À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de contexte…

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melomane
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par melomane »

Gagl a écrit ::merci: :merci: Gérald et blancdepoulet !

Comment ça, Gérald ? Alors moi, je n'aurai pas le droit à un bon-petit-troll-qui-fait-marrer ? Hein pourquoi, alors que je ris souvent de tes trolls pleins d'esprit ! C'est vraiment trop injuste ! :calimero:
Mais je comprends pourquoi tu le dis : je ne lis que maintenant le fil sur le sujet... :rouge:
On aura tout lu, voilà que certains réclament du trollage ! :mdr3:
Bon en tout cas mon pti' Gaglou tu nous à encore une fois fait un post de qualité ! Si j’étais toi, je crois que je me ferais un petit blog dédié au jazz... :super:
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

:merci: mélo ! :)
melomane a écrit :On aura tout lu, voilà que certains réclament du trollage ! :mdr3:
Bah ! Y a trollage et trollage... Pis là, c'est « ma » filière, ça ne prête pas à conséquence... surtout si c'est moi qu'incite ! :happy1:
melomane a écrit :Si j’étais toi, je crois que je me ferais un petit blog dédié au jazz... :super:
Il y en a déjà un bon paquet, et souvent des bons... :rouge: Et j'avoue que j'aime bien causer jazz sur notre fofo... D'une certaine façon, noter quelques bricoles qui me passent par la tête au fil d'une écoute au sein d'une communauté comme la nôtre me convient bien, finalement... :) :cool:
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melomane
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par melomane »

Et en plus il est modeste ! Elle se le sait ta femme qu'elle en à de la chance ?...
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

:mdr1: Si tu pouvais lui dire directement... Moi, elle ne me croirait pas... :happy1:
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par melomane »

c'est marrant je m'attendais un peu à ce genre de réponse ::d
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

Et pourtant si vrai... :happy1:
Ikea a sauvé de justesse mes vinyles entassés au salon... :happy1:
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

Vous reprendrez bien une lichette de Miles Davis, non ? :happy1:

Miles Davis, trois femmes, cinq disques

En écrivant les notes ci-dessus à propos de Miles Smiles, j’ai évoqué, assez rapidement, la période discographique des années 1960 de Miles Davis, en parlant d’un intérêt moindre d’une partie de la critique actuelle pour les albums enregistrés durant cette période, considérés (majoritairement à tort, pour moi) comme moins significatifs, voire plus tâtonnants…
Je pense cependant que les enregistrements de la période comprise entre 1961 et 1968 méritent mieux qu’un classement fourre-tout : des disques « transitionnels », lit-on parfois, c’est-à-dire moins aboutis que ceux du temps du premier quintet (1955-1960), quintet dans lequel ont officié John Coltrane (ténor), Red Garland puis Bill Evans (piano), Paul Chambers (basse) et Philly Joe Jones puis Jimmy Cobb (batterie). L’empreinte laissée par ce quintet sur la jazz « moderne » est si profonde que la période suivante peut paraître plus pâle en comparaison. Il est aussi vrai que le second grand quintet de Miles mettra près de quatre ans à trouver sa forme définitive, son équilibre idéal, je n’y reviens pas.
Mais les choses semblent changer quelque peu, et Columbia (alias Sony Music) ne s’y est pas trompé en rééditant à tour de bras des intégrales et autres bootlegs des années 1960 (souvent de manière assez exhaustive, soignée et documentée).

Entre 1961 et 1968, Miles a été fort prolixe puisqu’il a enregistré 22 albums pour Columbia (en mettant de côté les lives sortis sur des labels confidentiels et désormais disparus). L’ensemble est dense, il serait trop lourd de le détailler. Alors, que choisir ?
Outre Miles Smiles, j’ai envie d’en retenir cinq pour une raison non pas musicale (encore que), mais esthétique : des portraits de femmes qui ne sont autres que ceux de trois de ses quatre épouses figurant sur six rectos de pochettes de LP (l’un des albums est paru en deux volumes).
C’est la raison du titre quelque peu énigmatique de ce post.
Ce sera aussi l’occasion de proposer un autre rapide parcours transversal de la discographie de Miles Davis.

Ces pochettes, les voici :

Image

Qui se cache derrière ces portraits ?

1. Frances Taylor, première égérie

Elle est la deuxième femme de Miles, qu’il rencontre en 1953 puis épouse en 1958…

Image

Je délaisse l’ordre chronologique pour débuter par l’album dont la pochette me paraît la plus emblématique de la « mythologie » de Miles Davis, je veux dire celle de :

Miles Davis in Person. Friday and Saturday Nights at the Blackhawk, San Francisco (Columbia C2S 820, stéréo ; C2L 20, mono, « six-eye »)

Image

Sorti peu avant en deux LP séparés :

Miles Davis In Person, Vol. 1. Friday Night at the Blackhawk (Columbia, CL 1669, mono ; CS 8469, stéréo, « six-eye »)

Image

Miles Davis In Person, Vol. 2. Saturday Night at the Blackhawk (Columbia CL 1670, mono ; CS 8470, stéréo, « six-eye »)

Image

Cette pochette dit presque tout sur l’univers et l’image que Miles a patiemment forgés au fil du temps : un noir et blanc de belle facture (le laminage de la pochette originale lui rend bien justice), une femme dans son ombre, des fringues sur mesure, et une cigarette… Le personnage est campé sans ambiguïté : séducteur taciturne, tiré à quatre épingles, fumeur (pour lui, un moindre mal…) et admiré !
Et la musique ?
Ces deux soirées du vendredi 21 et du samedi 22 avril 1961 sont les premières que Miles consacrait au Blackhawk de San Francisco, l’un des plus anciens clubs des États-Unis et le plus vieux de Californie. Autrement dit, ces quatre faces sont un témoignage précieux, et ce à plus d’un titre.
Notamment au titre des musiciens : c’est Hank Mobley qui est au ténor. L'expérience est éphémère, Miles est encore à la recherche de la formule qu'il mettra de longs mois à mettre au point. Mobley est parfois jugé comme peu à sa place au côté de Miles. Certes, il sera là quelques mois à peine, avant d’être remplacé par George Coleman. Mais je trouve ce jugement largement infondé, et, en tout cas, très hâtif. Rappelons qu’il lui incombait la lourde charge de remplacer John Coltrane. Ce n’est pas rien.
Miles Davis n’était ni sourd, ni idiot. Et je ne crois pas que son choix ne soit autre chose que le fruit d’un souhait délibéré. Hank, avant d’enregistrer pour Miles, avait commis une belle série de disques pour Blue Note avec quelques-uns des fleurons du label : Art Blakey (avril 1959), Donald Byrd (janvier 1960), Freddie Hubbard (novembre 1960), Kenny Drew (décembre 1960) et Kenny Dorham (janvier 1961) ; sans oublier deux perles du hard bop comme leader : Soul Station, incontournable (février 1960) et Roll Call (novembre 1960), tous deux construits autour du trio rythmique formé de Wynton Kelly (piano), Paul Chambers (basse) et Art Blakey (batterie). Bref, c’est pas un novice, le Mobley !
Il suffit d’ailleurs d’écouter son superbe chorus sur « Bye Bye Blackbird » (In Person, vol. 1) : il contribue certainement à faire de cette prise l’une des plus belles versions de ce standard.
Adjoignons-lui le trio formé par Wynton Kelly (piano), Paul Chambers (basse) et Jimmy Cobb (batterie), ce trio qui contribua à la réussite de Kind of Blue (Kelly y partage le piano avec Bill Evans).

Disons-le tout net, la prise de son, signée Harold Chapman (ou Russ Payne selon d'autres sources), et le pressage, sont superbes.
La réussite de la prise de son doit aussi beaucoup à l’acoustique de la salle, qui était plutôt exiguë et peu confortable pour les musiciens (les loges ne sont pas climatisées), mais au son superbe.

Someday My Prince Will Come (Columbia CL 1656, mono ; CS 8456, stéréo, « six-eye ») :

Image

J’ai déjà évoqué les pressages Columbia « 6-eye », c’est ceci (ici en version mono), ce sera plus clair que mes longues phrases : :happy1:

Image

(Pour les puristes, la présence du CBS, qui apparaît à partir de 1961, peut aider à dater un pressage « six-eye » : s’il apparaît sur un disque enregistré avant 1961, c’est qu’il s’agit presque à coup sûr d’un pressage ultérieur.)

Miles est presque absent de la pochette, mais un trait de génie le remplace, la silhouette stylisée que l’on verra souvent par la la suite et qui tendra à devenir une manière de logo résumant Miles Davis en entier. Quant à Frances Taylor... :)

Voici un disque à propos duquel le terme galvaudé de « transitionnel » conviendrait à peu près.
Sur la pochette, on lit la mention plutôt inhabituelle « Miles Davis Sextet ». L’aspect de la transition est là, ce sextet n’en est pas vraiment un : John Coltrane n’est plus présent que sur deux titres, « Teo » et le titre éponyme de l'album où il partage le ténor avec Hank Mobley. Sur les autres titres, il cède pour de bon la place à Mobley. Cette cohabitation n’en reste pas moins stimulante : la comparaison, la confrontation des deux saxophonistes est épatante, et ne se répètera plus. Cela suffit sans doute à conférer un grand intérêt à ce disque par ailleurs excellent. Les acquis du jazz modal et le be-bop toujours vivant cohabitent en une synthèse que Miles Davis avait un don quasi inégalé pour réussir.
Et sa trompette bouchée y est lumineuse et intense, précise et économe, comme il se doit… La réussite musicale de ce disque tient aussi à la présence des mêmes musiciens que pour les concerts au Blackhawk, dont il est question ci-dessus. Outre Hank Mobley, la section rythmique est une machine de haute volée, distillant un swing parfait, aussi efficace sur les trois standards que sur les trois thèmes originaux qui composent le programme de l’album.

Il faut à nouveau noter le beau travail de prise de son réalisé par Fred Plaut et Frank Laico au studio Columbia de la 30e rue lors des sessions enregistrées les 7, 20 et 21 mars 1961. Ces enregistrements, et singulièrement la version stéréo de l’album, révèle sans équivoque ce que l’on peut attendre – et entendre – d’un Columbia de cette époque : une présence, une présentation de la musique qui procurent une écoute engagée vraiment plaisante.

En bref, cette année 1961 est un fort bon millésime pour Miles Davis et ses acolytes du moment… et pour John Coltrane aussi : celui-ci vole désormais de ses propres ailes et signe son premier disque chez Impulse!, Africa/Brass (A 11), le label fondé par le producteur visionnaire Creed Taylor en 1960, le premier d'une série qui marquera assurément l'histoire du jazz et l'histoire de la musique américaine au sens large (mais c'est un autre sujet). :happy1:

E.S.P. (Columbia CL 2350, mono ; CS 9150, stéréo, « two-eye »)
Pour Extra Sensoriel Perception (également le nom d'une maison de disques qui distribue des albums d'avant-garde).

Image

Cette pochette est la dernière sur laquelle Frances Taylor apparaît. Elle est ici une sorte d’élément de continuité avec les albums précédents alors que le quintet a évolué durant les quatre années précédant l'enregistrement de ces sessions.
Aussi, au terme de ces changement de personnel, le quintet – désormais composé de Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams – entre dans les studios Columbia de Los Angeles, cette fois, pour trois séances entre le 20 et le 22 janvier 1965, pour y enregistrer son premier album studio.
L’ingénieur de son n’est pas connu et, pour une fois, c’est Irving Townsend qui supervise, sans doute en raison du lieu d’enregistrement bien loin de New York.

C’est un album somptueux, original puisque l’on ne trouve aucun standard sur ce disque : tous les thèmes sont l'œuvre des seuls membres du quintet.
On y sent clairement les prémices de l’alchimie si flagrante de Miles Smiles, dans lequel le bop révèle encore des prolongements esthétiques et expressifs insoupçonnés. Tout semble mis en place avec fluidité et naturel. Pour moi, il s’agit de l’une des grandes réussites du Miles Davis des années 1960.

Notons enfin qu’il est aussi considéré comme le plus long disque de jazz jamais enregistré : plus de 48 minutes sur ce LP. Et, bien entendu, toujours ce grain superbe du son Columbia.

2. Cicely Tyson, deuxième égérie...

… Mais pas, officiellement, la deuxième épouse puisque Miles ne l’épousera que le 26 novembre… 1981, bien après l’enregistrement du disque ci-dessous.

Image

Sorcerer (Columbia, CL 2732, mono ; CS 9532, stéréo, « two-eye »)

Image

Ce disque, bien que sorti en décembre 1967, comporte une curiosité : le titre « Nothing Like You », enregistré le 21 août 1962, avec une formation inhabituelle pour Miles Davis puisque l’on note la présence d’un trombone (Frank Rehak, orchestre de Gil Evans) et d’un chanteur (Bob Dorough) ! Ce thème paraît rescapé d’une session destinée à l’enregistrement d’un disque collectif (Jingle Bell Jazz, Columbia) et se trouve finalement tout à la fin du LP, sans doute en guise de complément (ou de bouche trou, comme on voudra :happy1: …). Les six autres plages ont été enregistrées en trois sessions, les 16, 17 et 24 mai 1967 dans les studios new-yorkais de Columbia (Studio B, 52e rue et 30e rue, studios C et D).
Derrière la console : le même tandem que pour Miles Smiles, soit l’inamovible producteur Teo Macero, et Frank Laico aux manettes (ou Fred Plaut pour le titre de 1962).
Dans le studio, pour les prises de 1967 : le quintet dans la formule telle qu’elle apparaît pour E.S.P.

Le résultat, excellent, est pourtant une relative surprise à mes yeux. Miles ne semble pas apprécier les choses acquises en terme de musique. Il y a comme un rappel à un relatif classicisme formel qui éloigne Sorcerer des avancées de Miles Smiles vers l’avant-garde. Le titre de 1962 ne dépare pas l'ensemble, la saveur est semblable. Il ne faudrait pourtant pas s’en tenir là seulement. Car, de manière subtile, le quintet ne fait pas machine arrière, il explore peut-être plus en profondeur le travail sur les timbres et l’articulation rythmique que précédemment, au travers de thèmes originaux relativement apaisés.
Bref, un disque à découvrir (ou à réécouter)...

3. Betty Mabry, dernière égérie

Miles et Betty se rencontrent en 1967, pour se marier en septembre de l’année suivante, peu avant la sortie de Filles de Kilimanjaro.

Image

Filles de Kilimanjaro (CS 9750, stéréo seulement, « two-eye »)

Image

Enregistré les 19, 20 et 21 juin puis 24 septembre 1968, une nouvelle fois dans les studios new-yorkais de Columbia, six mois après Miles in the Sky (Columbia CS 9628). Et de nouveau, on trouve le duo Teo Macero et Frank Laico auquel se joint un second ingénieur, Arthur Kendy.
Ce disque est d’abord sorti en fin d’année 1968 en Grande-Bretagne, puis en 1969 aux États-Unis.

Miles est rarement à cours d’idées. Pour ce LP, il choisit donc des titres tous à consonance francophone, pour le côté exotique, semble-t-il : « Petits machins », « Tout de suite », « Filles de Kilimanjaro », « Mademoiselle Mabry », en hommage à Betty, et « Frelon brun ».

Piano et basse électriques font leur entrée : une première incursion vers l’électrique avec l’apparition de Chick Corea et de Dave Holland sur « Mademoiselle Mabry » et « Frelon brun ».
Cette nouvelle évolution donne un album plus impressionniste, atmosphérique parfois même, dans lequel les compositions semblent se dérouler à partir de touches sonores. Mais comme toujours, Miles fait preuve d’un sens affuté de la structure qui laisse les fondations rythmiques aisément perceptibles, le chaos apparent quelquefois propre au free jazz n’est pas son apanage. Son sens de l’avant-garde s’exprime différemment.

Mais la révolution électrique est en marche...

Bref appendice. Miles et Columbia

Longue histoire discographique que celle de Miles Davis et de Columbia : elle débute en 1955 (avec ‘Round About Midnight) pour se terminer au début de l’année 1985 (avec Aura), soit trente ans de musique et pas mal de chefs-d’œuvre à la clé.
Longue histoire sonore aussi, car Columbia représente une esthétique et une identité sonores à nulle autre pareilles : on pense notamment à la maîtrise si particulière de la stéréo, à l’acoustique des studios de New York ou la patte des ingénieurs et des producteurs du vénérable label, ou encore aux pressages de belle facture. Le son de Miles est, je crois, intimement lié au « son Columbia ». Je ne veux pas dire que les disques enregistrés pour Prestige entre 1954 et 1957 soient intrinsèquement moins intéressants sur le plan sonore, bien au contraire (Rudy Van Gelder était aussi l’ingénieur du label), mais ils sont peut-être moins susceptibles de donner corps au caractère spécifique de la sonorité du deuxième quintet de Miles Davis. De ce point de vue, on aurait presque envie de dire que, dans les années 1960 : « Miles, c’est Columbia »…
Ces qualités-là, propres aux vinyles pressés par Columbia, disons, grossièrement, entre 1955 et 1970, sont parfois bien difficiles à rendre sur une galette argentée, du moins si le transfert numérique n’est réalisé avec talent, au point d’éprouver dans quelques cas une réelle déception à l’écoute de certaines rééditions…


Un point sur les éditions disponibles, avec discogs

Someday My Prince Will Come

Miles Davis in Person, vol. 1

Miles Davis in Person, vol. 2

E.S.P.

Sorcerer

Filles de Kilimanjaro

:cool:
Modifié en dernier par Gagl le 19 déc. 2013, 14:09, modifié 1 fois.
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par SDG »

Merci pour ce post sur Miles :super:
Ces qualités-là, propres aux vinyles pressés par Columbia, disons, grossièrement, entre 1955 et 1970, sont parfois bien difficiles à rendre sur une galette argentée, du moins si le transfert numérique n’est réalisé avec talent, au point d’éprouver dans quelques cas une réelle déception à l’écoute de certaines rééditions…
Comme les éditions en CD des BlackHawk Sessions ? Je trouve le son assez pourri. Aurais tu des conseils pour les CD ? des éditions à éviter, des imports...?
Merci
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Gagl
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

SDG a écrit :
Ces qualités-là, propres aux vinyles pressés par Columbia, disons, grossièrement, entre 1955 et 1970, sont parfois bien difficiles à rendre sur une galette argentée, du moins si le transfert numérique n’est réalisé avec talent, au point d’éprouver dans quelques cas une réelle déception à l’écoute de certaines rééditions…
Comme les éditions en CD des BlackHawk Sessions ? Je trouve le son assez pourri. Aurais tu des conseils pour les CD ? des éditions à éviter, des imports...?
Merci
Oui, par exemple... Je ne l'ai plus réécouté ces lives au Blackhawk en CD depuis longtemps, mais j'ai le souvenir d'une dureté inutile du remastering... Je crois me souvenir d'un post de Bernard Lapeyre qui déplorait des aigus insupportables sur la version CD parue en 2003 chez Columbia/Legacy/Sony (je retrouve le post : ici).
Quant à te conseiller une autre édition en CD, j'ai bien peur qu'il n'y ait pas beaucoup d'alternatives à la version de 2003, du moins pour ce que j'en sais. Les versions européennes ou japonaises sont identiques à la version US... Même Mosaic Records n'a sorti, en 2003, qu'une version complète en 6 LP (épuisée, bien entendue). Reste deux autres éditions (mais il en existe sûrement d'autres) : une européenne de 2012 parue chez Not Now Music (sur discogs) que je n'ai jamais entendue, et une autre chez Lilith Records disponible sur Qobuz. Cette dernière, rapidement écoutée en streaming, ne m'a pas paru apporter quoi que ce soit (voire pire :mrgreen: )...
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par SDG »

Merci pour les précisions. Reste plus qu'à trouver des vynils originaux à prix pas trop déconnant. J'ai acheté presque tous les CD de Miles Davis en CD, uniquement parce qu'on les trouve à prix dérisoire, la qualité de son va du correct au très médiocre....
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par SDG »

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Un disque que j'aime beaucoup. Illinois Jacquet est loin de faire partie des saxophonistes "star" de l'histoire du jazz, mais son style, globalement inscrit dans la lignée de Lester young, est très intéressant.
Il a commencé sa carrière dans les années 40 au sein des Big band. Ses disques en tant que leader sont relativement confidentiels mais valent le détour. Sur The Soul Explosion, disque de 1969, il est accompagné de jazzmen assez peu connu du grand public, essentiellement issus des big band (Cecil Payne, Joe newman, Milt Buckner, ces deux derniers étant des habitués du band de Count Basie). Les morceaux de l'album sont très orientés blues, l'ensemble possède un côté assez "foutraque", mais quelle vie ! A noter une version très poignante de "I'm a fool to want you" avec l'orgue de Buckner et un arrangement qui vous prend aux tripes.

De Jacquet, on peut aussi se procurer ce disque

Image

Avec notamment Wynton Kelly au piano. Pour l'anecdote, Jacquet jouait aussi du basson, instrument assez rare en jazz (sauf peut être dans le jazz west coast, Stan Kenton, Bob cooper...). Sur ce disque il donne une version étonnant de "Round Midnight" au basson. Une curiosité !

a+
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

Ah ! Ben voilà ! Merci, SDG, pour ta contribution : je commençais à me sentir un peu seul, moi, dans cette filière qui tournait un peu en rond, peut-être... :calimero: :)

C'est bien d'évoquer Illinois Jacquet : on en parle trop peu souvent. C'est pourtant un ténor très attachant au son ample, large, rugueux avec un large vibrato qui convient bien au blues et au soul jazz, au style texan très affirmé. Son exubérance sait d'effacer devant une sensibilité certaine, comme tu le signales à propos de « I'm a Fool to Want You ».
Il a été à bonne école avec le big band du Count en 1945-1946 : de quoi se forger une vraie personnalité musicale. Sans oublier les saines influences de Lester Young, Coleman Hawkins ou Hershel Evans : du tout bon... :)
Personnellement, j'aime bien The Blues; That's Me!, que tu cites, enregistré en 1969, pour son originalité et son sens affirmé du blues... :)
:cool:
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thierrybzh
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par thierrybzh »

pour ceux qui aiment Sidney Bechet, Olivier Franc s'emploie à la faire revivre.
avec Olivier Franc, Daniel Sidney Bechet et Jean-Baptiste Franc

C'est une musique à voir autant qu'à écouter si un concert a lieu près de chez vous :

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... 7178,d.d2k
Platine Project RPM 5.1 & cellule Audio Technica VM 740 ML - Lecteur CD 2 & Tuner Nat 03.
Pré Nac 102 / Hicap & Amp Nap 180 - PEL Alegria.
Modulation : AR Sound Lunar - HP : Naca 5

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michel1960
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par michel1960 »

Bonjour Gagl,

Je suis en vacances et un peu plus présent sur le forum ces jours , et surtout plus disposé a poster bien que je lise les propos échangés ici tous les jours.

Je découvre, modeste amateur de jazz, cette filière avec un très grand plaisir, en ta compagnie et tes magnifiques descriptions de différents artistes.

Je viens de lire le post depuis le début avec Miles Davis en fond sonore et un petit verre comme il se doit...

Tu nous donne vraiment envie de découvrir (ou redécouvrir) les musiciens dont tu nous racontes la vie et la discographie vie avec un style et une connaissance du jazz qui me laisse pantois...

Il me semble néanmoins que pour apprécier les chefs d'œuvre dont tu parles, il va falloir que je m'équipe sérieusement d'un platine vinyle, les rééditions CD n'étant généralement pas a la hauteur des prises de son de l'époque.

Bonne continuation, pour notre plus grand plaisir :1010:
CD5XS/DC1/NDS/555PS DR/HL/252/SC DR/250 DR/NACA 5/OVATORS S400
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Gagl
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Re: À propos de jazz : musiciens, disques, éléments de conte

Message par Gagl »

:gene3: Bonjour, Michel, et merci beaucoup pour ton message, somme toute très flatteur pour ces quelques posts. Moi qui, justement, pensais que cette filière perdait de son éventuel intérêt... :)

Il est vrai que, pour moi en tout cas, le vinyle a apporté une dimension nouvelle à cette musique que j'aime tant : je peux donc comprendre ton envie de t'équiper, d'autant que ton beau système rendrait certainement justice à la lecture de bons LP bien choisis... ::d
Je dis « bons LP », car tous les vinyles, bien entendu, ne se valent pas lorsqu'il s'agit d'enregistrements qui ont, disons, entre quarante et soixante ans. Avec un peu d'expérience, je suis devenu de plus en plus critique vis à vis des rééditions qui vont du vraiment pas terrible au « il manque quelque chose ». Je veux dire que la confrontation avec des pressages anciens n'est pas souvent flatteuse pour les rééditions, même si celles-ci sont visiblement soignées et faites à partir des bandes originales : en effet, ces bandes supportent souvent mal le vieillissement et nécessitent une restauration plus ou moins importante. Ajoutons-y des choix de remastérisation pas forcément heureux ou dans l'esprit du son original et le résultat donne le sentiment que de la vie et de la musique ont disparu dans le processus. J'exagère à peine en disant qu'il reste plus de vie, plus de musique et plus d'immédiateté dans un deuxième pressage Blue Note de 1961 en état moyen que dans une réédition neuve parfois plus couteuse que le pressage ancien (sans oublier que certains pressages modernes sont parfois totalement indignes d'une édition « de prestige »)...
:cool:
CD5 XS ; Pro-Ject 2 Xperience + DV 20X2H, Pro-Ject SB DS, Ear 834P + Telefunken 1963 ; HS251 + Meyian, ultraRendu + LPS-1.2, USB Totaldac, Chord Hugo TT
SuperNait 2
Sbis : 32.5 led rouge, hicap olive, 110 led rouge
Nac a5
; Vienna Acoustics BBG ; HD 650
Plein de ficelles
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