Je ne résiste pas à l'envie de dire un mot d'un fantastique album de Max Roach que je viens d'acquérir en pressage original (1964),
The Many Sides of Max (Mercury SR 60-911) :
Il n'est peut-être pas nécessaire de revenir sur le talent de batteur de Max Roach, qui est immense, comme chacun le sait. À partir de 1945, il joue, en gros, avec toutes les grandes signatures du bop et les musiciens les plus inventifs de leur génération : de Charlie Parker et Bud Powell ou Miles Davis à Archie Shepp et Charles Mingus, en passant Sonny Rollins, Dexter Gordon, Cannonball Adderley ou Milt Jackson, sans oublier des chanteuses comme Dinah Washington ou Abbey Lincoln, ce qui donnera naissance à des sessions inoubliables pour bon nombre d'entre elles…
Mais en plus d'être un batteur exceptionnel au jeu aussi moderne qu'inventif, Max Roach est par ailleurs un compositeur de talent, un remarquable leader, engagé et créatif et un découvreur de talents hors pair, bref un musicien au sens plein du mot.
Ainsi, tout comme son alter ego Art Blakey, il constitue des quartets et des quintets sous son propre nom à partir de 1953, formations qui ne cesseront d'évoluer et de se renouveler pour jouer (et enregistrer) un jazz toujours en mouvement, plein de swing, d'énergie, d'originalité et de saveur.
En particulier, les quintets dirigés par Roach voient notamment défiler dans leurs rangs Sonny Rollins, et des trompettistes d'exception avec lesquels il montre des affinités remarquables, Clifford Brown, Kenny Dorham et Booker Little.
Max Roach est d'ailleurs aussi clairvoyant que malchanceux dans le choix de ses trompettistes, puisque c'est avec les deux météores Clifford Brown et Booker Little qu'il grave parmi ses meilleures faces, et l'un et l'autre meurent prématurément (respectivement 25 et 23 ans) alors que ni l'un ni l'autre ne sont encore arrivés au faite de leur renommée.
En janvier 1959, dans les studios Fine Recording de New York, Max Roach est entouré d'Art Davis à la contrebasse, de George Coleman au ténor (on le retrouvera quelques années plus tard, en 1963, au côté de Miles Davis pour
Seven Steps to Heaven), du tromboniste Julian Priester et du fabuleux Booker Little pour enregistrer la session qui deviendra
The Many Sides of Max (j'ai mis du temps à y venir, hein !).
Et le résultat ? Un disque vraiment au poil, riche et équilibré, au swing accompli grâce, bien sûr, à un Roach royal qui déploie une large palette de sons et de techniques, des balais aux baguettes et ajoutant parfois des timbales à son set traditionnel…
Bâti autour de sept excellents thèmes (dont deux de Max Roach himself) aux tempos variés, cet album jouissif distille une musique bourrée de
foot-taping et dans lequel la cohésion du quintet est manifeste, et le talent hors norme de Booker Little éclate littéralement.
J'oubliais : ce pressage sonne vraiment, vraiment bien...
Finalement ce disque n'a qu'un défaut : il n'est pas toujours facile à trouver. En LP, un peu de chance ne nuira pas puisqu'il n'existe pas, a priori, de réédition ; en CD, on ne le trouve guère que réuni dans une bonne édition complète en 3 CD publiée par Jazz Connections,
Max Roach + Four Sessions. Complete 1958-1959 :
http://www.amazon.fr/gp/offer-listing/B ... dition=new
