sonores des orchestres de la vieille Europe sont bien bien différentes de la pâte sonore des orchestres des USA
(je fais l'impasse sur les orchestre Russes volontairement, car cela change tout le temps, leurs sonorités n'étaient pas légendaires sous le régime communiste car les musiciens n'étaient pas équipés à tous coups de bon instruments. Aujourd'hui les choses ont bien changé).
2° A force d'écouter de la musique classique avec des orchestres US vs Europe, il faut bien être honnête avec sa propre oreille et se rendre compte, accepter, qu'effectivement il y a de sacrées différences d'ordres générales.
Ainsi, si je caricature sans trop rentrer dans les détails pour ne pas vous gonfler, "il se dit" et l'on entend que:
- les cuivres des orchestres d'Europe sont plus ronds, doux et chaleureux que les cuivres des orchestres US, qui eux ont pour eux des cuivres plus virulents, stridents (mais dans le bon sens du terme) et agressifs que les phalanges d'Europe. Ils sont plus percutants mais moins chaleureux et "rassurants".
- Les vents et les bois pourraient faire l'objet de la remarque ci dessus concernant les cuivres. Je trouve ces deux pupitres plus soyeux en Europe qu'aux States.
- les cordes Européennes (toutes: violons, altos, violoncelles et contrebasses) sont plus soyeuses (là cela saute toujours ou presque aux oreilles) que les 4 pupitres de cordes des orchestres d'outre-Atlantique. D'ailleurs, pour les orchestres Européens, le mot qui revient le plus dans la bouche des mélomanes est le mot "légato".
"Oh!!!! mais quel légato doux et soyeux et en même temps précis chez les Berliners madame Michu!" - "Rha... le légato de l'orchestre de la philharmonie Tchèque dans Smetana est envoutant monsieur Michu", etc...
Alors premièrement je ne généralise pas, mais je fais le constat qu'il y a bien des orientations esthétiques différentes entre les orchestres du Nouveau Monde et ceux de l'ancien. Je me précipite aussi pour dire que (malheureusement je trouve) ces disparités dans les esthétiques sonores des ensembles orchestraux ont tendance à s'estomper... et cela depuis je dirais, d'après mes écoutes en tous cas, environ le tournant des années 90. Encore une fois je le déplore. Entendre Chicago pendant l'époque Reiner et l'entendre aujourd'hui sont des expériences très différents. Idem pour le New-York que Bernstein avait voulu "clinquant", dérangeant et puissant... Cela a bien changé à NY. Ce ne sont que des exemples.
Alors si nous pouvions un peu discuter "du pourquoi et du comment" de ces différences esthétiques énormes et d'une richesse incroyable, dont témoignent les enregistrements des années ~ 55 (début de la stéréo) aux années 90, ce serait sympa pour éclairer ma lanterne. Nota: même si effectivement les différences étaient bien plus nettes entre 1950 et 1990 qu'aujourd'hui, cela reste encore vrai, les différences subsistent (confère ce que je disais des esthétiques des différents pupitres).
Désolé j'ai fais long, et j'en suis ravi, car ce fil est aussi fait pour cela, mais pas que... Que c'est agréable de pouvoir se lâcher pour parler de nos interrogations et répondre aux collègues quand on a quelque chose à dire! Je décerne le Prix Nobel 2015 du Forum Synthèse Hi-Fi au docteur Folamour, que je remercie encore d'avoir eu cette sacrée fichue de bonne idée.
