Désolé, j'ai un poil l'impression de phagocyter le forum là... veuillez m'en excuser.
J'ai eu l'occasion de passer le week-end dernier "seul avec les œuvres pour piano seul de Maurice Ravel", qui est mon compositeur de prédilection, celui que j'affectionne entre tous, mon "maître à penser" en musique (excusez la pédanterie mais je n'ai pas trouvé d'autres phrases).
J'avais l'impression que l'intégrale d'Alexandre Tharaud se plaçait au sommet de la discographie. Et Dieu sait que je suis exigeant concernant les interprétations de Ravel. Lors de ce week-end "piano avec Maurice" j'ai pu me régaler des interprétations de Vlado Perlemuter, très porches du texte (il a joué bien souvent du Ravel à Ravel), admirer Robert Casadesus pour son approche accrocheuse, aimé follement un enregistrement live peu connu de Martha Argerich dans les Gaspards de la Nuit, insurpassable, dans une salle de tousseurs, affreux, mais prodigieux (le pendu est vraiment pendu pour le coup); je me suis aussi régalé avec l'approche étonnamment dense de Nicolas Angelich, avec l'incomparable Samson François (pas ma tasse de thé mais tout de même quelle verve! et ce jeu détaché, perlé, frappé fort, qui ne peut que prendre à la gorge). Il y avait aussi de beaux moments en compagnie d'Arturo Benedetti Michelangeli, dans des Gaspards habités de lumières lunaires. Et puis comment oublier l'injustement méconnu Jean Efflam Bavouzet dans ces œuvres, qui a choisi de déployer sa grande poésie sur un instrument de l'époque de Ravel, intéressant et très habité! Je vous en passe, j'en ai des dizaines. Mais voilà pour les plus importants à mes yeux, ceux sans lesquels je ne pourrais concevoir une CDthèque correcte et digne de ce nom.
Et bien oui, je confirme mes impressions, venues lors de la parution du double CD d'Alexandre Tharaud. Il est à mes yeux les plus proche du texte (j'aime lire les partitions de Ravel en écoutant, parfois seulement, là je l'ai fait). Je vais essayer de n'en pas faire des tonnes, mais tout y est: le texte scrupuleusement respecté (Ravel demandait que l'on joue sa musique comme elle était écrite, sans en rajouter, ses partitions étant fort riches en indications diverses et variées), poésie, recueillement parfois, et surtout, le plus important, une part franche laissée à une sorte d'onirisme de bon aloi.
Croyez un "Ravelomaniaque" compulsif, il s'agit là d'une intégrale à placer au panthéon de la discographie du piano de Ravel!