Il y a quelques semaines, je m'étais permis de vous conseiller chaudement l'intégrale des symphonies de Sibelius par Abravanel.
J'ai reçu aujourd'hui l'intégrale de ces symphonies par Colin Davis. C'est pas Dieu possible! Quelle splendeur!
Commençons par la célèbre seconde symphonie: déjà, la qualité stratosphérique de l'enregistrement m'a poussée à monter le son vraiment très fort, autant dire que cela dépotait. Alors je le dis tout net: c'est une belle claque! Je commencerais par dire qu'on est tout à fait dans l'esprit de l'interprétation récente de G. Dudamel. C'est à dire très poétique et assez puissant, voire décapant. Davis malaxe la pate sonore de l'orchestre, en sort mille couleurs et nuances. Le discours est par ailleurs bien articulé, un peu à la façon d'Abravanel. Les timbres du LSO: somptueux, on est bien au delà d'Abravanel (et même de Barbirolli et du Bournemouth de Berglund). D'habitude, je me régale sur les mouvements 1 & 4. Et bien là, Davis m'a donné à entendre le meilleur second mouvement dont on puisse rêver. Les percussions "étouffées" du début du mouvement suffiraient à elles seules à le démontrer. Enfin, il y a vraiment dans cette interprétation un grand sens de la narration, pour peu que cela veuille dire quelque chose... on a l'impression d'un discours continu nous amenant vers la fin quasi Brucknérienne du 4ème mouvement.
Alors je n'y vais pas par quatre chemins (on me reproche souvent d'être tout blanc ou tout noir) mais Davis se classe désormais dans mes favoris pour cette seconde symphonie.
Je classerais les choses comme suit, pour cette seconde symphonie: je mets sur un pied d'égalité, au top 1:
- Abravanel: articulation très marquée, assise de l'orchestre inégalée - même si l'on sent que l'orchestre n'est pas le Concertgebauw ou le Berliner - dernier mouvement démoniaque, proche dans l'esprit du Don Quichotte de Strauss dans sa tempête.
- Dudamel: une grande poésie, beaucoup d'imagination, des nuances orchestrales bouleversantes et des "feintes de son" incroyables (exemple: légers glissandos dans le premiers mouvement sur certains pupitres de cordes)
- Davis: qualité sonore des instrumentistes du LSO insurpassée dans la discographie de cette seconde(de ce que je connais pour l'instant), sensation d'une dramaturgie totale et d'un discours cohérant de bout en bout, vision théâtrale et "opératique" de l'œuvre. Je pense à l'esprit d'Abbado.
Viendraient ensuite, en second choix, Barbirolli, pour son engagement très "les pieds sur terre", beaucoup de matière, et aussi Karajan pour la beauté du Berliner et la vision cohérente (à la Davis) de l'œuvre.
J'ai ensuite écouté la première symphonie. Je disais que je suis un peu "tout blanc ou tout noir". En voici un exemple concret:
im po ssi ble de dépasser Colin Davis (
SIR Colin Davis) dans la première de Sibelius. Un son bouleversant, une assise dans les graves (percussions et contrebasses) totalement phénoménale, une diction parfaite et nuancée, une volonté de faire TOUT entendre, comme si c'était une œuvre polyphonique... le Graal...
Emu je suis.
La 4ème? L'entrée du violoncelle est comme un linceul. A vous faire dresser les poils sur les bras!
Mes dernières incursions dans les intégrales de Sibelius m'avaient déçues: Ashkenazi, Sanderling et Rozhdestvensky m'avaient laissés de marbre, Rattle un peu réveillé mais guère plus... Davis me donne une grande claque. Et pourtant je frisais l'overdose de Sibelius, je n'avais plus du tout envie d'en écouter, m'étant sans doute trop gavé.
Voilà, cela n'est bien sûr que mon avis, je ne suis ni critique ni musicologue ni musicien, donc à prendre avec des pincettes!
Je terminerais en vous aguichant: l'intégrale Davis pour... 9€05 sur le Marketplace... (désolé pour la pub... mais à ce prix je viens de la commander à nouveau pour faire un cadeau à ma môman).