Bonjour tout le monde.

Ari Bragi Karason|Standards by the Nordic Quintet
Philippe m'a fait parvenir ce disque avec quelques questions techniques;
"Avec JRiver, l'analyse de la première plage donne : LU = -10,2 ; Replay Gain = -5,17 ; Plage dynamique = 5,6 LU ; DR = 9 ; Niveau de crête = -0,6 dBTP. Cela correspond-il à ce que te donnent tes outils ? "
Pour ce qui est du ReplayGain et du DR, on en a déjà parlé. En fonction des systèmes ou process qui calculent ou mesurent, les chiffres peuvent être différents. Ils permettent néanmoins de "se faire une idée" de comment le fichier et ses pistes ont été (mal)traitées. C'est déjà ça.
Après, pour aller plus loin dans les contenus/contenants, il faut veiller à ne pas tout mélanger, ce qui n'est pas facile.
Quand on voit tous les machins (dB, LU, etc) qui se ressemblent et portent (presque) le même nom, on se paume facilement.
Comme l'a rappelé Deb (Eric, dont le SON est le métier), aller trop loin dans des recherches et/ou analyses sort totalement du cadre d'un forum comme celui-ci.
Néanmoins, comme le montre la demande de Philippe, plein d'outils de lecture musicale analysent et fournissent aussi des données très techniques.
La boucle est alors bouclée et, soit on se dit;
- Qu'on s'en fout complètement et que ça ne (me) sert/servira à rien,
- Que si mon/notre truc ou machin me/nous donne ces chiffres, c'est qu'il les trouve quelque part et que, visiblement, ils doivent ou peuvent servir à quelque chose... ou quelqu'un.
Reste ensuite, selon que l'on y accorde importance et/ou crédit, à corréler CHIFFRES et MUSIQUE!
C'est là que "l'envers du décor" intervient. Qu'y a-t-il dans une noix, derrière le rideau ou le miroir, avec ou sans tain, avec ou sans alouettes?
Sans aller très/trop loin, il semblerait que les données "DR" (plage dynamique, 2001) soient déjà lues ou consultées par nombre d'écouteurs.
Une
base de données répertoriant, à ce jour, plus de 180 000 albums est consacrée à ce/ces DR. La GDL en est vraisemblablement à l'origine. Les couleurs, du rouge au vert, sont explicites. Il faut toutefois en pondérer l'impact, comme le rappellent certains commentaires. Un album "DR07" sonnera (très) fort mais pourra être ou rester "agréable" à écouter ou entendre.
Maintenant, comment répondre aux questions de Philippe afin que cet aspect technique (composante incontournable de la Musique qui ravit (ou pas) nos systèmes et oreilles) apparaisse un peu moins "fatras" pour celles et ceux qui s'aventureraient dans la lecture de ces posts?
Essayons, a minima, de répondre à
"Cela correspond-il à ce que te donnent tes outils ?".
JRiver donne; LU=-10,2.
Je ne connais pas JRiver. Je n'ai pas de valeur LU avec mes process. Le LU étant intimement liés au LUFS, il s'agit peut-être d'une dénomination erronée? Mes outils me donnent -12,83 LUFS.
Même si une valeur cible idéale n'existe pas, cette piste ne va pas vous conduire à sauter sur la télécommande pour baisser le volume.
Mes outils s'appuient sur la recommandation européenne EBU R128 (European Broadcast Union) de 2011.
Pour la petite histoire, les USA ont un équivalent, l’ATSC A/85. Il est basé sur le Calm Act qui
interdit depuis 2012, sous peine d’amende, de passer les pubs TV plus fort que le reste! Où en sommes-nous chez nous?
JRiver donne; Plage dynamique = 5,6 LU
J'ai la même valeur (Loudness Range, "LRA").
Bon, là, ça se complique un peu. Comme j'en avais parlé au début, des LU, il y en a plein et s'ils se ressemblent, en fait, il ne veulent pas dire la même chose.
La "LRA", mesurée en LU, représente l’excursion du loudness dans la piste. C'est la différence entre le loudness le plus faible et le plus fort mesuré sur tout le morceau. Elle donne une idée de la différence du volume entre les différentes sections de la piste.
Par exemple, LRA =3 LU. Le tube bleu/rouge n'est pas loin, il n'y a quasiment pas de passages calmes. Ça tabasse tout le temps.
LRA = 10 LU. Dans une chanson, c'est probablement plus fort dans les refrains et plus faible pour les couplets. Pour de la musique, il y a des moments forts et des passages calmes.
JRiver donne; Niveau de crête = -0,6 dBTP
Aux arrondis près, j'ai les mêmes chiffres.
Maintenant, se pose la question; "Mais c'est QUOI ce niveau crête exprimé en dBTP???". dBTP, késako?
Si vous vous souvenez de certains posts passés, je rappelais que le 0 dbFS était à ne JAMAIS franchir. Ce "plafond de verre" de l'audio-numérique fait un bruit pas beau du tout quand il est brisé.
Seulement voila, nous, les écouteurs, on n'écoute pas des 0&1, mais de la Musique.
Si cette dernière vient de 0&1, il faut qu'elle passe par une conversion numérique vers analogique. Et c'est là que ça se complique un peu.
Souvenez-vous là encore! Numériser de la musique se fait toujours par calcul avec les limites imposées par le format.
Très correct et acceptable avec le grand traditionnel 16/44, il devient précis et remarquable avec un 24 quelque chose.
C'est bien beau tout ça, mais il ne faut pas oublier que la lecture passe par un processus de conversion inverse.
Quel que soit votre outil de lecture, il va prendre les 0&1 et faire sa popote avec pour vous offrir une belle (enfin, pas toujours) Musique.
Soit, mais...
TOUT processus de conversion N/A entraîne bien souvent de légères fluctuations de niveau.
La reconstruction analogique du signal peut donc générer des pics bien au-dessus de l'échantillon numérique le plus élevé (0 dBFS par exemple).
Ces pics sont des "Vrais" (ou pic inter-échantillon). Et vrai en langue de Shakespeare, c'est True.
Les "True Peak" sont calculés en analysant le signal audio sur un analyseur spécial.
Le signal audio est divisé en petits segments de temps et chacun est analysé individuellement.
Le signal audio est décomposé en ses fréquences individuelles. Chaque fréquence du signal audio est exprimée par une valeur de niveau spécifique. Les valeurs de niveau de toutes les fréquences du signal audio sont comparées les unes aux autres et la valeur de niveau maximale est déterminée comme le véritable pic du signal audio.
Cette véritable valeur de crête indique la puissance réelle du signal audio et prend également en compte les distorsions qui peuvent se produire lorsque le signal audio est numérisé et lu.
Le "Track Peak", exprimé en dBFS, nous dit si notre piste atteint ce fameux 0dBFS, le "plafond de verre" évoqué plus haut.
Le "True Peak", exprimé en dBTP, prend en compte le niveau de signal audio maximum réel qui peut exister lorsque le signal audio numérisé est lu.
Les valeurs exactes pour la piste dont parle Philippe sont:
- Track Peak = -0,709 dBFS.
- Maximum True Peak = -0,67 dBTP.
L'écart est minime, mais il existe.
Imaginez maintenant ce qui se passe avec des fichiers audio-numériques compressés dynamiquement comme du raisin par un pressoir pneumatique, le tout normalisé à 0 dBFS!
Si parfois les oreilles vous piquent (ah, les SACD japonnais et leurs masterings au marteau-pilon), peut-être qu'il y a un truc, non?
Il y a peu, je disais à certains qu'écrire ou graver des données est un process fermé mais délicat et qu'il ne faut pas faire n'importe quoi.
J'ajoutais également que les lire n'est pas toujours facile, le système de lecture étant un process ouvert.
Marrant, non?
En espérant avoir répondu au questionnement de Philippe.