
J'enchaîne sur les explications lumineuses de naim21 (tu me corrigeras, si je dis des âneries !)
Jusqu'au milieu des années 1960 (au moins), les enregistrements de jazz – pour Blue Note, Prestige, Riverside, Mercury ou même Columbia, pour ne citer que ceux-là – sont justement enregistrés en direct, en live, sur deux deux pistes (ou plus rarement trois, comme le
Money Jungle d'Ellington, Mingus et Roach) qui donnent cette latéralisation de la stéréo si caractéristique de ces années « pionnières » (mais la technique évolue rapidement, et chaque ingénieur à sa patte personnelle : la stéréo
made in Columbia est plus subtile, moins tranchée, par exemple). On lit parfois des mentions de ce type au dos des pochettes des LP ou des rééditions en CD : « two-track live recording ».
Rudy Van Gelder, justement, est passé rapidement maître dans cette technique d'enregistrement aujourd'hui un peu déroutante, plus habitués que nous sommes au multi-track, au re-recordings et autres overdubs : prises live, mixage en direct durant l'enregistrement et création simultanée des masters mono et stéréo, le tout assaisonné d'une bonne réverb... La spontanéité et l'interaction que tu notes, la feuille, en proviennent ainsi pour une bonne part...
Mais cela ne signifie pas que l'on ne recoure jamais à quelques overdubs (Coltrane et Van Gelder s'y adonnèrent pour l'enregistrement d'
A Love Supreme, si je me souviens bien).
Quant au
Page One du bouillonnant Joe Henderson, c'est une merveille à mon avis aussi, comme souvent avec les premiers albums d'un artiste enregistrés pour Blue Note par Van Gelder : ainsi le
Takin' Off de Herbie Hancock,
Fushia Swing Song de Sam Rivers ou
Indeed! de Lee Morgan...
