DEEP PURPLE – MADE IN EUROPE - 1976 : Adieu Ritchie Blackmore
RAINBOW – ON STAGE - 1977 : Un Concert d'Anthologie
DEEP PURPLE – STORMBRINGER - 1974 : Quand Deep Purple Fait De La Soul
LE DOSSIER RITCHIE BLACKMORE.
Entre ces 2 disques live, MADE IN EUROPE, enregistrés durant la dernière tournée de DEEP PURPLE avec BLACKMORE en avril 75, et ON STAGE, enregistré en décembre 76 au Japon avec RAINBOW, 20 mois se sont passés.
Durant ces 20 mois, Ritchie a le temps de faire la tournée européenne avec les DEEP, d’enregistrer pendant les périodes de pause son 1er album solo, sans rien dire de ses intentions futures à ses collègues, avec le groupe ELF qui passe alors en 1ère partie de PURPLE, de quitter son groupe de toujours aussitôt la tournée terminée, de recruter de nouveaux musiciens pour son projet RAINBOW, de repartir en tournée fin 75 afin de promouvoir son album solo, puis d’enchaîner dans la foulée avec l’enregistrement de son meilleur album RISING, et enfin de repartir en tournée mondiale avec RAINBOW à partir de septembre 76 qui aboutit finalement à l’enregistrement de cet album « supersonique » : RAINBOW ON STAGE.
Pas mal, pour un musicien que tout le monde qualifie de dilettante !
Je me souviens encore de la une du N°100 de Rock & Folk, avec en couverture ALICE COOPER, et du titre figurant en bas :
« Exclusif Ritchie Blackmore : Adieu Deep Purple ».
Pour tous les jeunes fans du groupe à l'époque, c'est un choc, tant Ritchie BLACKMORE avec les DEEP font partie intégrante de leurs vies, et ils ne comprennent évidemment pas comment un tel musicien puisse quitter un groupe ayant un tel succès.
Alors, bien-sûr, le dernier album studio, STORMBRINGER, sorti fin 74, est un peu bâclé, mais surtout, et c’est là la principale raison de son départ, cet album marque un net tournant de la musique de Deep Purple vers le funk et la soul, dû à l'influence de plus en plus importante prise par Glenn HUGHES.
BLACKMORE ne cache pas sa déception et lors de certains interviews avoue clairement : « That’s all bullshit ».
Il y a tout de même de bonnes choses sur STORMBRINGER, de très bons morceaux de Hard Rock comme la chanson titre et LADY DOUBLE DEALER, puis GYPSY plus mid-tempo avec un superbe solo de Blackmore sans oublier la magnifique ballade SOLDIER OF FORTUNE où la voix de David Coverdale fait étalage de son talent avec ce grain de voix si particulier.
Malgré le relatif échec de STORMBRINGER, la tournée qui s'en suit est à mon avis, la meilleure que DEEP PURPLE ait jamais faite, bien supérieure à celle de 72 au Japon, immortalisée par MADE IN JAPAN, que même BLACKMORE lui-même qualifie d’ennuyeuse et de surfaite.
Ne dit-il pas, en parlant de ce disque devenu mythique :
«
Tout le monde croit que les concerts de MADE IN JAPAN étaient les meilleurs, mais c’est faux. On jouait devant ce public, assis, sans vie et on se seraient cru à un récital de musique classique ».
Il faut bien admettre que les concerts de 75 immortalisés par MADE IN EUROPE sont fabuleux. BLACKMORE sait qu’il va quitter DEEP PURPLE, et sans qu'aucun des autres membres ne soit au courant, il met littéralement le feu à tous les concerts avec sa fameuse Fender Stratocaster, que ce soit à Belgrade, Zagreb, Graz, Stuttgart, Sarrbrück ou Paris, théâtre de la toute dernière prestation de la formation Mark III le 7 avril 1975 au Pavillon de Paris.
Le grand moment de ces mythiques concerts se situe sur MISTREATED, sans doute un des meilleurs titres de DEEP PURPLE. C’est un long morceau bluesy, largement inspiré de ROCK ME BABY, avec des riffs de guitare dantesques, et une intro magique, modifiée tous les soirs selon l’humeur du maître; ainsi, Mistreated peut s’étendre jusqu’à 15 minutes. De même BURN subit un traitement nucléaire en ouverture de chaque concert et les versions interprétées ici sont toutes de loin supérieures à celle jouée sur l'album BURN, traversées par des accords de guitare destructeurs et transperçants.
Un autre temps fort de ces concerts est incontestablement HIGHWAY STAR, morceau de Deep Purple Mark II jadis joué avec Gillan et Glover, qui clôture les concerts. La version qu’ils jouent à Paris en clôture de cette mini-tournée européenne est absolument incroyable d’intensité et de feeling.
Jamais auparavant, BLACKMORE n’a atteint ce niveau de jeu avec le DEEP PURPLE MARK II.
NB: En 1976 et en tant que fans, nous étions aux anges de pouvoir écouter un témoignage de ces concerts sur MADE IN EUROPE. Aujourd'hui en 2016, nous pouvons découvrir les 3 concerts de GRAZ, PARIS et sans doute bientôt Sarrbrück dans leur intégralité, comme si nous y étions avec les titres interprétés dans l'ordre réel et un son assez incroyable, mettant remarquablement en valeur la puissance du groupe en concert.
Et pourtant, le divorce est consommé et son idée de former un super groupe avec lui seul comme maître absolu, a pris forme depuis que les autres musiciens de PURPLE lui ont refusé sa reprise de BLACK SHEEP OF THE FAMILY sur l’album STORMBRINGER. Son souhait alors est de mélanger le rock lourd à des réminiscences de musique classique, voire médiévale.
Il remarque lors des dernières tournées un fabuleux chanteur RONNIE JAMES DIO, appartenant au groupe américian ELF qui ouvre pour Deep Purple à plusieurs de leurs tournées aux USA. C'est avec lui et les musiciens de ELF qu’il enregistre cette reprise BLACK SHEEP OF THE FAMILY puis de fil en aiguille, l'inspiration et l'excitation aidant, bientôt tout un album, qui sort sous le titre THE RITCHIE BLACKMORE’S RAINBOW courant 75.
Cet album est toutefois une grande déception.
Les titres sont bons et ont un potentiel énorme, mais le groupe, hormis DIO, n'est pas à la hauteur et le disque s'en ressent durement. Bien-sûr, Blackmore s'en rend vite compte et ne peut évidemment pas partir en tournée avec cette formation. De même, la production, pourtant signée Martin BIRCH, n'est pas digne du créateur de DEEP PURPLE.
Dès lors que la tournée aux USA est planifiée fin 75, Il décide alors de ne conserver que DIO et recrute 2 musiciens chevronnés, Cozy POWELL au drums (Ex Jeff BECK) et Jimmy BAIN à la basse et un jeune virtuose Tony CAREY au clavier, alors tout juste âgé de 20 ans.
L'idée de Blackmore est de retravailler tous les titres du 1er album, de leur redonner une seconde chance en les faisant figurer sur un disque live.
L'idée, je dois l'avouer, était très bonne.
Ils décident donc de reprendre toutes les chansons à zéro et après des semaines de répétitions, partent enfin en tournée. C'est d'ailleurs lors de la tournée européenne qui a suivi celle des USA qu' AC/DC, alors au tout début de leur carrière, ouvre pour Rainbow.
Les chansons sont littéralement métamorphosées en de morceaux épiques, d’une densité rare approchant toutes les 15 minutes.
Le succès est immédiat. Toute la presse annonce le retour au sommet du « Paganini » de la guitare électrique.
Pourtant tout n'est pas simple lors de cette tournée. Tout d'abord, le groupe s'aperçoit que la notoriété seule de BLACKMORE ne suffit pas à remplir les salles comme pouvait le faire jadis Deep Purple. Ils doivent donc accepter de jouer en 1ère partie de JETHRO TULL et de GENTLE GIANT.
En plus, ils rencontrent énormément de problèmes techniques principalement dûs au monumental Arc en ciel qu'ils se sont faits installer pour la tournée et qui provoquent de nombreuses coupures de courant pendant les concerts.
Malgré tout, la tournée est un succès et a servi à les faire connaître en tant que RAINBOW et non pas Ritchie BLACKMORE en solo.
Au retour de cette tournée inaugurale, le groupe bat le fer tant qu'il est chaud et commence à travailler sur ce qui va devenir son meilleur album.
C'est encore Martin BIRCH qui se colle à la production, mais cette fois la qualité et la puissance sont au rendez-vous.
Ce qui résulte de ces sessions est tout bonnement considéré par la revue KERRANG comme un des meilleurs albums de Hard Rock jamais enregistré.
Pourtant, sur cet album baptisé RISING, c’est bien Ronnie James DIO qui excelle et qui donne au groupe une nouvelle dimension. Sur RISING Un superbe chanteur est né : Une voix incroyable, d’un lyrisme et d’une puissance rare. Un feeling à couper le souffle. Jamais avant DIO, un chanteur n'a irradié de sa classe un disque, comme il le fait sur RISING. L'album sort en mars 76.
Puisque le 1er album est raté, BLACKMORE persiste dans l'idée de sortir un LIVE avec uniquement les morceaux de ce 1er disque, mais avec des nouveaux arrangements et surtout les nouveaux musiciens. Bizzarement et malgré la qualité de RISING, aucun morceau ne figurera sur RAINBOW ON STAGE titre choisi pour ce stupéfiant double album.
Il faut à tout prix posséder ON STAGE et écouter les chefs d’œuvre que sont : STILL I’M SAD est totalement métamorphosé avec d'abord l'ajout des vocaux de Dio absents sur le disque studio mais surtout grâce au solo d'orgue de Tony CAREY à tomber, CATCH THE RAINBOW qui s'inspire du LITTLE WING de Jimi Hendrix, SIXTEEN CENTURY GREENSLEEVES sur lequel Blackmore reprend en intro le fameux thème de GREENSLEEVES, que COLTRANE avant lui a immortalisé lors des fameux concerts au Village Vangard en 1961.
Seul petit bémol, l’album est sensiblement retouché en studio. Et alors !
Le résultat est là, flamboyant, avec un son énorme et DIO qui présente chaque morceau de sa voix irréelle. On sent un groupe au sommet de son art et à qui tout réussit.
Les versions choisies sont extraites pour la majorité, des concerts donnés au Japon en décembre 76. Seuls quelques passages de la tournée en Allemagne en septembre figurent sur l'album.
L'absence incompréhensible de STARGAZER, qu'ils ont joué sur toute la tournée, fait cruellement défaut. Il faut dire que ce titre épique est un petit peu le KASHMIR de Rainbow.
A sa sortie, RAINBOW ON STAGE est un immense succès mondial et replace BLACKMORE au sommet de la musique Rock. Entre temps, DEEP PURPLE s'est séparé, et la qualité de son groupe prouve que sa décision de quitter le groupe était la bonne.
Jamais plus RAINBOW n'atteindra le niveau de RISING ou ON STAGE.
En 94, après avoir quitté DEEP PURPLE une nouvelle fois, Ritchie Blackmore remonte son groupe fétiche, avec de nouveaux musiciens, pour un album, STRANGER IN US ALL, et une tournée, dont un merveilleux concert à Dusseldorf enregistré début 95 pour l'émission ROCK PALAST, au cours duquel RAINBOW joue la merveilleuse ballade extraite de son tout 1er LP, TEMPLE OF THE KING. Il faut absolument voir la vidéo sur YOU TUBE. Son jeu de guitare est simplement prodigieux.
Depuis fin 95, Ritchie BLACKMORE a rangé sa Fender au grenier et joue dans un groupe de musique médiévale, BLACKMORE’S NIGHT, qu'il a fondé avec sa femme Candice NIGHT ; il se produit dans des fêtes champêtres un peu partout dans le monde (surtout en Allemagne).
Il vit retiré dans son château en Angleterre. Il a l'air apaisé et heureux et il fait ce qu’il a envie de faire.
Mais la question que tout le monde se pose est celle-ci :
Rebranchera-t-il son ampli Marshall et surtout rejouera-t-il sur sa célèbre Fender Stratocaster blanche?
J-Luc

Oh let the sun beat down upon my face, stars to fill my dreams...