gaby63 a écrit : ↑06 juin 2023, 22:42
Je dois avoir une demi douzaine de vinyl de Brel les enregistrements sont tous mauvais
Il me semble nécessaire de pondérer cette affirmation.
J'avais évoqué, auditivement et factuellement,
une brève analyse technique de masterings des rééditions.
Quelques échanges avait fait suite à mon post. J'avais par ailleurs
évoqué succinctement les exigences du Grand Jacques à ce sujet.
Une conclusion partielle rappelait que chacun pouvait trouver son compte dans les différentes éditions selon SES PROPRES critères d'appréciation.
Pour les premiers enregistrements Philips, mono, ils ont commencé au Théatre de l'Apollo (détruit en 1958), tout comme pour Brassens. Les ingés SON en étaient Pierre Fatosme et Jean Bonzon, bossant pour Philips et ayant enregistré tous les plus grands noms de la Chanson Française.
Ensuite, l'essentiel aura été réalisé au Studio Blanqui (Salle Colonne), non encore modifiée et offrant donc une acoustique naturelle satisfaisante mais reconnue comme trop réverbérée dans les forte.
La qualité technique des 78 tours et 25cm de l'époque était, de fait, perfectible.
On trouve dans le livre "BREL", édité chez SOLAR en septembre 1988, un passage pour le moins savoureux à propos de la multinationale Philips, qui semblait n'avoir pas tout compris des enjeux technologiques en matière d'enregistrements sonores. Pierre Fatosme, ingé-son des plus prisé de Paris, gardera une profonde tristesse du départ de Brel. Durant des années, il se bagarrait avec Philips à propos de Blanqui, studio ingrat et obsolète techniquement. Le PDG Meyerstein se réjouissait de cette mise à l'épreuve des techniciens et "du résultat obtenu avec ces vieilles marmites" (selon ses termes). Quand on pense que 25 ans plus tard Philips allait participer à l'avènement du CD... Pas mal d'eau aura coulé sous les ponts, de Paris ou d'ailleurs... et Philips aura sans doute amèrement regretté d'avoir laissé/fait partir Brel, malgré tous les efforts de Jacques, Canetti cette fois. Ce dernier refusera à son tour l'aide de Brel pour créer sa propre marque! Quand ça veut pas, ça veut pas.
Que serait devenue l'aventure Brel en compagnie des Disques Canetti, l'entregent de ce dernier étant réel, avec des moyens techniques modernes?
Quand Brel signa avec Barclay (au début des 60', pas à vie, car impossible, mais pour deux fois 33 ans...), les conditions d'enregistrement changèrent. Les studios Barclay-Hoche, voulus par Eddie Barclay, ont été construits sous la direction de Gerhard Lehner (il y a un bel article dans feu la revue de l'Audiophile) dès 1956. Barclay voulait le meilleur et il ne s'était pas trompé. Après quelques années, ajoutant mixage, mastering et gravure (Neumann, Lehner oblige...) à l'enregistrement. Jusqu'en 70, il était reconnu comme le plus moderne en Europe. Il continua son évolution pour s'équiper en 24 et 32 pistes. Si de très grosses pointures comme Claude Achallé étaient souvent aux commandes, Brel avait fait contractualiser que ses enregistrements ne devaient être faits que par Lehner, et personne d'autre.
Là, la qualité technique était tout autre, en rapport avec l'époque et les pratiques sonores du moment et même d'après.
Pour disposer de pas mal de vinyles et d'éditions numériques, j'avais pu, à mon petit niveau technique, apprécier l'évolution du SON des disques, au fur et à mesure des rééditions... et des exigences imposées par la GDL.
Vous connaissez mon point de vue à ce sujet, point n'est besoin ou utile d'en rajouter.
Comme je le rappelais dans les posts auxquels j'ai fait référence, qui veut écoutera ce qu'il veut. Mais de là à affirmer que les vinyles de Brel sont tous mauvais, il y a un pas que je ne franchirais pas.
