Nous sommes tous dans le même cas j'imagine, en classique ou dans d'autres domaines musicaux, on achète parfois des disques qui servent essentiellement à remplir la CDThèque mais que l'on écoute pas forcément

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Ainsi, j'avais acheté cette version du Requiem de Verdi à sa sortie en 2001. J'avais eu un choc en la découvrant en direct sur Arte le 25 janvier de cette année là. Ne nous voilons pas la face, j'étais comme tout le monde: j'avais enterré Claudio Abbado bien prématurément. Ce concert avait fait date, à cause de la retransmission télévisuelle en direct en France et en Allemagne. On y voyait Abbado à la tête de son orchestre, jaune, amaigri, bref, passons sur les détails sordides, mais les journalistes (Diapason, Arte etc...) y allaient de leurs commentaires du style "Les musiciens ont joué pour lui", "Un Requiem pour Abbado" etc... Bien que ne cautionnant pas ce genre de saillies, ce côté voyeur, on ne pouvait faire autrement, en regardant et écoutant ce Requiem, que de penser qu'Abbado avait tiré la corde jusqu'au bout. Et il a tenu 13 années supplémentaires!
Donc, ce disque, je ne l'avais jamais écouté, gardant comme un sentiment de malaise. Je savais que l'interprétation était topissime, pas plus. Les fois où j'ai écouté cette œuvre depuis 2001, il s'agissait des versions de Giulini et surtout de Reiner (pas dépassé à mes yeux, la perfection).
Et bien hier soir, en écoutant ce disque, mon émotion a été ravivée, aussi forte qu'en ce 25 janvier 2001. Abbado était vraiment un grand chef! Interprétation très théâtrale, dans le bon sens du terme, comme souvent avec lui. Un orchestre plus triste que furieux, plus interrogateur que prosaïque, une expression tendant vers le propos d'un opéra, et malgré tout une pensée religieuse comme je n'en connaissais pas encore dans cette œuvre (cela, cette sensation d'un recueillement et d'un questionnement religieux, je ne peux pas trop l'appuyer par des arguments, comme je pourrais le faire pour les autres sensations que j'ai évoquées, mais, pour mes oreilles, il s'agit là de l'interprétation la plus "religieuse" que j'aie entendue).
So, have fun! En plus le quatuor vocal tient vraiment bien la route, avec un R. Alagna très inspiré.