Initialement fan de blues, il s’engage dans l’armée en 61 dans les paras où il fait la connaissance de Billy Cox qui deviendra son bassiste.
Il quitte l’armée en 63 pour raisons de santé et vu ses talents de guitariste, commence à écumer le territoire US en accompagnant toute sorte de musiciens noirs de l’époque, dont Little Richard et les Isley Brothers.
En 1966, les Rolling Stones irradient les US avec leur hymne « Satisfaction » et lors d’une de leurs nombreuses tournées, Linda KEITH, alors petite amie de Keith RICHARD, remarque Hendrix lors d’un concert qu’il donne à Greenwich Village, et le trouve phénoménal.
Après avoir essuyé le refus d’Andrew Loog OLDHAM (oh la boulette !!), Linda se tourne vers Chas CHANDLER, alors bassiste des ANIMALS, qui immédiatement remarque le potentiel qu’HENDRIX pourrait avoir dans le monde du Rock, qui, faut bien l’avouer, tombait dans une sorte de soupe Pop, tellement éloignée du rock primal.
C’est ainsi que Chandler ramena Hendrix à Londres..
Sa 1ère tâche fut de constituer un groupe, ce qu’il fit rapidement, puis de changer son prénom de Jimmy en JIMI.
Le 1er enregistrement d’Hendrix fut un coup de tonnerre magistral qui secoua le monde du rock fin 66 : HEY JOE, vieux standard de folk dont la paternité contestée en revient à Billy ROBERTS, a été tranfiguré par Jimi, il a ralenti le tempo et a transformé cette complainte d’un amant trompé, en véritable brulôt qui devait rester dans les annales.
C’est après cet enregistrement que Track Records, distribué par Polydor, signa Hendrix.
Il donna son 1er concert en Europe à l’Olympia.
L’impact d’Hendrix est immédiat et foudrayant. Son Blues rock était incroyablement puissant et c’était le plus fort de l’époque.
Le monde entier s’est rendu compte qu’il se passait quelque chose de nouveau, qui allait au delà des Beatles, des Stones et de Dylan lui-même.
Hendrix faisait l’actualité comme aucune personnalité du monde musical avant lui.
Hendrix était mondial, alors que les Doors étaient seulement Américains.
C’est à cette époque que j’ai découvert Hendrix grâce à mon frère, qui dans sa quête de l’oiseau rare, revint un soir avec un 45 tours, sur lequel figurait « Hey Joe ». Je n’avais que 10 ans à cette époque et je croyais que les Stones resteraient insurpassables, mais lorsqu’Hey Joe résonna sur notre vieux Teppaz, je sus immédiatement que ce son unique, qui sortait de cette guitare, allait bouleverser les règles du rock.
C’était en effet la 1ère fois qu’un guitariste virtuose plaçait de tels solos.
Il y a des choses comme ça qui marquent une vie, et moi, ce qui m’a marqué, c’est lorsque j’ai entendu pour la 1ère fois I FEEL FINE des BEATLES, THE LAST TIME des STONES, LA POUPEE de POLNAREFF et enfin HEY JOE.
La suite de la carrière d’Hendrix fut la sortie de 45 tours magiques avant la parution du 1er 33 tour : ARE YOU EXPERIENCED qui, somme toute, déçut un peu, du fait que les 45 supplantaient de loin en qualité le contenu du LP.
Puis fin 67, sortit AXIS BOLD AS LOVE avec le fameux LITLLE WING.
Personnellement, je n’aime pas trop ce disque.
Puis vint le chef d’œuvre absolu, celui qui allait révolutionner le monde de la musique « tout court », j’ai nommé l’extravaguant double album ELECTRIC LADYLAND, qui fut d’ailleurs le 1er sujet de notre dossier POCHETTES VINYLES MYTHIQUES.
Il faute remettre l’accouchement de ce disque dans le contexte de l’époque ; nous sommes en 68 et Martin Luther KING vient d’être assassiné, puis c’est au tour de Bob KENNEDY de subir le même sort. Les US sont déchirés par des émeutes raciales et on se trouve en pleine guerre du Vietnam en train de prendre une sale tournure.
Malgré cela, HENDRIX est euphorique , avec son éternel chapeau sur la tête et son immense sourire qu’il affichait en permanence.
Pendant que les STONES parlent de « combats de rues » et les BEATLES de « révolution », lui va nous parler de sirène et voyages psychédéliques.
L’album fut enregistré au RECORD PLANT et les sessions ont commencé avant AXIS BOLD AS LOVE.
Il y a de prestigieux invités comme Stevie WONWOOD, Jack CASSADY et HENDRIX va se surpasser, à tous les niveaux : CREATIVITE et VIRTUOSITE.
Cet album, que certains disent qu’il a mal vieilli, est un authentique CHEF D’ŒUVRE, basé sur 4 moments inoubliables : VOODOO CHILD (initialement baptisé CATFISH BLUES), 1983, ALL ALONG THE WATCHTOWER et THE SLIGHT RETURN.
Jimi est alors au sommet de son art et touché par la grâce.
La longue suite 1983, où il s’imagine, accompagné de sa petite amie, dans un voyage en quête de retouver l’Atlandite, est un modèle du genre. Articulé autour d’un riff de guitare rappelant celui d’HOUSE OF THE RISING SUN, il arrive à nous transporter dans son monde irréel qu’il retranscrit à merveille grâce à sa technique à la guitare.
Un autre moment magique d’ELECTRIC LADYLAND reste la reprise d’ALL ALONG THE WATCHTOWER. Dylan avait écrit cette chanson pour exprimer son mécontement contre sa maison de disques, comparée ici à un voleur (the thief), pendant que lui, la victime, est pris pour un bouffon (the joker).
Jimi était fan de Dylan, surtout de son travail récent, et il tomba sous le charme de cette chanson, mais il lui fit subir une transformation radicale. D’une bluette acoustique, il la propulsa dans un nouvel univers, proche des grandes musiques d’Ennio Morricone. L’ouverture est grandiose et la façon dont il prononce le 1er vers est saisissante. Le point culminant du morceau réside dans sa dévastatrice série de 4 solos de guitare, dont le 2ème à la slide est délicieux, le tout innondé de reverb, dont il était passé maître.
D’ailleurs, ALL ALONG THE WATCHTOWER devint l’hymne des GI’S sur le front au Vietnam.
L’album se clôture par THE SLIGHT RETURN, un conglomérat de solos destructeurs et enchevêtrés les uns dans les autres, et qui servit de catalyseur au mouvement BLACK POWER. Hendrix n’avait-il pas déclaré que cette chanson était l’hymne national de HARLEM ?
La polémique autour de la pochette est tellement ridicule que ça ne vaut même pas la peine de s’y étendre.
La « pudique Amérique », qui est capable d’autoriser de nos jours les pires spectacles qui soient, n’a toujours pas autorisé la pochette avec les femmes nues.
Ainsi va la vie aux USA.
Le dernier album sorti de son vivant n’est autre qu’un live au FILLMORE enregistré le 31 décembre 69.
Ce disque renferme un autre monument, MACHINE GUN, dans le lequel Hendrix déploie tout son arsenal d’effets : fuzz, wah-wah, univibe etc…
Entre temps, il s’était lancé dans l’écriture de ce qui devait devenir : FIRST RAY OF THE NEW RISING SUN, un double album, enregistré dans son studio qu’il s’était fait construire, l’ELECTRIC LADYLAND, lui permettant d’enregistrer dès qu’il se sentait inspiré.
Et un beau soir, il accoucha de ce qui est pour moi son plus beau morceau HEY BABY THE NEW RISING SUN, au cours duquel sa guitare tutoie les anges.
Avec le BLACK NAPSKIN de ZAPPA et l’intro magique du SINCE I’VE BEEN LOVING YOU de Page au MSG en 73, je n’ai jamais entendu une guitare sonnée aussi bien. C’est le solo le plus sensible que Jimi ait jamais enregistré. Et pourtant, le morceau est inachevé.
Début septembre 70, il accepte de jouer en Europe dans les grands festivals. Il fait un concert magnifique à WIGHT mais au festival de Puttgarden en Allemagne, ça se passe beaucoup moins bien. Alors que Billy COX fait une mini overdose sur scène, des hordes de bikers et d’anarchistes se livrent à une bataille rangée, ce qui fait fuir la foule.
HENDRIX s’installe alors à LONDRES avec sa girl friend, Monika DANNEMANN.
Il était déjà mal en point. Leonard COHEN prétend qu’il était très amoureux de Joni MITCHELL à l’époque et que l’indifférence de cette dernière à son égard, lui fit beaucoup de mal.
Que s’est-il passé la nuit du 17 au 18 septembre 1970 ?
Plusieurs versions, comme pour MORRISON et B.JONES, vont bon train.
La plus plausible, contrairement a ce que prétend Monika qui affirme qu’Hendrix est mort dans l’ambulance suite à de mauvais soins, reste celle des infirmiers qui disent avoir découvert le corps de Jimi, gisant mort dans son vomis. Il avait ingurgité trop de ses cachets de Vesperax et la tentative de réanimation s’est avérée inutile.
En un peu plus de 3 ans, JIMI HENDRIX aura marqué à jamais le monde de la musique moderne et il restera le 1er musicien noir à jouer de la musique de blanc, en enterrant de sa classe toute la concurrence.
Après cela, que vais-je faire cette après-midi ?
Et bien, je vais aller à la FNAC me payer VALLEYS OF NEPTUNE, ce qui me permettra de réécouter ce guitariste hors norme qui m’a fait tant vibrer, cela depuis plus de 40ans.
J-Luc


