Analyse des fichiers numériques

Tout sur la musique, ses supports (CD, vinyls, DVD, Radio, Télé, Musique "dématérialisée", Concerts), et les musiciens ...
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Pourquoi?

Message par naim21 »

Collectionneur, à petite échelle, d'éditions musicales depuis un demi siècle, j'ai entendu et vu pas mal de choses.
Longtemps adepte du vinyle et de l'enregistrement magnétique, je ne suis venu au numérique que sur le tard, "contraint et forcé".
Ce qui m'a fait comprendre que le numérique pouvait "faire de la musique", c'est le DAT.
Contrairement à ce que certains, PRO ou pas, affirment encore aujourd'hui, il y a bien eu des éditions de K7 DAT préenregistrées faites par des Majors. C'est à la découverte et l'écoute de ce support que j'ai compris que le numérique savait et pouvait "sonner".
Le choc était réel! On se retrouvait avec un presque "clone" des bandes mères, analogiques ou pas, enterrant alors les meilleures platines disque.
Imaginez il y a bientôt 40 ans une source qui sonne comme (même encore mieux) le vinyle et sans défauts!?
La comparaison avec le CD était tragique... pour ce dernier.
Des raisons commerciales ont fait que ce DAT est très vite passé dans le domaine PRO. SONY, créateur dans les 80, n'allait pas tuer son CD. Commercialement, c'eut été suicidaire. Toutes les bandes éditées, ou presque, ont fini au pilon...

Puis, le SON numérique grand public a fait ses classes, comme l'analogique auparavant.
Il est devenu "dématérialisé" et plus accessible. Les progrès de l’informatique ( :hello: GG des Iles ;-) ) musicales ont été fulgurants, tout comme les outils d'édition audio. C'est là que l'audio-numérique est entré dans "mes sources".
Beaucoup de choses devenaient possibles, notamment la restauration de needle-drops.
Expérience(s) aidant, l'écoute à partir d'une machine informatique dédiée au SON est devenue la principale.
Quelques principes simples, des écoutes attentives, tant musicales que techniques, ont conduit à la réalisation d'ensembles "Source" de qualité, et à coûts acceptables, permettant de révéler des éléments du CONTENU parfois passés sous silence avec d'autres systèmes de lecture.
De là, naturellement, cherchant à comprendre et apprendre, souvent en autodidacte, avoir accès au CONTENANT était une suite logique, du moins pour moi.

Et ce qui j'y entends et vois m'a, c'est selon, enchanté ou horrifié.
Ce sujet m'est apparu intéressant à partager car bien souvent peu ou pas connu, quand il n'est pas tout simplement ignoré.
Je ne partage ici que "quelques" informations que j'estime utiles, parfois nécessaires, de faire connaitre.
Après, comme je l'écris souvent, chacun écoute bien ce qu'il veut, quand et comme il veut.
Cependant, ce forum, comme beaucoup d'autres, s'il comporte une part consacrée à la "Musique", est très orienté "Matériels", notamment Naim Audio. Là encore, adepte dès l'origine des antiques CB (je n'ai jamais eu d'autres Naim que de cette génération, c'est dire mon inculture en ce domaine :mdr3: ), des évolutions de gammes et appareils font l'objet de commentaires, analyses divers et variés.
Des sources audio, désormais essentiellement numériques, sont utilisées à diverses fins pour "établir un verdict" de tel ou tel appareil, modification, évolution, etc. C'est un fait.
Qu'elles soient sous forme de CD est déjà une chose. CD, mais quelle édition?
Qu'elles soient sous forme de Streaming est encore une autre chose. Quelle édition est la source de la plateforme de streaming? Quels algorithmes de traitement sont appliqués par la ou les plateformes?
Comparer, évaluer une restitution musicale avec autant de variables, pour la plupart inconnues et non maitrisables par les amateurs que nous sommes, est-il dès lors envisageable? Sachant, à conditions égales par ailleurs, qu'un écart de 1 décibel NOUS fera préférer la version qui donne le plus fort niveau... on peut se poser des questions.

Ma démarche semble pour et à beaucoup se limiter à couper des dB, Oups, pardon, des LU, en quatre.
Je m'aventure, en effet, dans les lieux peu connus et quelques fois infréquentables des fichiers numériques.
Contenus, contenants, si d'aucuns retouchent avec brio leurs ou des photos numériques, tel n'est pas toujours le cas dans l'audio.
Si les outils sont de plus en plus performants, l'usage qu'en font certains éditeurs, parfois à la demande des artistes eux-mêmes, est sujet à caution.
Mes analyses conduisent à des constats factuels. Ce qu'il y a dans telle édition, c'est ça et pas autre chose. Techniquement parlant, ça va du "parfait" au "aurait pu mieux faire" et parfois "quel massacre".
Quant aux contenants Haute Résolution, là aussi, il y de tout, du meilleur bien utilisé au "fake" inutile et honteux.

Je ne publie que quelques uns de mes constats.
Si ces quelques faits et informations peuvent être utiles à certain(e)s, dans leurs écoutes et/ou tests divers, c'est cool.
Merci au forum d'être ce lieu d'échange et de partage, musicaux comme techniques.
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Un élément de réponse au pourquoi...

Message par naim21 »

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Seiji Ozawa Modest Mussorgsky - Pictures At An Exhibition / Young Person's Guide To The Orchestra album cover
JVC – JM-XR24045 Series: XRCD24 CD, XRCD, Album, Remastered, Stereo Japan 2007

Ces "Tableaux" m'ont toujours fasciné et, à vrai dire, je ne me souviens pas du nombre de LP dormant sagement (enfin, j'espère) sur mes étagères.
Le vinyle d'Ozawa en fait partie. Mais ici, point de vinyle de 67/68 ou needledrop qui aurait pu en être tiré.
Non, le sujet de ce post n'est autre que la version CD nippone de 2007, éditée en mettant les petits plats (aux sens propre, quoique, et figuré) dans les grands. On m'a confié ce CD pour analyse.
Quelle n'aura pas été ma surprise ("mes surprises" serait sans doute plus adapté) en regardant ce qu'il y a de l'autre côté du miroir.

La première étape est toujours la même dans le rituel.
Que donnent les chiffres selon la norme R128, bel indicateur du contenu d'un fichier audionumérique?
Vous aviez déjà compris que ce qui allait suivre était technique. En effet, cela va l'être.
Mais, au fil de votre lecture, vous verrez que de la technique à la Musique, il n'y a qu'un pas et que vous aussi risquez d'être surpris.
Et peut-être vous direz-vous après; "Ah oui, il y ça dans ce CD! Tout de même!".

On voit que les pistes 2, 7, 14 & 15 "tapent" le 0dBFS.
Avec un peu d'expérience, la source étant ancienne (1967) et donc analogique, je me demande si le contenu tient juste dans le contenant ou si, des fois, par hasard ou sur un malentendu, nos amis japonnais n'auraient pas essayé d'en mettre un peu plus. Je n'en serais pas étonné, ayant déjà constaté le phénomène avec d'autres disque du cru. Pour mémoire, la technologie mise en œuvre est "K-2 Technology 24-bit Super Analog" et le prix de l'objet en seconde main n'est pas négligeable. Plumage et ramage sont ils en rapport?
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Allons donc voir d'un peu plus près ces pistes à 0dbFS.

La piste 2 ouvre le bal avec une bonne vingtaine de clips détectés. Ça commence bien!
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Les stats le confirment. Le niveau en analogique va saturer un peu mais on a vu nettement pire.
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La piste 7 entre en scène. Ah, ça se calme! Un seul clip.
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Et en plus, pas de saturation analogique. Cool!
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Que nous dit notre piste 14? Même pas 20 clips, re-cool!
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Et un tout petit dépassement de rien du tout en niveau analogique, c'est bien.
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Et la piste 15, la dernière, elle nous dit quoi?
Ah oui, quand même! Elle se rattrape pour les autres! Plus de cent clips, tout de même...
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Mais en fait, c'est beaucoup plus. En relançant l'outil de détection, on aboutit à 245.
Joli score, ne trouvez-vous pas?
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Les stats chiffrées confirment que le signal analogique saturera un peu le système. C'est pas beaucoup, mais tout ça mis bout à bout, ça commence à faire beaucoup.
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Et voila pour la première approche du contenu de ce disque.
Et à l'écoute me direz-vous? L'interprétation Ozawa/Chicago est impressionnante, même si elle n'a pas retenu l'attention des critiques de Diapason.
Bon, ça coince un peu sur les forte, et pour cause. Comment pourrait-il en être autrement?
Le loudness de l'album est de -17.45LUFS ce qui est remarquable, malgré les clips. Le DR serait bien dans la fourchette verte.
Qu'aurait-il été sans les clips, en respectant la dynamique de l'enregistrement origine?

La suite et les détails pour bientôt.
Quelques captures d'écrans devraient intéresser celles et/ou ceux qui sont allés jusque là.
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nad75
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par nad75 »

<:)
C'est la version 2010 par Sony Music qui a le Diapason d'Or.
"La richesse de la vie d'un homme se mesure à l'intensité des émotions qu'il a pu éprouver". (Soichiro Honda)
---
Proceed PCD3, Nait, Sony SS-A5.
Server/Player : Innuos zen mini mk2, Dac : Audio Note Dac 2 Signature, Interface USB/Spdif : Topping D10, MIT Terminator.
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naim21
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par naim21 »

nad75 a écrit : 30 janv. 2025, 20:04 <:)
C'est la version 2010 par Sony Music qui a le Diapason d'Or.
Je ne sais pas.
L'édition que l'on m'a confiée est issue d'un CD de 2007.
Discogs donne une version AAC sortie en 2010.
Si la source est celle de 2007, quelles conséquences la compression de données, cette fois-ci, aurait-elle eu?
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nad75
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par nad75 »

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"La richesse de la vie d'un homme se mesure à l'intensité des émotions qu'il a pu éprouver". (Soichiro Honda)
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Re: Analyse des fichiers numériques

Message par naim21 »

Je ne connais pas cette édition.
Sans doute un remastering à découvrir.
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Ozawa, Tableaux, éditions, questions

Message par naim21 »

En complément de l'édition XRCD de 2007, on m'a fait parvenir les éditions tirées de l'intégrale RCA et DSD Sony.

Pas facile d'analyser tout ça, TOUT ayant été retravaillé.
Chaque édition est différente des autres. Autant vous dire que si vous voulez utiliser ces Tableaux dirigés par Ozawa, il sera impératif de prendre la même édition.
Je vous passe les chiffres et autres captures d'écran de courbe. Sachez simplement que les traitements appliqués n'ont provoqué aucun clip; que des compressions ont été mise en action pour les éviter.
Au final, cet enregistrement, notamment dans sa piste 15, la plus dynamique à l'origine, reste écoutable, quelle qu'en soit l'édition.
Certaines "coincent" un peu plus que d'autres, mais c'est si ponctuel que qui le remarquerait si les projecteurs n'étaient pas braqués sur ces moments fugaces?

Dans ce qui suit, je vais (essayer de) vous montrer ce que la piste 15 est devenue, au fil des éditions.
L'intégrale RCA a été très retravaillée et compressée. Elle ne présente plus aucune "singularité".
Regardons alors ce que la version DSD SONY propose.

Dans l’édition XRCD, les premiers clips, dont le 7, montrent ça.
On voit nettement le plat, significatif de l'utilisation d'une compression numérique sans trop de précautions. L'objectif a été de normaliser cette piste pour fournir un niveau sonore plus important qu'à l'origine. Le contenant ne pouvant pas "encaisser" ce qui dépasse le 0dBFS, le signal à tout bonnement été écrêté de ce qui ne tenait pas dans le contenant. Un clic de souris suffit pour réaliser cette opération facile et à la portée de tous ceux qui disposent d'outils d'édition audio.
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Maintenant, un peu plus en détail afin de bien voir à quoi ça ressemble. Le "plat" 7 est bien là.
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Le zoom confirme la chose. Pas de doute, quand on veut en mettre trop dans un contenant audio-numérique, ce dernier en fait son affaire.
Quand on dit que le 0dBFS c'est le plafond, ce n'est pas pour rien.
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Regardez ce que l'édition DSD SONY a fait de ce passage. Pour que ce soit plus clair, j'ai repéré l'emplacement du clip 7 de la version XRCD.
SONY a limité l'écrêtage en appliquant une valeur de compression numérique moins forte ET a limité le niveau max de la piste aux alentours de -0.300 dB. Et, si ça ne se voit pas ici, il y a une différence de valeur numérique dans ce qui ressemble à un plat. Cela "permet" au DAC qui reçoit ces infos les considérer comme toutes différentes. De plus, aucune n'atteignant le 0dBFS, pas de stress pour savoir décoder tout ça.
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L'audio-numérique permet quasiment tout, comme vous pouvez le constater.

La, c'est cette même piste 15 dans son édition XRCD (à droite), puis normalisée à -10dB RMS (ça sonne plus fort) au milieu et normalisée à -6dB RMS (ça sonne vraiment très fort, sans vous parler des dégradations sonores).
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Toujours la même piste, mais cette fois normalisée non pas pour qu'elle donne plus de niveau, mais pour qu'elle ne sature pas les étages analogiques une fois le signal numérique converti pour l'écoute; normalisation crête vraie -0.50dBTP
On voit que c'est quand même "plus présentable". Et pour cause! Pour que le niveau de sortie soit, au final, de -0.37dBTP, le niveau (numérique donc) est de -1.10 dBFS.
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Mais au final, NOTRE SIGNAL a-t-il changé? Le plat initial a-t-il disparu?
Regardez. Ce qui est fait en numérique est fait, pas possible de corriger.
Le plat est toujours là. Le système n'a fait qu'adapter le CONTENU au CONTENANT selon la consigne qui lui a été donnée.
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Décidément, ce numérique permet beaucoup. Beaucoup trop parfois, ne trouvez-vous pas?
Dans le cadre de la GDL, même si tout n'est pas aussi simple que ça, les possibilités sont énormes pour modifier le niveau sonore perçu par l'auditeur.
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Question... réponses?

Message par naim21 »

Bon, c'est bien beau (ou pas) tout ça, mais si l'audio-numérique est si puissant, ne peut-on pas "corriger" ces trucs affreux... et qui (parfois) s'entendent?
Si ce qui a été fait en numérique est fait, on ne peut pas, de toute évidence, revenir au signal analogique initial correctement numérisé.
Par contre, on peut "arrondir les angles", effacer les plats, etc. etc.
Des outils informatiques sont à disposition et permettent de "faire plus propre" après.
Vous av(i)ez compris que si on fait propre au départ, pourquoi toucher quoi que ce soit, sauf cas exceptionnel?

Cette édition XRCD est loin d'être "propre". Regardez ce que des process informatiques facilement accessibles et simples à mettre en œuvre peuvent faire.

Souvenez-vous, au départ, la piste 15 nous offre ça; un beau plat de plus d'une milliseconde.
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On peut le "corriger" ainsi. Moins mal, non? Cette opération informatique est la correction du clip seulement sans atténuation du niveau sonore de la piste. Je vous passe les données STATS et autres. Le process a "simplement" transformé ce plat en courbe à l'apparence un peu moins violente.
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On peut aussi demander (et obtenir) ça. Ici, j'ai demandé au système d'abaisser le niveau global de la piste de 3dB en faisant intervenir un limiteur pour "lisser" le plat initial. L'enveloppe globale est donc moins "tourmentée" que précédemment, les choses se faisant "en douceur".
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Pour finir, une consigne de niveau à -6dB mais SANS limiteur. On voit que le système a plus de possibilités de calculs et "reconstitue" la crête qui était/aurait pu être celle du signal origine.
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Il va sans dire que si on demande une correction abaissant le niveau de la piste de 3 ou 6 dB, il faudra abaisser d'autant les autres pistes qui n'ont pas de clips de la même valeur. Cela gardera l'homogénéité de niveau relatif entre pistes.
A l'écoute, il faudra mettre un peu plus fort, voire deux fois plus pour écouter, c'est tout.
Je ne vous cause pas des process à disposition des PRO pour restaurer des enregistrements audio de toutes origines. C'est encore un autre monde, les moyens et besoins n'étant pas ceux d'un amateur.

Nous venons de VOIR ce qu'un process peut faire sur un plat numérique important dû à des manipulations un peu "indélicates".
Regardons, toujours avec notre piste 15, truffée de clips en tous genres, ce que ça donne avec un signal différent.
J'ai appliqué le dernier process à -6dB sans limitation.


La série de clips 119 à 123. C'est pas terrible, ou plutôt si, c'est terrible. Quand on compare G&D, on voit bien qu'il y a des choses qui sont passées à la trappe à G.
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Le même passage mais "revu par le système". Ses algorithmes nous proposent ça. Un peu moins mal, non?
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Pour finir, le passage de la piste 15 le plus fort en niveau. Traitement identique. Le canal G voulait aller plus loin, mais le 0dBFS est la limite.
Le 0dBTP était par ailleurs bien dépassé.
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Après la "correction".
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Il est évident que ces actions ne recréeront jamais le signal origine, mais, à et par défaut, ces corrections ont un effet sensible et positif sur l'écoute finale.
C'est déjà pas si mal, surtout quand on ne dispose que d'une source, polluée par des manipulations "hasardeuses" pour rester courtois.
Même si les outrages infligés à certaines pistes ne sont pas toujours aussi marqués, les outils modernes utilisés en édition audio-numérique permettent beaucoup (presque tout en fait) sans que cela soit visible comme avec ce disque.
Lorsqu'un mixage a été peaufiné pour servir artistes et musique, lui faire subir des traitements "pour que ça sonne mieux" (bien souvent plus fort) est-il utile, nécessaire?

Je vous laisse répondre, bien entendu... ;)
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naim21
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Analyse des fichiers numériques - Un Mix Birthday qui met tout le monde d'accord!

Message par naim21 »

Bonsoir tout le monde.

Impossible de résister à vous partager cette découverte d'un morceau de John Legend.
Version "Tiesto's Birthday Treatment Mix", pour un anniversaire, c'en est un.
Même si les albums de John Legend sont, à l'origine, déjà bien compressés et très peu dynamiques, ce remix DJ met tout le monde d'accord.
Du niveau, encore du niveau, toujours du niveau.

Qui dit DJ, dit "grave utile". Je confirme, ça cogne sévère.
Tout est bien lisse, uniforme avec un bon gros grave centré sur 43/44 Hz, de quoi faire prendre l'air aux membranes. Notez le filtrage en-dessous de 40 afin de ne pas chercher SUB ou INFRA et "ne rien casser"... enfin, avec un système "étudié pour". Prudence avec des HP HiFi tout de même. :malin1:
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Les chiffres confirment l'action DJ. De haut en bas.
Comme on pouvait s'en douter sans être technicien, le 0dBFS est atteint.
Après, on lit que le niveau RMS (ressenti à l'écoute) va être énorme; -6.8dB.
En "moderne" dans le texte (ER 128), le niveau est -5.18LUFS ce qui est monstrueux.

Le niveau maximal VRAI, une fois tout ça reconverti en signal que vos machines vont utiliser, est de +1.15dBTP. Vous me direz qu'on a vu pire, c'est exact. Mais vu qu'il n'y a déjà plus de dynamique du tout, saturer la partie analogique comme ça, :super: & :amen:
Pour finir, on lit que les niveau max sur un court moment sont encore plus énormes.
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Cerise sur le compresseur/limiteur, l'enveloppe!
Dès la première mesure, on est... à fond. Impossible d'en mettre plus! Deux beaux tubes qui vous portent jusqu'à la fin, sans répit.
Une "belle" écoute bien monocorde, plate comme un marbre, avec un grave qu'on finit par ne même plus remarquer tant rien ne varie.
Sans doute très efficace sur un téléphone ou un ordinateur portable, peut-être un peu moins avec une installation HiFi.
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C'était marqué traitement anniversaire, alors, soufflons les bougies. ::d
Je passe mon tour pour une deuxième part de gâteau!
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Analyse des fichiers numériques - The Limiñanas - Faded

Message par naim21 »

On m'a fait parvenir ce fichier en 24/48.
Un cas d'école en 2025, pour l'aspect technique bien entendu.

Je vous en livre l'analyse factuelle.
Ce qui suit n'étant que du fatras technique, le sujet ne présente que peu d'intérêt, mais... à la fin, SURPRISE!


Le 24/48 est, du moins j'espère, le format natif de l'album.
Le mastering final fait que ce contenant est totalement surfait du fait des compressions de dynamique réalisées.
Mais, l'analyse me montre du grotesque de chez grotesque.
:mdr1: ou :pleur4: et :snif: , au choix.
Si cet album est intéressant, artistiquement parlant, il est l'archétype du machin à ne pas faire techniquement.
Sans doute est-ce un choix des artistes, ou peut-être, je ne sais pas.

RIEN, dans cet album, ne respecte le bon sens technique au service du SON et du travail des artistes, de l'interprétation au mixage.
Quant aux normes de diffusion... Savent-ils/elles qu'elles existent?

La comparaison de la version 16-44 avec la 24-48 montre, là aussi, des choses bien surprenantes.
L'édition vinyle est réalisée sur un double 33RPM. Le rouge transparent est joli, mais... d'après certains "connaisseurs" de production vinyle actuel, la tenue mécanique dans le temps est "perfectible". Le rouge pour le collector mais le noir pour l'écoute semble raisonnable.
Le pas de gravure des 13 titres doit être important, générant un niveau élevé.
Il faut bien essayer de caser tout ça, mécaniquement parlant (dans les limites du support physique bien sûr).
Cellule et bras vont bien se marrer à lire tout ça.

Un gâchis technique, AMHA, pour un album qui mériterait/méritait mieux.
Dommage, nous étions quelques uns à "espérer" la fin de la GDL, ou du moins son assagissement.
Ben, ce disque me/nous prouve le contraire.
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Analyse des fichiers numériques - The Limiñanas - Faded

Message par naim21 »

Maintenant, quelques explications sur ce qui précède.
Vous allez voir que c'est du copieux.

Comme d'habitude, voyant un 24/48 arriver, je regarde ce qu'il contient.
En bleu, le loudness de l'album est bien lourd. Oui, plus la valeur est petite, plus ça joue fort et donc plus c'est compressé dynamiquement. -7.86 LUFS, ça fait un peu musique d'ascenseur.
Le contenu a été limité à -0.1dB FS dans son contenant. Toutes les pistes étant pareilles, compresseurs et limiteurs ont été invités pour "niveler" le niveau, numérique, sonore et dynamique. La suite nous en dira sans doute plus.
J'ai repéré certaines pistes qui vont encore au-delà du niveau du loudness de l'album. Vous verrez ensuite le pourquoi de mon choix.
Bon, à première vue, l'album devrait nous montrer des beaux tubes sonores avec une dynamique fortement compressée.
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Analyse des fichiers numériques - The Limiñanas - Faded

Message par naim21 »

Charité bien ordonnée, on commence par la piste 2.

Alors, elle est pas belle mon enveloppe? C'est bien du 24/48, vous savez, le contenant qui permet plein de nuances et subtilités sonores.
Là, on va les chercher. Bon, c'est surement un choix délibéré d'écraser un mixage sans doute bien construit au départ.
J'écoute en vous écrivant. Tout est à sa place, n'en bouge pas, objectif atteint; rien ne dépasse, la voix centrée, un peu devant, la masse orchestrale omniprésente déroule sa mélopée sonore. La dynamique et les nuances sont, comme prévu, aux abonnés absents.
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Les STATS nous confirment ce que l'on vient de voir.
Les crêtes numériques sont bien à -0.1 dB FS.
Le niveau RMS est très élevé. Avant la GDL, de tels niveaux étaient destinés à un discours parlé. Si on se souvient des recommandations et normalisations des plateformes de streaming, on est loin, très loin du compte, de leur compte. On en reparlera.
Et là où c'est pas cool du tout, c'est le niveau vrai du signal analogique qui va sortir de tout ça. Quand les plateformes recommandent de ne pas dépasser -1 dBTP, la piste en offre +2.28! D'où mon propos de départ, les normes étaient elles au menu?
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Partis pour partis, autant aller au bout des choses, non?
Voici les STATS de la version 16/44.
Là, le signal va jusqu'aux limites, 0 dBFS. La différence est minime par rapport au 24/48 me direz-vous. OK. Mais quand on sait ce que fait un down sampling, le SON va sans doute en prendre encore un coup.
Et ben, si le SON en prend forcément un coup, les chiffres donnent les mêmes valeurs pour les niveaux. Étonnant, comme aurait di Mr. Cyclopède.
Et cerise sur la GDL, le niveau vrai n'est plus que de +1.87 dBTP. Les 0.1 dB d'écart, le passage de 24/48 à 16/44 ont quelques conséquences quand il faut transformer les 0&1 en SON analogique.
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Pour finir, la courbe. Je l'ai volontairement limitée à 10Hz en limite basse. Le haut grave est bien présent (111Hz). Il n'y a quasiment rien en-dessous de 60Hz. Avec les compressions de dynamique, l'absence de grave, l'album va pouvoir être joué à niveau sonore élevé, du téléphone portable au matériel le plus sophistiqué. Bien joué pour toucher toutes les cibles.
On voit aussi que l’aiguë décroit très fortement au-delà de 22kHz. Reconnu comme "CLEAN" par LAC, ce 48 a un "goût étrange".
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Message par naim21 »

Logiquement, la piste 7, que j'avais repérée au début dans l'album.
Je vous passe courbe et enveloppe. Aucun intérêt, tout y est pareil.
Par contre, les STATS sont intéressantes à consulter.


Les crêtes numériques sont toujours à -0.1. Comme toutes les autres pistes en 24/48.
Le niveau sonore est un peu moins élevé que celui de la piste précédente.
Par contre, le niveau vrai est encore plus élevé, +3.11 dBTP. Les étages analogiques vont apprécier.
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Pour finir, la piste 12, bien compressée elle aussi.
Les crêtes numériques sont toujours à -0.1. Comme toutes les autres pistes en 24/48.
Le niveau sonore est un peu plus élevé que celui de la piste précédente.
Par contre, le niveau vrai est moins élevé, +2.47 dBTP. Les étages analogiques vont quand même apprécier.
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Message par naim21 »

Bon, tout ça c'est bien beau!

Maintenant, je ne peux pas corriger ce que le mastering a détruit.
Si certains prétendent qu'ils peuvent restaurer à l'envi la dynamique musicale via des DSP de préamplis et autres amplis, la encore, les planètes ne doivent pas toujours être alignées.
Mes moyens techniques, et intellectuels à n'en pas douter, ne me permettent pas ce genre d'exploits. :malin1:

Voyons néanmoins ce que ce fichier va/peut devenir.

Pour limiter la casse auditive, on peut déjà diminuer le niveau pour ne plus saturer le signal analogique.
Pour ça, rien de plus facile, on abaisse le niveau. J'ai donc fait ça sur tout le fichier, la piste la plus saturée étant "The Dancer".
-3.30dB ont eu cet effet, logique mathématiquement parlant. L'écoute est un peu moins difficile.
Je passe le reste "sous silence". On voit que tout à diminué et que le niveau vrai est redescendu à -0.19 dBTP. On est encore loin des recommandations des plateformes de streaming, mais on s'en rapproche.
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Enregistré le : 14 janv. 2006, 11:02

Analyse des fichiers numériques - The Limiñanas - Faded

Message par naim21 »

Bon, ça c'est ce que j'ai PU FAIRE pour "faciliter" l'écoute.

Mais maintenant regardons un peu ce que VONT FAIRE les plateformes de streaming avec ce disque.


Il est recommandé, même si les valeurs diffèrent selon les diffuseurs, de fournir un Loudness Intégré aux alentours de -14 LUFS et un niveau vrai inférieur à -1 dBTP.
De toutes façons, si le signal ne respecte pas ces valeurs, les process de la plateforme vont mettre tout ça à leur sauce, compressions, limitations et égalisations incluses.
Là, j'ai donc redescendu le niveau à celui offert par un streaming lambda.
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Et voici l'enveloppe du signal que ça donne pour "The Dancer". Je ne dois pas être très loin de la réalité, exceptés pour les égalisations qui affecteront la courbe de réponse pour donner la patte, la touche propre à la plateforme.
Saturer un signal pour faire du niveau d'origine et se retrouver ainsi contraint! Chercher l'erreur!
Celles et ceux qui auront à disposition le fichier 16/44 ou 24/48 vont le prendre plein pot.
Les mêmes en streaming devront pousser leur bouton de volume pour le doubler et "retrouver" le niveau d'origine.
Toute comparaison est délicate, si elle reste possible. Compenser 6.190dB d'écart avec justesse n'est pas facile facile.
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Pour finir, souvenez-vous de la piste de départ. C'était ça.
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Ben en streaming, elle deviendra ça. Son niveau étant très important au départ, vous voyez qu'elle est encore plus "réduite".
Là encore, comparer imposera de sacrément monter le volume et être précis pour compenser l'écart de 7.642 dB.
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Faire toute cette analyse pour un album écrasé techniquement, faut vraiment être "aware".
Mais le cas d'école, pour une publication actuelle, est intéressant pour tout amateur, ou non, de GDL.
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