Salut.
Je ne poste pas ça en coups de cœur ni en "déçu par un disque". En effet j'en perds mon latin. Je n'y comprends rien, impossible de savoir si j'aime ou pas?
Bon, j'avais hâte d'écouter cela, j'attendais la sortie. Zimerman dans Schubert c'est très peu dire que ça matche... y'a qu'a se reporter à ses Impromptus... je les mets aux cotés de ceux de Cassard tout en haut de la discographie de ces pièces. Et puis Zimerman en général hein... que dire... inspiré, tout le temps (ses concertos de Ravel avec Boulez seront-ils approchés un jour?).
Bon, rien pigé disais-je, et si je poste ici c'est que j'espère avoir l'avis d'autres Schubertiens. On n'en manque pas ici, surtout pour ces dernières sonates, pour lesquelles Serkin et Cassard dans la 959 et Richter dans la dernière D960 semblent faire l'unanimité. Je pense par exemple à Groucho mais on est nombreux.
Je ne parlerai que des mouvements lents (les 2ème de chaque sonate).
Dans le D959 j'ai été d'emblée surpris. Par la main gauche. On est dans un cas d'école de staccato loué. Staccato on voit bien, louré c'est pareil mais les notes sont jouées bien au fond du clavier, ça fait un truc genre staccato qui cherche à se rapprocher d'un legato, ou un "entre deux", on sépare les notes avec le staccato mais en même temps elles sont bien rondes et chaudes et chaleureuses quand même car au fond des touches. Bref dur à expliquer mais beaucoup voient de quoi il s'agit, ou alors si on fait un peu de piano. Ce serait ce staccato louré un genre de Gould en plus rond et suave. Bon, ça m'a heurté et fait bizarre cette main gauche tout louré détaché sur le début hypnotique, et la fin qui reprend ça. Par contre la main droite est vachement legato et hyper chantante. Un rêve. Mais j'y comprends quedale mais alors quedale. Si certains connaissent l'interprétation d'Alain Planes là dedans on y est, en plus marqué encore. Bon pour la partie centrale qui doit être jouée super fort avec plein de notes il ne joue plus comme ça, ça en devient symphonique, totalement génial, sublime, que c'est beau, si bien joué! Un tourbillon, faudra que je ré écoute mais c'est incroyable, on tient là une perle. Bref, j'aimerais savoir ce que vous en avez pensé, moi ça me déstabilise totalement, j'ai l'impression d'entendre en même temps deux pianistes jouer et je suis à chaque instant tiraillé entre deux feux
Pour le D960, c'est moins flagrant, mais c'est bien là quand même. Mais par contre la partie chantante, qui commence quelques minutes (typiquement à 3'30'') après cette sorte de marche au bord d'un gouffre est follement chantante. C'est pour moi le plus beau moment de cette sonate et c'est tellement difficile, de faire chanter la mélodie alors qu'elle doit être jouée lentement. On croirait qu'il joue le 3ème Impromptu. J'ai une passion pour ce mouvement de la D960 et cet instant précis qui passe d'une sorte de stagnation du temps (comme souvent chez Schubert) à quelque chose qui reste dans le ton mais en plus mélodique, en avançant, et qui montre que malgré tout la lumière n'est pas loin, même si ce serait plus une lumière lunaire que solaire. Je suis si exigent là dessus que je n'aime que Richter à Prague en live. J'ai toujours pensé que tout le monde se plantait sur ce long passage à part lui. Même Cassard ne chante pas là dessus, et même R. Lupu! Tout le monde est plus ou moins pesant je trouve. Bah Zimerman réussit le prodige Richterien de chanter sublimement dans un moment si lent. Bref ça j'ai adoré mais la première partie du mouvement j'ai pas tout pigé non plus, de même que la reprise du thème à la fin. Pour le premier mouvement qui est un des plus long de Schubert au piano ça matche bien dans ces répétitions et encore ces répétitions qui deviennent envoûtantes, mais encore uen fois, on dirait que les deux mains ne sont pas toujours d'accord entre elles.
Des avis? Je sais que c'était long mais ce disque c'est quand même pas rien... d'abord parce que beaucoup l'attendaient de pied ferme et aussi parce que c'est un cadeau eud' la vie que Zimerman s'y colle. On est à l'opposé des visions de Maurizio Pollini, qui joue comme un ordinateur sans âme. Je le foutrais en prison ce mec
![Dan.San :rougefaché:](./images/smilies/30.gif)
, mais c'est une autre histoire.