Bonjour,
Je viens poster ici car j'ai récemment découvert quelques trucs que je trouve intéressant de partager donc voilà mon premier post dans ce fil

Disons-le clairement, je suis amateur de jazz, classique, rock, métal mais surtout j'adore tout ce qui est progressif/psychédélique (je ne vous dirait donc pas que je suis ultra fan des pink floyd même si il est vrai que mon style de prédilection est avant tout le métal)
Mais venons en aux faits

Je précise que ces 3 albums sont pas toujours faciles à dégoter (surtout les 2 premiers) et qu'ils sont classés post-rock.
* J'ai donc découvert il y a peu Erik Enocksson qui est suédois qui nous livre ici un album ma foi bien intéressant: Farväl Falkenberg.
Farväl Falkenberg a vu le jour en 2007. Edité à 1000 exemplaires, sa première vie fut en toute logique très brève et Kning Disk eut la judicieuse idée de lui en offrir une seconde, dans un écrin similaire, pour pallier les requêtes insatisfaites.
Majoritairement écrits pour les besoins du film du même nom, minoritairement en marge et après-coup, les dix titres de Farväl Falkenberg constituent un délicat et troublant recueil de folk habité, au teint légèrement poussiéreux, à la fois rural et céleste, dont les vertus introspectives et les qualités cinématographiques s’imposent d’elles-mêmes, quoique de manière insidieuse.
Alors qu’avec les même ingrédients (guitare en nylon, piano hors-d’âge, sifflet, claquements de main et tambourin), certains auraient fait de The Joy of D.H. Lawrence un titre guilleret et insignifiant, Erik Enocksson instaure un climat prenant et très personnel, d’où perle une étrange mélancolie. Pour moitié, les morceaux optent pour un certain dénuement, voire une mise à nu (The nylon waltz), faisant la part belle au triptyque guitare/piano/glockenspiel, parfois morcelé et altéré à l’outil numérique (The breaking of waves) ; et à des cordes vocales se limitant à un rôle siffloteur ou choral (solennel sur The State The Sea Left Me In, mixtes sur The Lingering Procession), délivrant quelques « haha » enlevés (Thru Thick Night), ou s’auto-décuplant pour mieux occuper l’espace (The Sea Waltz).
Par intermittences, Erik Enocksson insuffle des éléments ambient venant troubler son folk de l’étrange, aidé en cela par des craquements, un accordéon et un vieil orgue à pompe qui viennent peupler son monde sinon de drones (Dusk Settles In), d’accords dilatés et flottants (What Drove Her Shivering Into The Cold Cold Sea, sorte de version acoustique et arythmique du K/Half Noise des islandais Múm ; With Its Dark Tail Curled ’Round The Garage, qui déjà instaure le thème final de The Lingering Procession, dispensé par une chorale féminine, appliqué et enchanteresse).
Inutile de préciser qu’en bénéficiant de cette seconde vie, Farväl Falkenberg n’a eu que ce qu’il méritait.
* Il y eu également Balmorhea avec son album éponyme.
Le désert texan comme horizon, son immensité comme inspiration, on peut jouer du banjo à l’ombre d’un cactus, on ne dérangera que les coyotes. Une église désaffectée, mais intacte, pour abriter une musique solennelle aux volontés de fuites. Et des allures graves, presque austères pour l’incarner. Balmorhea, référence au Balmoral écossais ou hasard des patronymes, un joli nom pour une musique de ferveurs et de douces ivresses…
Balmorhea est tout en polie sobriété et en érudition, ici on joue des cordes – guitare, violon, violoncelle, contrebasse, banjo et autres – et on laisse aux instruments le soin de charmer, d’assoupir presque avant d’emballer et de prendre au piège. L’esprit du Threnody Ensemble, de Fifths Of Seven ou de Rachel’s, et le propos identique : faire d’une musique instrumentale des chansons éloquentes sans être trop bavardes, des pièces élaborées, complexes mais à la beauté immédiate. Des petits morceaux d’(une) histoire, des constructions qui s’emportent, parfois denses et par endroits saccadées, qui rythment des explorations anciennes.
Lorsqu’on chante/crie chez Balmorhea, c’est de loin, du fond du studio et derrière le groupe. C’est presque inaudible, cela ne créée qu’une illusion, des murmures et une voix fantomatique, mais c’est ainsi voulu, une autre forme d’expression et d’effacement, en échos de chants sacrés peut-être… Balmorhea et une musique de pionniers, visionnaires du passé alors, ou, pour paraphraser Don Delillo, une musique qui "se souvient du futur". Une histoire d’intemporalité alors…
* Et pour finir un petit 65daysofstatic avec l'album The destruction of small ideas.
Discrètement prolifiques, les 65daysofstatic sont sans aucun doute moins connus que leurs confrères de chez Mogwai, Mono, Explosions in the Sky ou Godspeed You! Black Emperor mais n'en demeurent pas moins l'un des groupes "post-rock" les plus innovants du vieux continent. Après deux albums et une poignée d'EP, le tout en l'espace de trois ans, les anglais ont d'ores et déjà démontré qu'ils étaient plutôt du genre rapide et inventeurs, bien plus que suiveurs. A leur actif et toujours bien à l'abri des regards et d'une hype un peu trop encombrante, la collision des influences musicales afin d'aboutir à un sémillant crossover post-rock éléctronique. Et après un premier album qui posait les bases de leur griffe inimitable, un deuxième qui imposait définitivement leur style, unique et innovant, voici que les 65daysofstatic décident une nouvelle fois de mettre à mal leur confort artistique en repartant de zéro. D'où le titre de ce troisième album : The destruction of small ideas. Un nom où l'on perçoit l'humilité d'un groupe qui a conscience des limites de son art, en même temps qu'il essaie de les dépasser afin de repousser ses propres limites musicales.
Et ça pour les dépasser, ce nouvel album, les atomise... Intro en forme de véritable démonstration de force, "When we were younger & better" impressionne avant d'hypnotiser avec une maestria technique hallucinante et une certaine propension à livrer des lignes mélodiques inventives et originales. Evidemment, on est jamais loin de l'exercice de style virtuose, aliéné et ébourriffant, mais l'affolante maîtrise formelle des anglais et leur capacité à accoucher de morceaux labyrinthiques, aux nombreuses ruptures de rythmes (deux batteries oblige), aux breaks salvateurs et aux mélodies éléctro-post-rock psychotiques ne peut laisser de marbre. Dantesque. On prend la suite comme elle vient, c'est à dire en pleine face, à la manière d'un TGV sonore lancé à pleine vitesse avec une surprise à la minute, un rebondissement à chaque morceau. Le scénario musical de ce The destruction of small ideas est incroyablement bien troussé. Sur un tempo ultra-enlevé, les 65daysofstatic nous jettent en patûre des compos épileptiques et souvent insaisissables ("A failsafe", "Wax futures"). Arrangements éléctro complexes, rafales de guitares tectoniques et tortueuses, magma sonore impénétrable, on en prend plein les conduits auditifs mais on en redemande.
Entretemps, le combo de Sheffield réfrène un temps ses ardeurs afin d'obéir à la stricte loi du single, chose qui pourrait paraitre impensable, au vu des premiers morceaux de l'album. Parce qu'honnêtement, un single de 7 minutes d'un math-éléctro-post-rock qui part dans tous les sens, sans une ligne mélodiques toujours précise mais plutôt des fulgurances harmoniques explosives et un tempo quasiment épuisant... pas facile de passer ça en radio. Pourtant "Don't go down to sorrow" est effectivement ce qui se rapprocherait le plus d'un single en ce qui concerne cet album... même si on est loin des tubes qui cartonnent les charts anglo-saxons façon Coldplay ou The Kooks. Ici, rien n'est jamais simple, la musique des 65daysofstatic respire la complexité et nécessite de faire un petit effort pour ne pas se laisser décrocher tant elle peut parfois paraître déroutante ("These things you can't unlearn"). Telle est l'essence même de l'oeuvre du groupe : une plongée sans filin au coeur d'un maëlstrom sonique hyper-technique ("Lyonesse"). Quelques notes de piano qui pleuvent autours de nous, "Music is music as devices are kisses is everything" est sans doute l'un des morceaux les plus faciles d'accès de l'album... et pourtant pas le moins inventif. Preuve qu'avec suffisamment de talent, on peut également être original, sans être abscon et perdre l'auditeur par pure prétention intellectualisante... Sans cesse sur la corde raide ("Little victories", "White peak, dark peak"...), 65daysofstatic finit le travail en jouant les funambules et parvient à relever le défi, avec une classe folle et une maîtrise de tous les instants. Bluffant.
Enjoy those! :bjr: