Banc d'essai Naim IBL

[CasaMusica]

voilà le banc d'essai de l'IBL paru dans la Nouvelle Revue du Son mis à disposition par notre généreux Designer de génie.

La société anglaise Naim Audio est surtout réputée pour ses électroniques hautement musicales et ses systèmes évolutifs (à noter avis parmi les plus beaux actuellement disponibles car ils savent traduire toute l’émotion des interprétations).

Quand Naim doit s’attaquer aux problèmes de l’enceinte acoustique, on retrouve la même démarche de perfection sonore, la même sensibilité dans l’approche d’une transcriptions à trois dimensions au réalisme saisissant, les mêmes possibilités d’évolution en mono, bi, voire tri amplification. Aussi, le système IBL est original à plus d’un titre. Rappelons que ces initiales signifient « Integrated Box Loudspeaker » en opposition à l’autre système de très haut de gamme produit par Naim, la SBL « Separated Box Loudspeaker » qui désigne l’enceinte réalisée en plusieurs coffrets indépendants avec une « colonne vertébrale » tubulaire pour l’écoulement en un point des résonances parasites.

L’IBL se présente sous la forme d’une colonne avec le baffle support des hauts-parleurs incliné. Sa hauteur ne dépasse pas les 74 cm pour une base de 18 x 13. Elle est solidaire d’un piétement en tube de section carrée équipé de 4 pointes dont la hauteur peut être ajustée pour un contact parfait avec le sol. Ces pointes assurent un bon découplage sans pour autant amaigrir la zone du haut-grave. Le baffle plan incliné qui supporte les haut-parleurs présente plusieurs avantages. Tout d’abord, on évite les parois parallèles à l’intérieur du coffret qui entraînent souvent des problèmes d’ondes stationnaires. Ensuite, la mise en phase acoustique est beaucoup plus précise par décalage dans l’espace du plan du tweeter par rapport au haut-parleur grave-médium ? ainsi, pour un auditeur assis, les registres grave-médium et aigu, en conjugaison avec les caractéristiques du filtre de répartition arriveront « en même temps » à ses oreilles.

Le coffret est réalisé en médite de 2 cm d’épaisseur, ce qui est rare sur une enceinte de ce volume. Les gens de Naim ont toujours en acoustique bien pensé les problèmes (voir la SBL). Rappelons une nouvelle fois qu’il ne saurait y avoir de bonnes enceintes sans un coffret suffisamment rigide. La frappe des parois de l’IBL est d’ailleurs enrichissante, cela sonne mat comme s’il s ‘agissait d’un bloc compact. La face arrière est légèrement en retrait par rapport aux bords du coffret pour permettre l’encastrement du boîtier filtre, avec en sortie les deux prises distinctes allant l’une vers le grave-médium et l’autre vers le tweeter. Il ne faut pas oublier que toujours dans l’optique de Naim, ces enceintes peuvent par la suite être bi amplifiées. Il existe au catalogue un filtre électronique Naxo 2-4 qui peut être équipé d’un module de charge correspondant.

Derrière le cache en mousse synthétique alvéolaire maintenu par une bande Velcro périphérique, on peut découvrir les deux haut-parleurs, le grave-médium de 13 cm et le tweeter à dôme hémisphérique. Le grave-médium est fixé au coffret par des vis à Allen avec un joint en matériau synthétique pour assurer une bonne étanchéité. Ce très beau haut-parleur dispose d’une membrane à profil exponentiel en pulpe de cellulose avec suspension périphérique demi rouleau en Néoprène. Au centre, en lieu et place du cache noyau, on trouve une pièce cylindrique de mise en phase qui fait office de diffuseur, en particulier dans les hautes fréquences autour de la zone relais avec le tweeter. Cette technique n’est certes pas nouvelles mais a fait ses preuves en éliminant aussi certains effets de sonorités caverneuses produites par les caches noyaux classiques.

Le circuit magnétique de grand diamètre 9 cm pour une hauteur de 1,5 cm assure un champs de l’ordre de 1 Tesla à la bobine de 2,2 cm sur support haute température. La tenue en température de cette bobine est aussi favorisée par le petit espace laissé dans l’entrefer entre celle-ci et la pièce de mise en phase en aluminium. L’équilibre des pressions est aussi meilleur entre l’extérieur et l’intérieur de l’enceinte, évitant certains problèmes de distorsion dus à une mauvaise position de la bobine face au champ magnétique. Cela a ainsi permis d’améliorer les performances dans le grave et que celles-ci ne varient pas dans le temps avec l’augmentation de la température de la bobine mobile. La charge de ce haut-parleur est assez complexe. Elle se compose de deux volumes. Le premier débouche sur le second par l’intermédiaire d’un filtre acoustique réalisé en mailles d’aluminium très fines et très serrées. Il ne s’agit ni plus ni moins qu’un filtre de Briggs dont on connaît tous les avantages ; plus grande puissance admissible par maintient d’une excellente pression à l’arrière de la membrane sur les forts débattements avec une réduction de la distorsion, et, à bas niveau, une plus grande liberté d’excursion, il n’y a que le premier volume qui compte. Il est intéressant de constater que les performances dans le grave sont indépendante du niveau et du temps.

L’amortissement interne est réalisé par des plaques de mousse synthétiques qui assurent une bonne absorption jusque dans les fréquences assez basses. De plus, il fait signaler que l’aimant du haut-parleur grave-médium s’applique par l’intermédiaire d’une plaque de caoutchouc et de deux plaques d’aluminium contre la face arrière de l’enceinte. Sur le plan mécanique, cet appui est important car il maintient tout le saladier (le haut-parleur ne risque pas de reculer, même de manière infinitésimale sur les impulsions) tout en ayant un découplage correct avec les parois.

Le tweeter est isolé dans un troisième volume indépendant. C’est un modèle à dôme hémisphérique de 19 mm en tissu imprégné équipé d’un puissant circuit magnétique qui vient s’appuyer contre le panneau arrière par le même procédé que pour le haut-parleur de grave. Afin de maintenir une pression mécanique constante, la plaque support du tweeter faisant office de châssis est découpée au quatre coins des lamelles faisant effet de ressort. Entre cette plaque et le baffle, un joint en caoutchouc est placé. Ainsi, sous le serrage des vis, les lamelles font office de rappel et plaquent encore mieux le tweeter contre le baffle tout en assurant un bon découplage.

Le volume interne alloué à ce tweeter est lui aussi rempli de laine naturelle, bien qu’il n’y ait d’ouverture de décompression à l’arrière du circuit magnétique. Nous pensons qu’il s’agit plus d’un amortissement des éventuelles résonances parasites qui pourraient naître dans cette cavité mais cela reste à vérifier.

Tous ces efforts de découplage sont loin d’être inutiles. En fait, ils partent du même principe que pour la SBL d’isoler le plus possible les transducteurs les uns des autres pou avoir un minimum d’effet d’intermodulation mécanique et regrouper l’écoulement des résonances par un point. C’est certainement l’une des voies du futur en électroacoustique, les pionniers l’avaient déjà fort bien compris mais en acoustique, comme dans d’autres domaines, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement.

Le filtre répartiteur de fréquence est, ainsi que nous l’avons noté au début de ce descriptif, logé dans un coffret en matériau synthétique fixé à l’arrière de l’enceinte par l’intermédiaire de petits silentblocs en caoutchouc pour éviter la transmission de certaines vibrations parasites néfastes. La liaison s’effectue par deux câbles indépendants vers le haut-parleur grave-médium et le tweeter. La fréquence de liaison avec les deux transducteurs se situe à 2,8 KHz avec des pentes assez raides de 18 dB par octave. Là aussi, en fonction de l’inclinaison du baffle support, le filtre a été étudié pour obtenir une mise en phase correcte. A noter que l’on ne peut réaliser de bi câblage, les haut-parleurs étant en liaison directe, sans passer par le filtre dans cette configuration. Donc attention au branchement, l’IBL ne peut être utilisée que, soit avec son filtre passif d’origine, soit en combinaison avec le Naxo attaquant deux amplis stéréo. Chacun de ces amplificateurs est réservé à une enceinte, la canal droit pour le grave, le gauche pour l’aigu. Ce principe évite certains effet de pompage dans le grave quand le même amplificateur stéréophonique est utilisé pour uniquement les voies graves des enceintes droite et gauche.

L’IBL est un système deux voies très sophistiqué, qui doit tendre vers une transmission de haute définition avec un minimum d’intermodulation et une excellente puissance admissible sans distorsion.

Auditeur B

Les enceintes Naim IBL ont été écoutées dans les deux configurations possibles, passive et active, pour cette dernière en compagnie des électroniques Naim préampli Nac 62,filtre actif Naxo, amplificateurs 2 x 250, alimentations HiCap, la source étant fournie par le superbe Arcam Delta 170 plus décodeur Black Box.

Nous pensons sincèrement que les enceintes IBL ont été prévues pour la bi amplification.
II est très rare qu'un système de ce volume soit étudié en ce sens, Aussi, nous pensons qu'il existe une différence énorme entre l'écoute de la version avec filtrage passif et mono amplification et celle en filtrage actif bi amplification. De plus, pour tirer toute la quintessence de leur remarquable musicalité, elles demandent certaines attentions quant à leur placement. Aussi, si vous écoutez ces enceintes en auditorium, faites très attention à la qualité des démonstrations, au positionnement de ces enceintes. aux électroniques. Vous allez dire ce sont des enceintes pas faciles à vivre, loin de là, comme tout système sensible et hyper transparent, elles ne laissent rien passer et peuvent apparaître aussi bien magnifiques dans le plein sens du terme qu'absolument détestables si on ne prend pas garde à bien les utiliser.

La meilleure disposition consiste à les plaquer contre le mur arrière, et qu’elles portent parfaitement sur chacune des pointes du socle, En version passive, elles mettent
instantanément en lumière les défauts et les qualités des électroniques en amont. Avec de bonnes électroniques musicales, le résultat est superbe de souplesse, de transparence, d'articulation entre les notes, avec une aération que très peu de systèmes
savent rendre. La source paraît comme dépoussiérée, avec des contours bien marqués entre chaque note. L'équilibre tonal est légèrement ascendant, avec un grave qui peut paraître un peu léger, mais qui en fait est présent quand il le faut, sans pour autant qu'on l'entende quand la source n'a pas de grave. Les haut médium aigu sont d'une limpidité extraordinaires, très détaillés mais en souplesse.

En version active on passe réellement à un autre monde sonore, capable de rivaliser avec les meilleurs systèmes beaucoup plus volumineux dans le sens d'une ouverture permanente, d'une aération sublime, d'un suivi rythmique qui s'effectue sans coincer sur les pointes de niveau. Tout se passe avec une rare beauté de timbre et une absence totale d’effets d’intermodulation.

Ainsi, sur les formations complexes, les instruments se détachent les uns des autres avec netteté, tout en étant parfaitement étagés en profondeur, avec toujours ce sentiment que l’air circule autour. La capacité dynamique pour un système de cette taille est stupéfiante et cela aussi bien à bas niveau qu'à fort niveau sonore. On constate aussi que ce système est vraiment prévu pour la bi amplification par tout d'abord un grave d'une tension, d'une beauté qui ne laissent personne indifférent mais surtout, ce qui est beaucoup plus rare, un équilibre tonal qui ne varie pas en fonction du volume sonore choisi. En effet, beaucoup de systèmes actifs paraissent corrects à un niveau donné, et, de par les différences de rendement entre les haut-parleurs, sont complètement dissonants en dessous ou au dessus de ce réglage optimal. Ce n'est pas le cas avec les IB l qui au contraire plus on pousse le volume, plus la courbe tend même vers une excellente linéarité jusque dans le grave.

L'IBL est une enceinte qui demande certaines précautions quant à son utilisation optimale mais cela ne doit pas être un frein ni au niveau du spécialiste, ni à celui du particulier. Elles permettent d'accéder à un raffinement sonore que seuls de très bons systèmes très onéreux, encombrants et peu domestiques arrivent à produire tout en ayant souvent une moins grande notion d'aération. Aussi il faut les considérer avec attention car plus on les écoute, plus on les apprécie ce qui est rarement le cas avec de nombreuses enceintes.

Auditeur C

Nous avons écoulé les IBL en configuration passive. Suite à une première écoute réalisée dans des conditions normales avec les enceintes très dégagées du mur arrière, et avec une électronique relativement de bas de gamme, nous nous sommes sentis « frustrés » car les registres haut grave, médium et aigu apparaissaient réellement exceptionnels mais l'ensemble manquait cruellement d'assise dans l'extrême grave et le bas médium. Or, même en considérant le diamètre relativement petit du haut-parleur grave médium, le principe de charge laissait pourtant entrevoir des possibilités en dessous de 150 Hz. Ainsi, sur certains disques de contrebasse acoustique en solo. L’instrument apparaissait très bon en timbre, mais tendait à baisser subjectivement en niveau lorsque des instruments dans les gammes plus haut en fréquence venaient se superposer.

Aussi, nous avons déplacé ces enceintes en les plaquant contre le mur arrière, changé les câbles et adopté une autre électronique. Instantanément. toujours dans celle configuration passive, le grave a repris de l'ampleur et du corps sans pour autant traîner et l'équilibre tonal a été considérablement amélioré. Dans ces conditions, nous avons pu découvrir un système prenant vraiment peu de place particulièrement étonnant. Le registre médium possède une clarté, une transparence et une capacité dynamique magnifiques. Les timbres sont très riches. Sur les voix l'IBL est particulièrement à son aise, elle souligne les intonations avec un phrasé superbe: et beaucoup d'expressions. Ainsi toute l'intensité de l'interprétation prend une autre signification.

Ce résultat est certainement à mettre au compte du découplage très soigné des haut-parleurs sur le baffle support ainsi que sur la lutte contre les résonances parasites de saladier. L'absence d'intermodulation mécanique entre les deux transducteurs se traduit aussi par une netteté sur les transitoires absolument stupéfiante et une image stéréo où les sources sonores reprennent leur ponctualité comme dans la réalité. Pas de fatigue auditive à craindre, la restitution conserve une cohérence sonore proche de la perfection. L'équilibre tonal, toujours en version filtrage passif, et une fois disposés comme nous l'avons indiqué plus haut, est obtenu grâce à un parfait rapport de niveau entre le grave et l'aigu qui s'atténue tout doucement au-delà de 16 kHz. La capacité en puissance est excellente le 13 cm ainsi chargé a parfaitement tenu les assauts du grand tambour The Pulse, il faut simplement que l'amplificateur puisse suivre sans écrêter. Nous pensons que l'évolution vers le filtrage actif, que nous n'avons pas pu écouter, doit apporter une réponse supérieure dans le grave ainsi qu'une plus grande clarté dans le bas médium. Cela ouvre dans tous les cas des perspectives plus qu'intéressantes car déjà dans sa configuration passive l'IBL possède de nombreux atouts qui peuvent séduire le véritable mélomane qui sait faire la différence entre le spectaculaire et l'intensité d'une interprétation musicale .

[dug]

Bonjour Casa,

Merci pour la mise en ligne, je possède ce numéro de la NRDS...

Existe-t-il un BE de la SBL?

A+
Dug

[eddy]

Bonjour Casa,

Merci pour la mise en ligne, je possède ce numéro de la NRDS...

Existe-t-il un BE de la SBL?

A+
Dug

+1 pour les remerciements, il l'a fait alors qu'il n'aime même pas cette enceinte !

[jeanpi]

DUG, je n'ai jamais trouvé de BE en français pour la SBL mais j'en ai un en anglais et deux en allemand! Si cela te tente?
Et si quelqu'un en a en français, je m'inscrit pour une copie

[CasaMusica]

Existe-t-il un BE de la SBL?

oui, la NRDS l'avait testé. Je ne possède hélas pas ce numéro.

[CasaMusica]

j'en ai deux en allemand! Si cela te tente?

je les ai aussi. Je les traduirais dès que j'aurai le temps et je les mettrais en ligne

[CasaMusica]

il l'a fait alors qu'il n'aime même pas cette enceinte !

ça n'est pas une raison pour ne pas rendre service !

[jeanpi]

Nous comptons sur toi Casa pour ces 2 traductions
C'est donc l'article de Stereo et de Audiophile?
Et...tu ne m'as pas répondu quant au matos relatif à tes essais de 2008!
Merci et à +

[romeo377]

Bonjour à tous,

Comme promis voici un petit CR personnel après 1 mois d'écoute concernant ces enceintes vraiment étonnantes de vie.

La taille est atypique pour une enceinte colonne. les dimensions sont vraiment petites, y compris les HP!!
Le grave n'est pas exacerbé, mais ça me convient parfaitement. Je n'aime pas le bas du spectre mou, baveux et dégoulinant.
Les maîtres mots sont : vivacité, rapidité, précision! Elles donnent beaucoup de musique et sont très peu "démonstratives".
J'aime beaucoup le son qu'elles délivrent, clair et net sans superflu. Bien sûr le son ne remplit pas la pièce de 50m2 mais je m'y attendais. Elles sont juste moins bonnes que les Index lorsqu'on est à 10m, à l'autre bout de la pièce...
Finalement, c'est exactement l'idée que je m'en faisais après lecture des divers CR d'écoute. Elles sont vraiment étonnantes de qualités!!!


Le bon qualitatif est vraiment énorme par rapport à mes index (et à tout ce que j'ai eu avant), c'est un autre monde. J'avais une petite appréhension car je n'avais jamais écouté d'enceintes Naim auparavant. Je suis vraiment très content et satisfait de ces IBLs!



Bref je prend BEAUCOUP de plaisir à l'écoute de mon système!

Précisions : j'écoute principalement du jazz, jazz vocal, rock anglo-saxon 1966 à 1987, rock indus, Electro. Pour moi, les IBLs sont très polyvalentes.

Je vais remplacer prochainement mon Naca 4 par du 5, les HP medium/grave MKI par des MKII et optimiser le placement.
Beaucoup d'entre vous m'ont conseillé un ampli plus costaud : si quelqu'un est partant pour me prêter une paire de 135 je suis d'accord!

[legrand]

un 250 suffit