et hop !
On joue
Eddy arrive vers 13H, ce qui nous permet de commencer la séance par un déjeuner. Dommage que le mauvais temps nous prive d’une promenade le long de la mer pour nous rendre au restau. La Mer du Nord est très agréable en cette saison. Après le déjeuner, pas trop arrosé : eddy devant installer « droit », les choses sérieuses peuvent commencer.
Elles commencent par l’écoute de mon système tel qu’il est. Un état des lieux que je juge indispensable avant tout changement ou ajout. Mise en évidence d’une particularité des
Kalibrators : elles sont excessivement directives. Je fais état de quelques petits griefs que je reproche aux
Kalibrators : un léger voile qui est sans doute dû au filtre que j’imagine assez complexe, et une chose qui m’avait fait hésité lors de l’achat : des attaques qui pourraient être un peu plus incisives.
Au cours de cette phase, eddy me propose d’écouter son lecteur dans sa dernière version, qui n’est pas celle que j’avais écouté à Bischwiller lors de ma visite de novembre. Il est assez curieux de le comparer au
Mephisto. Donc branchement du lecteur d’eddy en lieu et place du combo : AUDIOMECA
Mephisto + BEL CANTO
DAC 1. D’emblée on a la sensation d’une présence accrue et d’un grave plus profond et de fait d’une meilleure perception de l’ambiance. Ces différences sont assez nettes, et il n’est pas nécessaire de se poser trop de questions pour s’en rendre compte. A la décharge de ma source, je dirai qu’elle me semble conserver la main sur le plan du
legato et du
rubato. Mais chacun sait qu’en HiFi tout est affaire de compromis : à chacun de choisir.
Je précise que cette petite comparaison A/B entre les sources CD, s’est faite sur les deux premiers morceaux (
It Could Happen To You -
Isn't This A Lovely Day? ) du dernier disque de Diana KRALL :
From this moment on
Mais le temps est venu de faire place aux
SBLs. Les
Kalibrators sont des enceintes qui doivent être dégagées du mur arrière et les
SBLs nécessitent d’y être accolées. Le remplacement des unes par les autres nécessitent donc quelques aménagements. Si vous avez vu les photos avant/après de mon séjour, vous avez certainement remarqué que les trois racks avaient changé de place. Quelques temps et quelques contorsions plus tard, les meubles se nichent tout juste-tout juste entre le mur et le conduit, laissant le mur de façade aux
SBLs.
Eddy déballe, vérifie, monte les enceintes. Lorsqu’on se rend compte du temps que cela prend on comprend que certains vendeurs préfèrent vendre des enceintes plus facile à installer.
Je n’ai pas chronométrer, mais j’ai quand même l’impression que le montage au « quart-de-poil » d’eddy a nécessité pas loin de 2 heures. Ce qui pour des enceintes de la taille des
SBLs est quand même assez conséquent. Ce ne sont ni des JM LAB
Grandes Utopia, ni des DYNAUDIO
Evidence, ni encore des WILSON AUDIO
Alexandria.
On branche : l’instant de vérité. Les enceintes sont neuves — Il s’agit, probablement, de la dernière paire neuve sur Terre (à ce propos eddy, n’a pas encore mis son site à jour) — Elles ne sont pas rodée.
Nous rejouons les quelques disques que nous avions écoutés sur l’ancien système, c’est de nouveau ma source CD qui est branchée.
Tout d’abord, je suis presque immédiatement rassuré sur deux points que je craignais un peu.
Il n’y a pas de projection. J’étais un peu inquiet de cela, non pas à cause des
SBLs, mais de leur positionnement : adossées à un mur. Je craignais, que cette localisation occasionne des phénomènes de projection. Il n’en est rien.
L’autre point concerne ce fameux suivi rythmique et mélodique qui existait dans l’association
Kalibrators/LAVARDINs et dont j’ai longuement parlé dans le CR à l’occasion de l’arrivée des LAVARDINs dans mon système. Perdre cela était un prix que je n’étais pas prêt à payer. Là aussi, il n’en est rien. Ce suivi est toujours présent , d’une façon, certes un peu différente, mais là. Cela confirme ma conviction que ce suivi rythmique et mélodique hors pair est bien la qualité première des LAVARDINs lorsqu’ils sont bien associés, et par conséquent me conforte dans mon désir de tenter l’aventure vers l’actif avec eux.
Rassuré sur ces deux points, je peux me consacrer à l’écoute.
On remarque une plus grande sensation de présence. Les
SBLs semblent également plus incisives sur les attaques, sûrement les bienfaits du découplage. Je pense aussi que chez moi, cet effet est renforcé par les différents positionnements des enceintes. J’ai un plancher, les
Kalibrators placées d’une manière un peu centrale se retrouvent à un endroit où se plancher est assez souple. Les
SBLs placées contre le mur, au dessus de l’ancrage des solives, sont à une place où le sol est nettement plus rigide. Rigidité qui est encore accrue par la présence d’un chevêtre à cet endroit précis.
La suite de l’écoute confirmera ces sensations : deux griefs que je faisais aux
Kalibrators se trouvent donc sensiblement amoindris, pour ne pas dire disparaissent : un voile se lève et les attaques sont plus franches.
Même si je n’ai pas pour habitude de procéder par comparaison mais plutôt d’aller vers une recherche d’un ensemble qui me plaît et qui paraît homogène à mes oreilles, on ne peut échapper aux comparaisons lorsqu’on substitue un élément à un autre. Aussi vais-je tenter d’exposer un peu cette comparaison. Pour cela je vais un peu aller au-delà des impressions d’écoute de cette première journée et utiliser certaines des impressions que j’ai eu depuis.
Ces deux enceintes tentent de s’effacer et ne cherchent pas à imprimer une signature sonore comme je l’ai parfois ressenti à l’écoute d’enceintes tel que, par exemple, certaines B&Ws ou THIELs (encore que la 3.2 a un coté janséniste. Par contre, ce résultat me semble obtenu par des chemins très différents :
- par un travail empirique chez Christian Yvon notamment dans l’amortissement interne et un travail poussé, avec composants triés, pour le filtrage.
- par la qualité du découplage des HPs, les uns par rapports aux autres chez NAIM.
Chez les deux, on peut peut-être noter une « certaine indifférence » quant à la qualité des HPs. Par cela j’entends l’utilisation de HPs pas nécessairement coûteux, ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit de mauvais HPs. Je ne compte plus les revendeurs qui m’ont dit (sans d’ailleurs les avoir vraiment écoutées) que les APERTURAs étaient de mauvaises enceintes car elles étaient munies d’HPs tout à fait ordinaires et peu coûteux. Il semble évident que de nos jours, la mention : « diamant », ou « céramique » ou autre fait davantage recette. Pourtant, lorsque J.C. Crozet parle de l’
Opus d’AVALLON, il recommande de surtout prendre le modèle « non-céramique ». Pour lui les seules enceintes à HP en céramique qui marchent sont les MARTEN DESIGN.
Le grave des
SBLs semble descendre plus bas que celui des
Kalibrators, par contre il ne le fait pas avec plus de niveau. Je dis « semble » car les comparaisons directes sont assez difficiles. Les
Kalibrators étant beaucoup plus directionnelles, la présence plus ou moins prononcée du grave est étroitement liée à la position d’écoute. La
Kalibrator, même si (dixit eddy) est « presque une enceinte close, demeure néanmoins une bass-reflex. Ici aussi je pense que les
SBLs sont favorisées par leur positionnement à la fois près du mur et aussi par rapport à une meilleure rigidité du plancher. Mais ce positionnement fait partie intégrante de l’enceinte, dont acte.
Les
SBLs semblent plus pêchues, peut-être est-ce dû à une plus grande transparence , à se voile levé. Toujours est-il qu’il n’y a aucun problème de driving avec les
MAPs. Le potentiomètre de volume indique plus ou moins la même heure qu’avec les
Kalibrators. Je dirai même qu’en moyenne, j’aurai plutôt tendance à le tourner moins. Je reviendrai d’ailleurs sur ce point un peu plus loin de manière indirecte. En tout cas, cela confirme bien que les
Kalibrators sont des enceintes difficiles à driver, malgré leur 92db de rendement annoncés.
D’une manière générale l’écoute des
SBLs est plus présente, plus peps, en résumé plus « Live », ce qui n’est pas pour me déplaire.
Mais…..
Comme je le disais plus haut, la HiFi est généralement une affaire de compromis et je me doutais bien qu’il y aurait quelques « mais… ». Vous aussi, j’espère. Sinon Dug sera très déçu.
Et, donc, les
SBLs rendent quelques points aux
Kalibrators.
Les
Kalibrators m’apparaissent « plus chantantes », les
SBLs sont plus « sèches ». Aussi ici, peut-être est-ce un effet du découplage, la contrepartie. Il n’a pas très longtemps sur le
Forum Vert voisin, je lisais les remarques d’un membre en réaction aux tentatives d’Art Dudley de
Stereophile sur la
LP12. Ce forumeurs trouvait asez amusant ces différents essais de « tweak » sur des platines tel que la
LP12s ou les GARRARDs visant à les rendre plus rigoureuse, alors qu’il y avait de fortes chances que le secret de leur musicalité résident justement dans cette imprécision. Cela me rappelle également un article lu il ya quelques années au sujet des travaux sur l’Intelligence Artificielle : les chercheurs avaient du introduire la notion de « doute » dans les algorithmes pour que leur recherches puissent progresser.
L’autre point sur lequel les
SBLs n’arrivent pas à lutter avec les
Kalibrators est la profondeur de l’image. Mais cela était écrit d’avance. Une enceinte positionnée contre un mur, ne peut absolument pas rivaliser sur ce point avec une autre en position plus centrale. Entre les
Kalibrators et les
SBLs, la position d’écoute dans la pièce n’a pas bougée, et les baffles ont reculés par rapport à cette position d’environ 1m40 : les musiciens semblent néanmoins plus proches. Cela participe certainement à la plus grande sensation de présence, mais au détriment d’un étagement des plans moindre. Encore une fois, je pense que c’est plus le positionnement de l’enceinte qui est la cause de cela, mais comme il fait partie intégrante d’elle-même… De toute façon cela était prévisible et l’essentiel est qu’il n’y ait pas de projections.
Je reviens maintenant à la journée proprement dit. Nous sommes en fin d’après-midi et il est temps que j’aille récupéré mon fils chez sa nounou.
A mon retour eddy écoute un disque que nous n’avions pas encore passé :
Road Movie d’Antoine HERVE

Je ne sais pas si eddy le connaissait ou s’il l’a choisi au hasard. C’est un très bon disque, bien enregistré de surcroît. Si vous l’avez, ou si vous allez l’acquérir — ce que je vous conseille — vous remarquerez au dos de la pochette que Joel Perrot est crédité en tant que participant aux prises de son. Joel Perrot, joperrot du
Forum Vert, est équipé aussi bien chez lui qu’à son studio en électroniques LAVARDIN. J’aurai d’ailleurs l’occasion de parler de certains échanges que j’ai eu avec lui, lorsque j’aborderai l’évolution vers l’actif.
Bon ! le disque joue, et il joue plutôt pas mal. Quelque chose a changé. Au cours de l’écoute, j’avais fait remarquer à eddy que l’équilibre tonal des
SBLs, me semblait plus montant, plus brillant qu’avec les
Kalibrators. maintenant cette sensation est très sensiblement atténuée. Eddy m’explique qu’il a légèrement rapproché les enceintes, veillé à ce qu’elle soient bien parallèles au mur et à légèrement reculé le tweeter. Le réglage des
SBLs s’avère être très fin, et donc à moi de le peaufiner au fil du temps et du rodage.
A l’occasion de l’écoute de disque nous refaisons une comparaison de type A/B entre le lecteur d’eddy et ma source CD sur les 5 premiers titres :
1 —
Djakharta
2 —
Road to Northsea part 1
3 —
Road to Northsea part 2
4 —
Road to Northsea part 3
5 —
Rue des lombards
Mêmes constatations qu’en début d’après-midi. Mais bizarrement je dois avouer que les différences entre les deux sources, bien que présentes, sont moins immédiates que sur les
Kalibrators en début d’après-midi. Est-ce la fatigue auditive qui se fait sentir en fin de journée ? Il y a aussi le fait que ce n’est pas le même disque que tout à l’heure, ceci explique peut-être cela.
Mais la journée se termine, ou plutôt devrais-je dire, la soirée commence. Eddy décline mon hospitalité et préfère rentrer ce soir, car beaucoup de travail l’attend. C’est un peu inquiet, quand même que je le regarde repartir vers Bischwiller.
J’avais mis une bouteille de champagne « blanc de blanc » millésimé 1995, pour fêter l’occasion : je la bois avec Dominique qui trouve les nouvelles enceintes moins agressives au niveau du son et, moins envahissantes dans l’espace du séjour.
Je reviens sur cette notion de « moins agressive », car je la trouve un peu contradictoire avec le caractère plus pêchu et plus présent des
SBLs et j’ai essayé de l’analyser et de l’expliquer. Comme je l’ai dit précédemment, les
Kalibrators sont des enceintes assez directionnelles, et il arrivait parfois qu’avec un niveau rglé convenablement pour la position d’écoute et un équilibre tonal correcte, cela paraissait jouer nettement trop fort lorsqu’on était à un autre endroit de la pièce, ou dans la pièce adjacente ou encore tout simplement debout. Les
SBLs permettent d’écouter plus fort dans la pièce.
Pour terminer provisoirement ce CR, que je complèterai d’impressions diverses ultérieurement : à d’autres occasion et pour des raisons diverse exposée par ailleurs, j’ai fait état de ma recherche vers une restitution de type full-range, L’actif m’apparaît comme la voie royale pour essayer d’y arriver. Je pense donc avoir posé le premier jalon vers cela, avec l’acquisition des
SBLs, enceintes « activables » et je suis prêt à continuer l’aventure, avec les LAVARDINs, bien entendu.
.................................................................... (à suivre)
