
A la source de ce paradoxe qui empêche d’établir une hiérarchie, la propriété des câbles sur les hautes fréquences dont on n’imagine pas la portée puisqu’un câble est un élément réactif. Cela semble être en contradiction avec la première phrase et c’est tout l’intérêt de l’exposé !
Les seuls éléments réactifs d’un système sont les câbles et les enceintes acoustiques. Une source, un préamplificateur et un amplificateur ne rentrent pas dans cette catégorie (ils ne filtrent pas la musique). Il y a donc un lien entre les câbles et les enceintes acoustiques. Les câbles sont de curieux éléments qui disposent d’une place à part qu’elle partage avec les filtres des enceintes acoustiques !
Les câbles qui relient deux éléments analogiques peuvent-être classés en deux catégories : les câbles de modulation et les câbles « d’enceintes ». Pour ces derniers l’appellation courante me paraît fausse car ils représentent la première charge de l’étage de puissance (un étage différentiel comme chez Naim qui est extrêmement rapide est sensible à l’impédance de cette première charge qui va relayer l’énergie au filtre passif des enceintes). C’est donc à l’amplificateur qu’il faudrait associer ce fameux câble, d’autant qu’il n’y a pas la moindre adaptation d’impédance entre le câble d’enceinte et son filtre, le câble apporte simplement sa composante réactive qui est indépendante de l’enceinte même, une quelconque association n’a donc pas de sens.
Il faudrait donc par conséquent, comme le fait Naim, associer le câble non pas à l’enceinte mais à l’amplificateur. C’est pour le moins curieux que personne ne parle de cela, Naim est bien seul avec leurs belles intuitions, ils semblent nager à contre courant. Il est probable que les vendeurs de câbles aient un avis très différent sur la question !
Le plus important est bien sûr le résultat lorsque l’on fait des essais de câbles. Et ils sont parfois spectaculaires alors que ma thèse ci dessus tend à démontrer qu’ils n’ont pas autant d’importance qu’on veut bien leur prêter. Pour y voir plus clair dans ce qui pourrait paraître contradictoire, quelques essais pratiqués sur le glissement des harmoniques (ce que font justement les câbles) m’ont apportés les réponses et les arguments nécessaires pour affirmer que le lien qui existe entre les câbles et les enceintes acoustiques est certes complexe, cependant on peut expliquer totalement la large palette des effets ressentis lors d’essais de câbles. L’explication ne manquera sûrement pas de surprendre.
Lorsque j’avais enfin atteint la bonne corrélation temporelle et que le filtre était en adéquation quasi parfaite avec l’enceinte acoustique, j’ai bougé les harmoniques pour en apprécier les conséquences sur l’écoute ( exactement de la même manière que le ferait un essai de câbles de modulation). Je connaissais déjà le résultat lorsque l’enceinte n’est pas corrélée (le cas général quand même, pardon d’insister!), j’ai eu mille fois l’occasion avant d’arriver au Graal d’en apprécier le résultat, souvent spectaculaire, lorsque j’apportais à un des deux HP un déplacement temporel des fréquences équivalent à ce que ferait un changement des câbles de modulation ( pas des câbles HP car eux ont un pouvoir de déplacer les fréquences près de 20 fois supérieur, les effets sont alors très différents… ). A ma surprise j’ai constaté que lorsque l’enceinte avait enfin atteint un degré de corrélation très élevé, l’effet des câbles a été relativement faible, en tout état de cause beaucoup moins spectaculaire que lorsque l’enceinte n’est pas corrélée ! Cette surprise à elle seule explique beaucoup de choses pour ne pas dire tout ! Beaucoup de naimistes ont gardé leur petit gris sur leur source après avoir essayé des câbles en tout genre… c’est uniquement parce qu’au bout, les enceintes qui vont traduire concrètement les écarts des câbles étaient des SBL dont on connaît la bonne cohérence. La réciproque est vrai aussi : les câbles sont de véritables révélateurs des défauts temporels ou de cohérence des enceintes acoustiques ! Sur une enceinte dont les temps sont aléatoirement faux, un essai de câbles peut se révéler spectaculaire… L’explication est très simple : imaginer des fréquences fondamentales extrêmement proches les unes des autres émises par un HP. Puis encore, l’autre HP qui émet ses propres fréquences fondamentales qui vont s’intercaler entre celles émises par le premier HP, il y a peu de place on parle de petites dizaines de nano secondes. Elles vont s’intercaler car les fréquences qui viennent d’un même instrument sont très proches ( phases quasi identiques ce qui traduit aussi une position précise dans l’espace de la source de l’instrument, c’est dans son « ADN » ), du moins c’est le cas dans la réalité et cela sera le cas si l’enceinte est corrélée.
Si l’enceinte n’est pas corrélée, tout est possible… les fondamentales des instruments et de l’acoustique sont mélangées d’une manière plus ou moins aléatoire ( c’est ce qui va expliquer la palette large des effets ressentis). Après toutes ces fondamentales qui doivent être à leur bonne place, il reste bien sûr à placer les fréquences élevées du tweeter, les harmoniques qui vont se mettre sur le dos des fondamentales (en terme d’acoustique on dit « moduler » la fondamentale).
-Dans le cas où les HP sont corrélés, on retrouve les fondamentales d’un même instrument les unes à coté des autres dans l’air, il n’y a pas d’intrus qui s’est glissé, chacun est à sa place. Si l’on fait un essai de câbles de modulation, un changement fera sauter les harmoniques d’une fondamentale sur celle qui se trouve juste à coté, le potentiel d’un câble de modulation ne permet pas de sauter plus loin ! La différence sera bien audible mais elle se situe sur le timbre d’un même instrument, son effet ne sera pas spectaculaire (Si l’on poursuit cet écart comme je peux le faire avec le filtrage, le détricotage des instruments se poursuit). Dans le cas d’une enceinte corrélée une certaine tolérance s’installe contrairement au coté très aléatoire d’une enceinte non corrélée ( comme pour la SBL plus haut même si le degré de corrélation n’atteint pas en toute rigueur ce que j’imagine, sa cohérence est de beaucoup supérieure aux autres enceintes avec quelques rares autres bibliothèques).
-Dans le cas des enceintes non corrélées, les fondamentales qui se côtoient ne font pas partie du même instrument. D’autres fréquences se glissent entre, venant d’un instrument à coté ou de derrière, dans le pire des cas certains transitoires de l’acoustique peuvent s’y glisser et produire des résonances. Un changement de câbles peut alors se révéler très spectaculaire comme par exemple dans le cas précis où une harmonique de grande amplitude saute d’un instrument sur une fondamentale qui n’a rien à voir là et qui se trouve être une fondamentale de l’acoustique, le tout va méchamment résonner, c’est bien sûr le résultat inverse qui est recherché par l’essai de câbles. A noter que la résonance en l’occurrence peut sensiblement disparaître et améliorer le confort d’écoute par un essai de câbles mais le gros souci des fondamentales qui ne sont pas à leur place restera ne sera pas résolu !
Le résultat d’un essai de câbles de modulation va dépendre des erreurs des enceintes. Sans que l’on se doute, au final on choisit un câble qui arrange au mieux le plaisir d’écoute mais un essai de câbles permet de révéler le degré des défauts temporels de l’enceinte acoustique : un effet spectaculaire n’est pas de bonne augure pour la cohérence ! Pourtant dans l’exemple parmi d’autres, un simple câble de modulation, un fil isolé, a réussi un petit miracle en faisant quasiment disparaître une résonance gênante ! Il est vrai que c’est souvent suffisant pour le plaisir. Les câbles n’ont plus de secrets pour vous !