PascalB a écrit :Jaketim a écrit :Ni ne vous parlerai de J-S. Bach, O. Klemperer, E. Swartzkopf, D. Fischer-Dieskau, C. Ludwig, N. Gedda, W. Berry, R. Pears qui sont venus avec plein de potes en choeur et leurs d'instruments et qui font un boeuf d'enfer autour d'une Passion selon Saint Mathieu qui sonne en diable!
Ben si justement, c'est la partie qui m'intéresse le plus
Bienvenue

Ok, vous l'aurez voulu. J'espère que je ne vous donnerai pas la nausée.
La Saint-Mathieu, quelque-soit l'interprétation, ma toujours rendu assez physiquement inconfortable... C'est une des deux œuvres que je n'ai, (n'avais), jamais réussi à écouter, ou même à entendre jusqu'au bout. Mon malaise me permettait à peine d'atteindre la fin de l'ouverture. Peut-être la masse d'informations sonores, orchestre, chœurs, maîtrise, solistes, et la partition de Bach elle-même me sollicitait-elle trop ou me donnait-elle le vertige ou un sentiment de claustrophobie. Je parvenais pas à me repérer dans le message musical et orchestral ?
Cette fois-ci, l'organisation "scénique" de l'œuvre m'est enfin apparue et celle du discours musical m'a enfin libéré de tout inconfort.
Les cordes et l'orchestre, tout d'abord, se répondent enfin avec des contrastes de couleurs et de puissances qui forment un discours que je perçois enfin,
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et qui m’intègre dans l'échange. En tant que témoin, certes, mais ma spiritualité est sollicitée, éveillée par ce chant.
Les contrastes et la montée dramatique incessante se poursuivent jusqu'à l'entrée du chœur qui se fait instruments à cordes (vocales,

) lui aussi, au diapason de l'orchestre, tout d’abord, avant de s'élever au-dessus de lui. Il remplit l'espace de la scène, au fond, et fait visuellement lien entre les pupitres des instruments répartis de part et d'autre, violons, altos et violoncelles.
Et c'est alors que les voix des enfants de la maîtrise située devant le chœur, comme à l'avant de cette scène prend le contrechant de l'ensemble.
Il devient le point focal du drame tandis que les chœurs poursuivent, se font instruments d’accompagnement. Ces voix d’enfants, sans vibrato, chantant ce chorale, cette prière deviennent l’unique chose que l’on entend et que l’on voit et cela met comme en suspension.
Clarté de ces timbres. Précision des attaques et des ensembles. Présence des musiciens dans la pièce et devant moi, (mais vous connaissez ça déjà, vous). Je découvre une œuvre nouvelle.
Le chœur et l’orchestre poursuivent, certes, mais semblent réellement au second plan, spirituel autant que visuel. Les chanteurs, des basses aux sopranes sont organisés dans l’espace, tout comme l’orchestre.
Spacialisation et organisation de la musique, je suis au concert, les interprètes sont devant moi… Je l’ai déjà dit mais cela revient et nous sommes ensembles, pour vivre cette expérience musicale.
Le maîtrise se tait, le chœur et l’orchestre reprennent le devant de la scène et le chant. Nous en sommes à la moitié de l’ouverture...
Le son que j’écoute me guide dans le livre d’arcanes qui vient de s’ouvrir enfin à moi.

Je ne suis plus perdu. Je ne lâcherai pas la main, ne baisserai ni ma tension, ni mon attention que le chef n’ait posé sa baguette.
Imaginez la même œuvre entendue avec des enceintes, un ampli et un lecteur aux câbles trop fins, aux membranes molles, en coton et trop épaisses, un ampli et une alimentation paresseuses, etc., vous « entendez » déjà le potage gluant qui se mélange, indigeste, aigre, gras, rugueux, froid, ou pire, tiédasse et moi je viens de comprendre pour quelles raisons à la troisième cuillerée, (minute), je disais : j’ai mal au cœur.
J’aime bien ma nouvelle installation…
