
Diapason et Classica en ont parlé il y a quelque temps mais je n'y avais pas prêté attention. Cet enregistrement Live de barenboim, à la fin des années 80, est un événement. Une forme de miracle. Pour la première fois je crois un pianiste fait de ces variations une véritable odyssée sonore, une expérience spirituelle, comparable à ce qu'avait fait Gould, mais de manière tellement différente! Oui Barenboim joue au piano, et sans le moindre complexe. Pourquoi en avoir d'ailleurs ? Perahia raconte que la première fois qu'il a joué du Bach devant son maître éphémère, Horowitz, ce dernier lui a demandé pourquoi il n'utilisait pas la pédale...Barenboim ne s'en prive pas. Sa version n'est en rien "originale" et elle n'a pas besoin de l'être. Chaque variation a sa couleur particulière, rendue possible par les variations infinies de nuance et de style. L'imagination et l'intelligence de Barenboim sont ici sans limite. On se surprend à entendre des variations comme jamais on ne les avait entendues. Jamais je pense un pianiste n'a utilisé toutes les ressources de l'instrument dans cette oeuvre comme dans cet enregistrement, sans d'ailleurs pouvoir "étiqueter" son jeu. Tout fourmille de détaille. Le live y fait beaucoup dans la prise de risque. Mais l'intelligence, je me répète, laisse pantois. La dernière version que j'ai écoutée sérieusement, c'était celle de Tharaud, et la comparaison est malheureusement cruelle. On ne s'ennuie jamais dans cette version, ce qui paraît incroyable compte tenu du minutage : près d'1 h 20, reprises obligent.
Belle prise de son au passage. L'antithèse de Gould, probablement aussi indispensable. A ne surtout pas manquer.