Le cahier des charges: remplacer à terme une paire de Celestion SL 600, icône en son temps (1988!) dans le monde de la hifi, considérée comme une référence en matière de précision et d'ouverture sonore. Ma paire est en parfait état de fonctionnement et de conservation (en fait, comme neuves). Très chères en son temps (1.500,00 € en 1988, une somme), elle fût pionnière pour renverser ce cliché sur les enceintes anglaises, qui se devaient de sonner chaudes, mais parfois tellement bouchées (Rogers, Kef, Spendor, B&W,...). Seul hic, la diva était impitoyable sur les mauvaises prises de son, alors que toute la prod. anglaise se devait d'être assimilée à un mange-disque capable de tout digérer avec plus ou moins de bonheur. Seul Linn tirait son épingle du jeu. Aujourd'hui, certains fabricants (charlatans?) feraient bien de s'en inspirer encore… Autre point, son rendement catastrophique (82 db je pense) lui interdisait toute électronique à la ramasse. Ca, c'était pour la SL 600.
Après avoir écouté plusieurs modèles, dont la dernière version de la 805 (remarquable, mais chère et très exigeante en amont), je préfère rester ici politiquement correct (je suis un ancien revendeur hifi) et ne pas trop m'étendre sur les écoutes parfois affligeantes de certaines marques (et non des moindres...), dignes d'un son de boîtes à chaussures. Je ne savais pas qu'il était encore possible de vendre la m... au prix de l'or. La nouvelle 805 est très homogène, mais équipée d'un sub et de bons pieds, on frise les 10.000 €, ça commence à faire cher la biblio…). J'avais déjà eu l'occasion de pouvoir écouter les ATC SCM11 à la sauvette, et je fus immédiatement conquis par son écoute très droite, sans aucune coloration. Finalement, je trouve un revendeur qui est à même de pouvoir me faire écouter à la fois les 19, et, cerise sur le gâteau, les Graham Audio LS 5/9, copie de la mythique Rogers qui équipait la BBC. Look 100% vintage, façon Harbeth (Harbeth, c'est bien, j'en possède une paire

Pour les ATC 19, inutile de délirer avec du Constellation Audio ou du dCS, j'avais demandé un bon intégré et une bonne source en lecture cd. Donc, un Supernait (quelle bombinette ce truc


Une rapide présentation de la marque tout d'abord: ATC, entreprise anglaise, conçoit et fabrique elle-même toute une gamme de HP et d'électroniques. C'est déjà un gage de sérieux. Elle équipe bon nombre de studios et de musiciens renommés à travers le monde. La gamme se compose d'une division pro et hifi (on s'y perd toutefois un peu dans les différents modèles actifs et passifs...). En hifi, sa distribution semble assez confidentielle. Tant mieux finalement, ça change du marketing parfois outrancier de certaines marques.
Rayon technique, c'est du lourd, 18 kgs (!), avec un boomer à lui seul de 10 kgs (!!). Les grosses encaissent 108 db en pointe (pas mal pour une biblio) avec une puissance recommandée jusqu'à 300 W (et pour les avoir titillés avec un Gato Audio DIA 400, les specs techniques annoncées sont bien réelles) . La tenue en puissance sur papier semble donc confirmée. Ce qui fâche un peu, le rendement, 85 db, qui laisse augurer une certaine retenue dans la dynamique. Il n'en sera finalement rien. Finition de très belle facture en satin noir (qui semble toutefois sensible aux taches), ça respire le sérieux, pas de fioritures inutiles, borniers de qualité pour du bi-wiring (et pour la bi-amplification?). Le sub C1 présente des specs plus modestes, un 32 cms quand même, mais avec "seulement" 200 W d'amplification.
Le local d'écoute: transformé en auditorium et salle HC, sous combles, surface au sol de 45 M2, hauteur sous toiture 5,5 M, +/- 200 M3 de volume, un sub se justifie donc amplement. Pas de traitement particulier, si ce ne n'est la quantité importante de matériel présente (on ne se refait pas, et aucun système au monde n'est parfait, tout est question de compromis) qui "meuble" la pièce (7 systèmes différents, largement plus d'une tonne de matériel, +/- 250 m de câbles dans tous les sens, 25 HP (pour les grincheux de service, la plupart des HP sont équipés de straps pour les mettre en court-circuit, les ondes parasites qui pourraient dès lors être générées par les HP sont donc maîtrisées). Ici, le WAF prend toute sa saveur

L'acoustique du local: légèrement claire et réverbérante (un peu moins de 200 M3 sans traitement particulier, pas de miracle), elle favorise la reproduction de grands orchestres, avec une image sonore ample en largeur et profondeur. Quelques petites bosses détectées au générateur de fréquences, rien de rédhibitoire, les fréquences extrême grave y seront à la fête.
Le point d'écoute: j'ai tjrs préféré une écoute de proximité, et acoustiquement parlant, plus on s'éloigne du point d'écoute des HP, plus les défauts de votre local seront amplifiés. Donc, pour ma part, c'est 3,5 M de distance avec un écartement de 2,7 M. Presque une configuration équilatérale, à l'antithèse du bon vieux triangle isocèle et des règles de l'acoustique. Aucun pb avec les ATC, qui vous le rendront bien question image sonore.
Mise en œuvre: sur une bonne paire de pieds, lestés de sable (on arrive qd même à 30 kgs l'ensemble pied + enceinte, ça commence à faire lourd pour du biblio), pieds légèrement pincés vers le point d'écoute. S'agissant d'une enceinte close, on veillera à laisser suffisamment d'espace et d'air autour des enceintes pour laisser le grave s'exprimer totalement. Le placement du sub est plus délicat, il n'existe pas de règle particulière quant à son placement précis dans un local, sa mise en œuvre nécessite de très nombreuses heures d'écoute. Dans mon cas, le sub sera finalement placé dans l'axe des hp, la fréquence de coupure sera calée sur 70 hz, de façon à favoriser l'ouverture dans le bas médium. Le volume du sub réglé assez haut (75 dans mon cas).
Premières impressions d'écoute: ces enceintes demanderont facilement plusieurs dizaines d'heure de rodage, l'écoute est "raide", un aigu qui file trop haut, un grave trop sec. C'est droit, mais ça manque cruellement de chaleur. Par contre, l'ampleur est bien présente, les grands masses orchestrales sont reproduites avec une aisance peu commune en regard de la taille des HP. Constat: ces enceintes sont hyper exigeantes quant à la source et l'amplification. Après pas mal de configuration (il y a du stock

Tests d'écoute et conclusions: cette enceinte est redoutable sur la qualité des prises de son. Oubliez tout ce que vous avez entendu en matière d'enceintes anglaises, ici, on navigue manifestement dans la cour des grands, où le compromis n'est pas de mise. Intolérable quant à la source, les timbres des différents instruments sont reproduits avec une droiture peu commune. Le grave est d'une définition exemplaire, hyper fouillé, sans aucun artifice ni coloration. Le médium fait preuve d'une ouverture et d'une richesse hors pair dans cette gamme de prix. L'aigu file très haut, le grain des cordes frottées retranscrit avec bcp de justesse. Dans les grandes masses orchestrales, aucun tassement sonore n'est constaté, aucune confusion dans les forte, dynamique et transitoires font preuve d'une aisance hors classe, ce ne sont plus des enceintes bibliothèques, mais bien des vraies colonnes que vous écoutez. Bluffant sur des symphonies, il y a une superbe matière dans les instruments, c'est le nirvana. Une véritable boule de nerfs. Magnifique image sonore en 3D. Couplées avec le subwoofer, les derniers octaves de l'orgue ou d'une grosse caisse sont retranscrits avec une magnifique aisance, dépourvus de tout traînage ou basse flatterie. Au final, une enceinte très polyvalente sur tous les styles de musique, avec un bémol: sources, amplification, câbles et prises de son ne supporteront pas l'approximation, leur mise en œuvre est (très) exigeante pour en tirer le meilleur parti. A défaut, elles vous inviteront fermement à revoir votre copie. Prochaine étape, un lecteur réseau.