Bonjour bonjour,
Un petit mot sur Jean-Claude Casadesus et son Orchestre National de Lille - ONL.
La saison 2014-2015 sera la dernière de "notre chef à nous qu'on a". A 80 ans il prend une retraite bien méritée. Il va nous manquer, beaucoup.
Un homme simple, facile d'accès (qui a failli écraser une fois ma femme, roulant vachement vite avec sa BMW noire près du Nouveau Siècle), pétri d'humanisme (concerts dans les prisons, dans les usines etc...). Casadesus a récupéré dans les années 70 un orchestre limite amateur. D'année en année, il a auditionné et engagé de fabuleux musiciens, munis, eux, d'instruments hors pairs dignes des plus grands orchestres. Il a façonné le son de son orchestre au fil des ans, engageant toujours et toujours des artistes incroyables. Par exemple Fernand Iaciu, un roumain, premier violon remarquable qui joue parfois des concertos avec l'ONL (son Mendelssohn est génial), ou encore Aïko Miyamoto et Romain Robine, deux percussionnistes très convoités, qui sont devenus amis et donnent chaque année des concerts à deux percussionnistes.
Concernant le style, j'ai toujours comparé Casadesus à Fritz Reiner (toutes proportions gardées) pour son soucis de précision, d'étagement des plans sonores et d'incise. Un son un peu sec (dans le bon sens du terme) sans rondeur exagérée. Casadesus joue, comme tout chef, à peu près tout, mais il a des affinités électives avec Mahler, Bartók, Ravel et Dutilleux.
Jean-Claude Casadesus a su mettre à profit ses accointances politiques. Engagé à gauche, au Parti Socialiste, il a été l'un des meilleurs amis de Pierre Mauroy puis un proche de Martine Aubry. Cela lui a permis d'être un peu "no limit" en terme de budget pour les salaires de ses musiciens, leurs tournées internationales et leur nouvel auditorium. Ces affinités qui lui ont permis d'avoir des crédits donnent des suées aux opposants politiques de la ville de Lille, qui reprochent des dépenses somptuaires. Pour nous, mélomanes, c'est tant mieux! La politique ne s'entend pas quand l'orchestre joue!
Profitons de sa dernière saison, il a concocté lui-même le programme de la saison afin de pouvoir jouer ses œuvres favorites.
"Un bien bel homme" comme dirait Jack Lang.