JONI MITCHELL – BLUE - 1971 : La Diva De Laurel Canyon
Joni Mitchell, de son vrai nom Roberta Joan Anderson, est née en 1943 au Canada.
Après des études dans les beaux arts, elle s’intéresse à la musique folk et étudie la guitare.
Son nom lui vient de son 1er mari, Chuck Mitchell, qu’ elle avait épousé en 65 et dont elle a divorcé très rapidement ; elle lui rend un bel hommage sur « I had a King » sur son 1er album, SONGS TO A SEAGULL sorti en 68, qu’elle enregistre après avoir chanté dans les bars de Toronto.
Elle quitte ensuite le Canada pour la Californie après la sortie de CLOUDS qui, comme le précédent, est un album essentiellement folk, avec peu de support intrumental, hormis Stephen Stills qui y joue de la basse.
C’est à Laurel Canyon que sa carrière démarre véritablement ; elle y fait la connaissance de David Crosby, puis de Graham Nash, avec qui elle va vivre un moment (Voir la chanson « Willy ») ; c’est elle qui est à l’origine de la formation de Crosby,Stills Nash & Young.
La fameuse pochette de leur 1er disque est prise devant la maison de Joni Mitchell.
Elle ratera le festival de WOODSTOCK à cause d’ennuis de circulation, alors qu’elle devait y jouer en compagnie du célèbre quatuor. C’est cette péripétie qui lui fera composer la chanson « Woodstock ».
Entre temps, elle est devenue une guitariste hors pair, qui révolutionnera le folk avec ses fameux accordages en open tuning, véritable âme de la musique californienne à l’époque.
En 70, elle sort LADIES OF THE CANYON, qui est un album incomparable, tellement les chansons sont bonnes et magnifiquement interprétées. C’est un véritable chef d’œuvre intemporel que j’écoute encore avec un plaisir énorme.
Elle continue à progresser en 71 avec BLUE, album dédié à son ancien amoureux David BLUE, également chanteur folk. Certains disent qu'il est également question de ses relations avec Graham NASH et James TAYLOR.
L'album est somptueux, crépusculaire. Toutes les compositions sont hautement inspirées et des morceaux comme RIVER, LITTLE GREEN, CAREY ou encore A CASE OF YOU sont de très grands moments d'émotion.
Sur BLUE, on entend parfaitement ce son de guitare si caractéristique de l'accordage en "open tuning", sur 5 cordes, dont elle était devenue une spécialiste. David CROSBY fut réellement impressionné par cette façon d'accorder. A cette époque, Keith RICHARD était également tombé amoureux de l'open tuning.
Dés lors, Joni MITCHELL fait partie des valeurs établies des 70’s et seul Dylan est aussi important qu’elle parmi les compositeurs contemporains.
BLUE est mon album préféré, et je pense que c’est son meilleur, bien qu’Yves BIGOT, le grand spécialiste français de Joni, lui préfére THE HISSING OF SUMMER LAWNS.
Comme toujours après 2 chefs d’œuvre, sort un album de transition FOR THE ROSES, que je ne recommande à personne tant il m’a déçu ; à part la pochette intérieure, mais je n’en dis pas plus, ce disque est une réelle déception ; c’est en fait le disque qui marque la fin de sa carrière folk.
Joni Mitchell va ensuite s’entourer du groupe L.A EXPRESS pour enregistrer le superbe COURT AND SPARK en 74, disque très raffiné lorgnant sur le Jazz.
Elle part ensuite en tournée avec L.A. EXPRESS et sort un double album live EXCEPTIONNEL, un des meilleurs live de tous les temps « MILES OF AISLES ». La pochette est splendide : On y voit une salle de concert vide en forme d’amphithéatre, prise d’en haut par Joni, qui a fait elle-même la photo en prenant soin de prendre le bout de ses pieds appuyés sur un siège. On retrouve sur ce disque tous les tubes de LADIES OF THE CANYON et BLUE, mais également une version incroyable de « Cactus Tree », issue du tout 1er disque.
Ensuite, elle continue de se renouveler en enregistrant ce qui constitue pour moi, ses 2 derniers grands disques : THE HISSING OF SUMMER LAWNS en 75 et HEJIRA en 76.
Elle est accompagnée sur le 1er par le sensationnel guitariste LARRY CARLTON et par JACO PASTORIUS sur le 2ème.
Beaucoup de critiques pensent, à juste titre, que ces 2 albums constituent le sommet de sa carrière ; je préfère personnellement sa période folk.
Ce sont des disques plus difficiles d’accès qui ne livrent leurs beautés qu’après bon nombre d’écoutes attentives.
C’est en 1977 que la carrière de Joni MITCHELL bascule ; elle persiste dans le Jazz, ajoute de plus en plus de synthé à sa musique et sort un album « chiantissime », avec Wayne SHORTER au sax : DON JUAN’S RECKLESS DAUGHTER.
L’ennui généré par ce disque culmine sur les 16 minutes de « Paprika Plains ».
En 79, elle rend hommage à Charlie MINGUS avec un album, tout aussi décevant, intitulé simplement MINGUS.
A partir de cette période, ces enregistrements ne m’ont plus du tout intéressé ; je me souviens avoir encore acheté en 82 WILD THINGS RUN FAST, mais la magie n’opérait plus.
L’inspiration de ces débuts s’était tarie à jamais.
Elle s’est ensuite consacrée pendant de nombreuses années à son autre passion, la peinture, et est revenue au milieu des années 90 avec l’album TURBULENT INDIGO, dédiée à sa fille retrouvée Kilauren, dont elle avait accouché sous X, avant de déclarer définitivement forfait, dégoûtée par l’industrie du disque, à l’issue d’un double album de ses classiques accompagnés par un grand orchestre.
Il semblerait qu’elle ait recommencé à composer puisque est sorti en 2007 un nouvel album que je n’ai même pas acheté.
La manière dont j’ai connu Joni MITCHELL est assez amusante : en lisant une interview de Robert PLANT peu après la sortie de leur fameux 4ème album, il mentionnait que sa chanson « Going to California » lui avait été inspirée par une chanson de Joni Mitchell intitulée « California » ; c’est ainsi que j’ai acheté BLUE, et ça a été une véritable révélation.
La pochette du vinyle Original UK est magnifique. Le procédé est ce qu'on appelle le "TEXTURED COVER", ce qui provoque un effet relief imitant le tissu.
J'ai tellement écouté ce disque qu'il est vraiment âbimé. Il a traversé les décennies et les cellules successives de toutes les chaines HiFi que j'ai possédées. Il craque beaucoup et la pochette est râpée sur les tranches.
Mais le plaisir est toujours là, et lorsque je l'écoute, je n'entends que cette musique divine et cette voix merveilleuse, et les craquements ne me dérangent absolument pas.
En fait, ils sont broyés par la beauté de la musique.
Le vinyle REPRISE, réf. 44128, matrice A1-B1, sonne incroyablement.
Ce disque fait partie de mon TOP 5.
J-Luc
