Maurice Ravel - intégrale de l'œuvre pour piano seul - Seong Jin Cho - 2 disques DG. Prise de son superlative et dense.
J'avais bien envie de l'écouter et en écoutant P. Cassard (ses Portraits de famille) en podcast sur les 150 ans de la naissance de Ravel qui était dithyrambique comme rarement (le bonhomme n'a pas le compliment facile, et là pour lui c'est juste insurpassé). La gifle. Je me suis quand même dit rha encore une intégrale du piano de Ravel parmi je ne sais combien je possède déjà mais bon, OK.
Les Gaspard de la nuit dont on sort en se rendant compte qu'on était en apnée. Une Ondine tout en délicatesse et lisibilité, un Gibet (mon morceau de piano préféré) d'une profondeur, d'un "lointain" qui va jusqu'au murmure (le passage à couper le souffle en sourdine qui repasse brièvement en do majeur totalement éteint, abstrait, teeeeeeeeeeeeeeeelement lointain), un Scarbo extrêmement lisible tout en matière, en densité, une sensation de la maitrise de l'instrument comme quelque chose où il est totalement fusionné avec son piano. A tomber au sol. Tout est à l'avenant: des Miroirs bouleversants, avec une Vallée des cloches quasi Debussysite, un Oiseau triste perdu comme au loin dans une forêt sombre et lourde par temps chaud. Le Tombeau de Couperin vif et lisible, je dirais extrêmement simple, sans fioriture, comme Ravel aurait aimé ("jouez ce qui est écrit, ma musique n'a pas besoin d'être interprétée" (tu parles

)), et toutes les autres pièces qu'on a tendance à un peu délaisser car certes superbes (mais pas au niveau des 3 chef d'œuvres cités plus haut) qui sont un régal, beaucoup de lumière là dedans.
En fait c'est c... à dire mais j'ai l'impression en écoutant ces disques que Seong Jin Cho les joue comme seul lui les joue. Je veux dire si on veut le Ravel à la française avec un jeu perlé on peut écouter Tharaud, Francois, Eflam Bavouzet et d'autres (bon, en résumé hein); si on veut de l'expressivité et de l'envolée avec un poil de romantisme on a Chamayou et d'autres; si on veut un entre deux qui plaira à tout le monde on a Merlet et d'autres comme Pludermacher ou la nana dont j'ai oublié le nom; le Ravel en feu on l'a chez Martha et Pogorelich etc etc, mais le Ravel à part, magique, dans le sens venu d'un autre monde je ne l'ai entendu que par 1 seul pianiste auquel je ne peux rapprocher, coller, personne, en terme de style donc. Bref c'est une expérience.
Bref, je n'avais pas pondu un truc pontifiant depuis un bail mais là je veux bien
