BLACK SABBATH - VOL.4 : UN ALBUM QUI SENT LA POUDRE
Sans doute un des plus grands disques de rock jamais enregistrés!
En 72, BLACK SABBATH était à son zénith.
Ils avaient enregistré cet album à Los Angeles et à cette époque, la cocaïne allait devenir hélas une de leurs mauvaises habitudes.
Ils avaient loué un manoir à Bel Air et après les sessions d'enregistrement, organisaient des parties géantes avec toutes les célébrités du moment; ils menaient la grande vie : "LIVIN' IN THE FAST LANE" comme l'écriront si bien plus tard les EAGLES.
Ils découvraient la vie Californienne, bien différente il est vrai de leurs origines de Birmingham.
L'album est d'ailleurs entièrement dédié à la Cocaïne, et aurait d'ailleurs du s'appeler SNOWBLIND, chanson qui ouvrait la face 2, mais leur maison de disque refusa net ce titre.
Alors, afin d'avoir le dernier mot, le groupe remercia sur les notes de la pochette, la compagnie COKE-Cola et intitula l'album tout simplement, VOL.4, sans doute en guise de clin d'oeil à l'album de LED ZEPPELIN sorti quelques mois plutôt, et que tout le monde appelait ainsi.
Malgré tous ces abus, l'inspiration était heureusement au rendez-vous, et l'album qui en sortit, fut quasi miraculeux et le son dantesque.
Tony IOMMI, l'homme par qui la musique arrive, a su créer des riffs imparables, et toutes les chansons du groupe sont écrites autour de ces quelques notes de guitare répétées à l'infini, jouées sur sa fameuse GIBSON SG.
Les morceaux sont tous construits de la même manière : Un riff, la ligne mélodique chantée par Ozzy, et les changements de rythmes incessants à base d'accélération vertigineuse en milieu de titre, sont la marque de fabrique du groupe.
L'autre marque de fabrique est leur son : Enorme, avec une rythmique monstrueuse assurée par le bassiste Geezer BUTLER et le batteur Bill WARD, le tout saupoudré par le toucher de cordes de IOMMI, si particulier du fait sans doute de la perte de 2 bouts de phalanges à sa main droite (Tony est gaucher) suite à un accident de travail en usine, survenu alors qu'il n'avait que 19 ans.
C'est d'ailleurs en apprenant que Django REINHARDT avait lui aussi subi une grave blessure à la main, qu'il ne se découragea pas et persista en jouant sur le manche avec 2 petites prothèses de cuir placées au bout de ses doigts. D'où peut-être ce son hors du commun.
Sur ce VOL.4, il faut bien reconnaître que IOMMI a été particulièrement inspiré. Toutes les chansons sont excellentes, jusqu'au magnifique final d'UNDER THE SUN, titre très lourd, mais qui dans la dernière minute s'envole littéralement sur une ligne mélodique digne du superbe WAR PIGS.
La grande qualité de BLACK SABBATH, je le répète, c'est que par-dessus leur musique si lourde et si basique, ils avaient le don pour placer des mélodies imparables, que tous les jeunes de l'époque reprenaient à chacun de leurs concerts.
C'est ce qui manque peut-être le plus aux groupes d'aujourd'hui.
En plus des titres incontournables, que sont WHEELS OF CONFUSION, SUPERNAUT, TOMORROW'S DREAM ou CORNUCOPIA, il y avait également sur VOL.4 une magnifique balade, CHANGES, que GUNS N' ROSES reprenait régulièrement en concert au début des années 90, et sur laquelle la voix d' Osbourne est particulièrement touchante.
Il y avait également le traditionnel instrumental acoustique, ici c'est LAGUNA SUNRISE, histoire de reposer son système auditif, entre 2 riffs mastodondes de T.IOMMI.
Pourtant beaucoup de gens, en écoutant pour la toute première fois BLACK SABBATH, se dirent : "Ce mec chante faux !".
Peut-être... Mais ça sonne bien, et une fois que l'on est habitué à cette voix si particulière, on ne peut plus s'en passer.
Ce n'est pas facile d'apprivoiser BLACK SABBATH à la 1ère écoute.
Bien que le 1er pressage ait été réalisé par VERTIGO, aucune version ne surpassera jamais le son du vinyle édité chez NEMS.
J'ai également la version d'ARABELLA, mais ce n'est pas pareil.
Une nouvelle édition est sortie en 2011 chez WARNER. La pochette est impeccablement reconstituée, à l'identique de l'originale, avec les photos intérieures. Mais le son est trop lourd à mon sens.
Quant aux versions CD, il y en a 4.
La meilleure étant celle figurant dans le coffret BLACK BOX remasterisé par RHINO en 2004. Mais elle n'est pas sortie en CD simple.
Les autres versions de CASTLE ou SANCTUARY sont inférieures.
La pochette du vinyle était une "gatefold", à l'intérieur de laquelle figurait un livret de photos live du groupe, et lorsqu'on écoutait cet album, on ne cessait de se les repasser.
Sur le recto, on y voit OSBOURNE avec sa célèbre chemise à franges et son geste caractéristique, partie intégrante de tous les concerts du groupe.
Il faut noter que BLACK SABBATH est peut-être le seul groupe de Rock, à placer son guitariste au milieu de la scène et son chanteur à droite de la scène, et ce depuis 1975. Ce qui laisse à penser que le vrai patron du groupe était bel et bien Tony IOMMI. Cela se vérifiera quelques années plus tard, lorsque le groupe alors moribond, continua seulement grâce à la volonté indéfectible de son guitariste emblématique.
BLACK SABBATH était un groupe à part. Dans leur domaine, jamais personne n'a pu rivaliser avec leur musique, qualifiée de "intemporelle".
Frank ZAPPA les adorait; ils avaient fait sa connaissance à L.A. lors de l'enregistrement de cet album et ils s'entendaient si bien, qu'il les présenta au public lors de leur 1er concert donné au Madison Square Garden cette année là à New York.
J-Luc

Oh let the sun beat down upon my face, stars to fill my dreams...